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OPÉRATION CÉSARIENNE,

Pratiquée par M. J.-B.te LESTIBOUDOIS,

Membre résidant.

3 MARS 1837.

LA nommée Joséphine-Albertine Brassart, âgée de 45 ans, née à Santes, épouse du nominé Fidèle-Amand Lorthioit, charron, rue St.-Jacques, N.o 9, à Lille, se maria à l'âge de 27 ans. Jusqu'à l'époque de son mariage elle avait joui d'une bonne santé; elle était d'une taille moyenne. Elle devint bientôt enceinte, et eut successivement quatre enfans, en continuant de jouir de la meilleure santé; elle nourrit elle-même ses enfans.

Dans sa cinquième grossesse, elle fut atteinte de douleurs lombaires et d'une paraplégie. L'accouchement fut cependant très-heureux.

Elle devint enceinte pour la sixième fois ; pendant cette grossesse, la colonne vertébrale éprouva une courbure notable. La santé fut altérée et cependant l'accouchement ne fut nullement laborieux.

La femme Lorthioit avait alors 39 ans. Le ramollissement des os continua: la taille diminua beaucoup, la poitrine et le bassin se déformèrent.

Deux ans après cette femme devint encore enceinte ; mais,

ne

croyant pas à une nouvelle grossesse et persuadée qu'elle était atteinte d'une maladie de matrice, elle fit chercher un médecin. Celui-ci crut reconnaitre une affection de l'utérus ; il introduisit dans cet organe un instrument, rompit la membrane des eaux, et après l'évacuation des eaux de l'amnios, il supposa la malade guérie.

Huit jours après, celle-ci, en urinant, accoucha d'un fœtus de quatre mois environ. Cet avortement, involontairement provoqué, préserva la mère d'une opération plus dangereuse.

A la suite de ces événemens la femme Lorthioit conserva une métrorrhagie pendant plusieurs années. Après ce laps de temps, les menstrues cessèrent de paraître, et la femme Lorthioit crut être arrivée à l'époque du retour; ce fut seulement lorsqu'elle sentit les mouvemens de l'enfant qu'elle eut la pensée qu'elle était enceinte. Peu de temps après elle me fit appeler pour lui donner des soins. Elle était atteinte d'une gastrobronchite avec grande oppression. Je pratiquai une saignée qui amena du soulagement, et je ne la revis plus jusqu'à l'époque de l'accoucheinent.

Le 7 novembre elle me fit chercher; elle avait des douleurs d'accouchement. Quoique ces douleurs durassent depuis la veille, elles me parurent si peu fortes que je la quittai sans la toucher. Le soir, vers neuf heures, elle me fit dire que ́la meinbrane des eaux était rompue; je me rendis près d'elle et je reconnus bientôt que le bassin était tellement difforme que l'accouchement était de toute impossibilité.

Le lendemain, 8 novembre, je la vis avec les docteurs Bailly et Latour, et tous deux portèrent le même jugement que moi sur l'impossibilité de l'accouchement. La branche descendante du pubis du côté droit se courbait en S en dedans et venait presque s'appliquer sur la branche du pubis gauche, de manière à laisser à peine passer le doigt; la hanche gauche était trèssaillante et très-élevée; la hanche droite cachée sous les fausses

côtes, la colonne vertébrale courbée en plusieurs endroits, le sternum était très-convexe et les côtes, rapprochées les unes des autres, comprimaient le ventre et le portaient fortement en

avant.

En introduisant le doigt dans le vagin, on sentait la tête audessus du pubis et le détroit supérieur tellement difforme et rétréci, qu'il était impossible que la tête de l'enfant descendit dans l'excavation du bassin.

A trois heures après-midi je revis la malade avec les docteurs Bailly, Latour, Brequin, Hautrive et Dourlen fils. Après une consultation longue, pendant laquelle toutes les questions furent débattues, il fut décidé, à l'unanimité, que l'opération césarienne pouvait seule sauver la mère; elle présentait en même temps des chances de salut pour l'enfant.

La mère n'avait plus de douleurs; elle était oppressée, trèsfatiguée et toussait beaucoup.

L'enfant n'avait fait sentir aucun mouvement depuis cinq heures du matin. Quelques-uns des docteurs réunis en consultation crurent cependant entendre la circulation du fœtus.

