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A ELVIRE.

STANCES,

Par M. MOULAS, Membre résidant.

Ne crains pas que jamais je profane tes charmes ;
L'amour s'épure près de toi ;

De tes yeux attendris j'ai vu couler des larmes :
Elles te répondent de moi.

L'amour, quand il est vrai, dans son ivresse même Étouffe une indiscrète ardeur :

Eh! Quel amant voudrait des pleurs de ce qu'il aime Former son coupable bonheur ?

Je lis dans tes regards, où brûle un long délire,
Qu'un secret tourmente ton sein.

Parfois je vois tes yeux tristement me sourire :
Ils me révèlent ton destin.

Dans le désert du monde, exilée, inconnue,
Ton éclat te cache à ses yeux.

Sur les ailes d'un ange ici-bas descendue,
Tu dois remonter dans les cieux.

L'être qui te dota d'une pure origine
Déjà t'accuse de retard;

Et gage de bonheur, l'espérance divine

Tombe de ton chaste regard.

LE PANTHEON DE L'ESCURIAL.

traduit de l'eSPAGNOL, DE QUINTAINA.

Par M. Moulas, Membre résidant.

PRÉFACE.

Notre dessein n'est pas de parler de cette traduction, mais d'en profiter pour appeler l'attention sur la littérature espagnole, que quelques écrivains français du dernier siècle ont cherché à nous faire connaître, mais dont on n'a guère paru s'occuper depuis. Nous serions assez tenté de la comparer à la littérature anglaise, non sans doute pour la variété des chefs-d'œuvre, et principalement l'originalité qui caractérise cette dernière, mais pour la force de pensée et d'expression, qui a quelque chose d'analogue chez les deux peuples.

Après avoir indiqué les points de contact des auteurs espagnols et anglais, ce serait mal servir la cause des premiers que d'étendre ce rapprochement : la littérature espagnole n'est guère qu'à son aurore, ́aurore à la vérité très-brillante, et qui promet le plus beau jour, la littérature anglaise a jeté le plus grand éclat, et nous croyons même nous exprimer avec justesse en disant tout son éclat; du moins, s'il est permis d'en juger par l'abus du romantisme chez ces insulaires, plus tard la littérature espagnole, si elle sait se préserver de cet abus, déjà fatal à notre littérature elle-même, pourra balancer le mérite de la littérature anglaise.

Venons aux titres qui fondent la gloire littéraire de l'Espagne.

Nous nous bornerons à indiquer le célèbre roman de Cervante, traduit dans toutes les langues, et la pastorale de Galatée, qui n'est pas oubliée. Calderon et Lopez de Véga, au jugement d'un critique sévère, ont montré de l'invention, de la fécondité, et un génie théatral. L'araucana, poëme épique de don ALONZO D'ERCILLA, honore l'Espagne, quoiqu'il le cède aux productions sublimes que nous devons en ce genre à la Grèce, à l'Italie et à l'Angleterre. L'historien MARIANA est apprécié depuis long-temps. SOLIS, auteur de la Conquête du Mexique, mérite le premier rang. Le fabuliste IRIARTE est moins loin de La Fontaine qu'on ne le croit. Une époque récente nous permet de signaler CIENFUEGOS, poète doué d'une verve élevée et d'une douce sensibilité; Quintana, son ami, qui, à notre avis, le surpasse; véritable Tyrtée, dont les chants se gravent dans la mémoire des connaisseurs et retentiront éternellement dans sa patrie; surtout MORATIN et MELENDEZ, le premier le Molière, le second, tour-à-tour L'Anacréon, le Théocrite, le Pope de l'Espagne, tous deux classiques aussi purs que les notres et faits pour être enviés par beaucoup d'autres nations. Nous ne devons pas oublier don GASPAR DE JOVELLANOS auteur de quelques ouvrages très-piquans et vrais modèles de style castillan. L'on pourrait citer d'autres écrivains que nous passerons sous silence, pour ne pas faire une énumération trop longue. Le compte que nous avons présenté peut suffire pour donner une idée du mérite espagnol en littérature, mérite trop dédaigné, et que notre intention a été de relever.

LE PANTHEON DE L'ESCURIAL.

(AVRIL 1805).

Durant ces jours marqués d'un éternel affront,
Que les cœurs généreux sans cesse maudiront,
Et dont prenant le deuil, la muse de l'histoire
Aux siècles reculés transmettra la mémoire;
Quand, lasse d'opposer des efforts impuissans
Au joug que lui tendait le bras de ses tyrans,
La patrie, infidèle à son noble courage,
Changeait des droits sacrés contre un vil esclavage;
Au temps où le destin, complice de nos maux,
De l'esprit de discorde ouvrait les noirs cachots,
Et fixant près de lui la Terreur, sa compagne,
Faisait pâlir le front de la brillante Espagne :
Désormais sans espoir, rempli de nos malheurs,
Emprunte, dis-je alors à mon génie en pleurs,
Emprunte à la colombe innocente et timide
L'aile qui doit servir ta volonté rapide;
Prends-la, vole oublier dans le sein des déserts
L'injustice cruelle et les chagrins amers.

En cet instant je pars. Déjà mes pas fidèles
Touchent les rocs blanchis de neiges éternelles
De ces monts séparant d'un éternel rempart
L'une et l'autre Castille. Avide, mon regard
Mesurait dans les airs leur crète sourcilleuse,
Et planait au-dessus de la fange honteuse
Dont une infâme cour se plut à nous couvrir ;
Mais quel nouvel objet à mes yeux vient s'offrir?

N'est-ce pas ce séjour qui, par un sort contraire,
Proclame encor l'orgueil des maîtres de la terre
Et ménage un asile à l'humble pénitent!
Dans ces lieux tout parés d'un éclat insultant,
De l'art imitateur en vain brille l'image;
Leur pompe n'obtient pas mon adultère hommage.
Beaux-arts, arts mensongers, m'écrié-je en courroux,
Devant les grands toujours serez-vous à genoux?
Qu'importe, Escurial, que ton palais magique
Étale fièrement un luxe magnifique,

Si parmi les splendeurs dont il est couronné
On lit: « honte de l'homme et de l'art profané?

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Qu'aperçois-je ? une tombe... en proie à cette idée,...
D'un désir violent mon ame est possédée.......
Oui, je veux m'enfoncer dans le secret séjour
Où sous un marbre froid, loin des regards du jour,
Dort la cendre des rois. Salut, urnes fameuses,
Nobles tombeaux! parlez. Vos pompes fastueuses,
L'orgueil qui vit encore dans ces inscriptions
Retracent-ils du moins de grandes actions?
Quelque heureux souvenir, qui, doux écho de gloire,
Du présent douloureux console la mémoire;
Des exploits illustrant le renom castillan?
Sépulcres, répondez !.... Avec un son bruyant
S'ébranlent tout-à-coup les portes souterraines.
Ma torche meurt. Suivant des routes incertaines,
Sans guide désormais, égaré, hors de moi,
Mille horribles pensers glacent mon cœur d'effroi.

O toi qui, de laurier la tête couronnée,
Des austères vertus marches environnée,
Mais, empruntant des vers le chant mélodieux,

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