Le 8, à cinq heures du soir, je pratiquai l'opération. La femme fut placée sur le bord du lit, la tête sur des oreillers et les pieds sur une chaise. C'est avec peine que nous pûmes la maintenir dans cette position, car la gêne de la respiration la force habituellement à rester assise dans son lit. J'introduisis une sonde dans la vessie, qui contenait peu d'urine. Un des docteurs présens maintint la matrice derrière la ligne blanche, et j'incisai la peau sur cette ligne, en commençant l'incision à un pouce au-dessous de l'ombilic et l'arrêtant à un pouce audessus du pubis, lui donnant ainsi une étendue de six à sept pouces. Je divisai ensuite les aponévroses, le péritoine abdominal, le péritoine qui couvre la matrice, la matrice elle-même et j'arrivai sur le placenta, qui était implanté sur la face antérieure de la cavité utérine. Ayant reconnu, à travers les parois

de l'abdomen, que les pieds étaient du côté gauche, je décollai avec grande facilité le placenta de ce côté; j'introduisis la main, je ramenai les pieds et terminai l'extraction de l'enfant, comme dans les cas où il se présente par ces extrémités. L'enfant donna aussitôt des signes de vie.

La matrice se contracta fortement; le placenta fut décollé et extrait avec le précautions ordinaires. J'enlevai quelques caillots et j'en fis passer d'autres à travers le col de la matrice et le vagin.

La matrice était revenue sur elle-même, et ne correspondait plus en totalité à la plaie; les intestins sortaient par la partie supérieure de la plaie, et c'est avec peine qu'un des docteurs présens les maintenait par l'application des deux mains. Après avoir lavé les parties, je pratiquai six à sept points d'une suture enchevillée et plaçai une mèche à la partie inférieure de la plaie. Un bandage de corps et quelques compresses complétèrent le pansement.

La malade fut remise au lit, et se servant des coudes pour se soulever, elle se plaça elle-même dans la position qu'elle était forcée de garder habituellement. Pendant tout le temps de l'opération, la malade ne poussa pas un seul cri, et nous remarquâmes que les piqûres, qui furent faites pour opérer la suture occasionèrent une douleur plus aiguë que celle causée par les incisions.

La nuit fut bonne, la malade ne ressentit point de douleurs et cut peu de sommeil ; ce qui, du reste, était ordinaire à la femme Lorthioit.

Le lendemain, 9 novembre, les lochies avaient bien coulé par le vagin, et tout le pansement était rempli de sang. Je renouvelai l'appareil, et on mit la malade sur ses béquilles; elle urina avec facilité et abondamment. (La malade ne peut habituellement uriner que dans la position que nous venons d'indiquer.) La journée fut bonne et le pouls ne donna que 70 pulsations par minute.

Le 10, hoquet, envies de vomir, légère sensibilité à la plaie, surtout pendant la toux; 120 pulsations par minute; soif vive, altération des traits de la face. Écoulement sanguin abondant, par la plaie et par le vagin.

Le 11, mieux; la malade dort deux heures. Elle a moins d'envie de vomir, moins de soif; le pouls est moins accéléré, mais faible et déprimé.

Le 12, suppression des lochies et de tout écoulement par la plaie; affaissement des mamelles; vomissemens; pouls petit, fréquent et déprimé; coloration des pommettes; soif ardente; revasseries; ventre plus tendu sans être très-sensible; un point pleurétique sous le sein gauche. On applique des sinapismes aux pieds et un troisième sur le point du côté; on les laisse jusqu'à rubéfaction. Eau d'orge, eau sucrée.

En quittant la malade le soir nous crûmes tous à une terminaison promptement fâcheuse. La malade resta dans cet état alarmant jusque vers deux heures du matin, alors survint un peu plus de calme, la fièvre diminua; il y eut une excrétion d'urine, deux selles, et l'écoulement sanguin reparut par la plaie et par le vagin. Cet écoulement avait une odeur assez fétide.

Le 13 au matin je fus surpris de trouver la malade dans un état favorable; elle était gaie et demandait à manger.

L'artère radiale donnait 110 pulsations; il Ꭹ avait moins de soif, moins d'envies de vomir et le hoquet était moins fréquent. Le mieux se soutint toute la journée. Eau d'orge sucrée, diète absolue.

Le 14, continuation de l'amélioration. Pouls moins fréquent, soif moins vive. L'écoulement continue sans être aussi abondant; urines naturelles.

Le 15, le mieux se soutient; ventre peu sensible, plaie bien rapprochée et non douloureuse. Point de soif; plus de hoquet. Selles; urines naturelles plusieurs fois par jour. L'écoulement

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