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Mais un jour je fus roi. Du sein de mes états
Je lançai sur l'Afrique un million de soldats.
A ce signal les champs sans culture restèrent,
Et l'industrie en deuil, et les beaux-arts pleurèrent ;
Mais je n'entendais rien.

PHILIPPE IV.

Ce trône glorieux,

Qu'au prix de tant d'exploits fondèrent mes aïeus,
S'écroulait sous mes pas. Mais des fêtes magiques
A ma voix étalaient leurs pompes magnifiques.
Oublieux de la gloire et parmi les festins,
Je respirais le frais au fond de mes jardins.

CHARLES II.

Moi, dans mon indolence....

PHILIPPE II.

Épargne-nous le reste.

Sur ton front est gravé notre destin funeste.
Qui ne sait que l'empire, en tes débiles mains,
Obéit en vassal au reste des humains?

LE PRINCE CARLOS.

Qu'il parle cependant. A qui dans ta paresse
Laissas-tu ce fardeau, trop grand pour ta faiblesse ?
Le pouvoir de l'Autriche, à qui le cédas-tu ?

CHARLES II.

A la France!

PHILIPPE II.

A la France! O douleur, ô vertu !. . . .

Quoi, cette nation, l'horreur de ma famille,
Hérita de l'éclat dont ma couronne brille !..
Mon père, l'entends-tu ? Les mêmes légions
Dont Saint-Quentin, Pavie, ont vu les bataillons
Se couvrir dans leurs murs d'une immortelle gloire,
Sous le joug des vaincus expier la victoire !....
Eh! l'Espagne jamais put-elle le souffrir?
Ah! Si jusqu'à ce terme on la vit s'avilir,
Il faut que de mon nom l'invincible puissance
D'une étoile ennemie ait subi l'influence.
Le monde bien en vain m'appela le Prudent.

En ces tristes clameurs son courroux cependant
S'exhalait ; quand un spectre auguste, vénérable,
A son air belliqueux d'abord reconnaissable,
Apparaît. Son regard commande le respect :
Et chaque ombre s'efface à ce nouvel aspect.
De l'aigle impérial les aîles orgueilleuses,
Sur son casque abaissaient leurs pennes radieuses.
L'oiseau de Jupiter, sous son ongle puissant,
De la guerre enfermait le foudre menaçant.
L'autre serre montrait les palmes de la gloire.
Aux pieds du souverain, monument de victoire,
Figuraient les blasons des plus fameux guerriers.
Des armes en monceaux, des drapeaux prisonniers,
Dépouilles que, domptés par le glaive terrible,
Les peuples soumettaient à son sceptre invincible.
Il s'avance, chacun se tait en cet instant.
Lui, d'un ton élevé, s'adressant au tyran :

CHARLES-QUINT.

Cesse donc d'aceuser une étoile ennemie
Des maux que prépara ton funeste génie.
Ne te souvient-il plus que ton zèle imprudent
Osait nommer prudence un fanatisme ardent ?
De l'Espagne par moi commença le désastre
Quand le fier Padilla, de la Castille l'astre,
Fut immolé. Sa mort tua la liberté.

Et par toi l'Arragon, plus tard ensanglanté,
Pleura son Lanuza. Toute loi généreuse,
Tout privilège saint, toute coutume heureuse,
Ces gages d'avenir pour un peuple, à la voix
Méconnus, exilés s'enfuirent. Mais, dis-moi,
Croyais-tu qu'en son sein logeant un cœur d'esclave
L'espagnol désormais resterait long-temps brave?
En vain de tes exploits le prestige imposant
Déguisait à ses yeux l'esclavage présent :
Payant trop chèrement une funeste gloire,
La monarchie enfin abhorrait la victoire.
Toi-même, l'entends-tu me maudire à grands cris ?

Il ne se trompait pas. Avec des traits flétris,
Belle dans sa pâleur, plaintive, désolée,
Du poids de son triomphe elle-même accablée,
Une femme accusait tant de sang répandu.
Il poursuit et s'écrie:

CHARLES-QUINT.

O mon fils l'entends-tu

S'élever contre moi la voix accusatrice

Qui doit dans l'avenir étendre mon supplice?

Je te cédai le trône, et l'absolu pouvoir
Te fit d'un souverain oublier le devoir,
T'égara.... Des humains, O misère frivole!
O coupable bassessed confiance folle !
Pour trouver le bonheur, s'ils sont trop ignorans,
Qu'ils ne l'attendent pas de la main des tyrans I

Il disait; tout-à-coup, enfant de la montagne,
Le rapide ouragan, que l'éclair accompagne,
Assemble la tempête et d'une sombre voix
Épouvante la terre et les cieux à-la-fois.
Parmi les profondeurs de ces voûtes obscures
Il roule son courroux en effrayans murmures;
Jusqu'en ses fondemens le Panthéon tremblait;
Dans un lugubre effroi la sphère se voilait.
La foudre gronde, éclate et brise en son passage
Les portes opposant un rempart à sa rage.

Mille éclairs en ces lieux heurtent leurs feux rivaux.
Les ténèbres ont fai. Seul entre les tombeaux,
D'une longue terreur à la fin je m'éveille.
Terrible enseignement gravé dans une veille!
Sans doute l'éternel, pour mieux le consacrer,
De sa majesté mêine a voulu l'entourer.

A L'ESPAGNE, APRÈS LA RÉVOLUTION DE MARS.

TRADUIT DE L'ESPAGNOL DE QUINTANA.

Par M. MOULAS, Membre résidant.

Avertissement nécessaire.

Il est important de déclarer que nous n'avons pas voulu lutter contre la traduction en prose du morceau suivant par M. Fée, ex-membre résidant, traduction étincelante de beautés, et qu'on peut lire dans un des précédens volumes des mémoires. de la Société. Mais en lui laissant tout l'honneur d'une entreprise couronnée de succès, nous pensons que les poètes doivent être traduits en vers. C'est dans cette intime persuasion et surtout d'après le désir exprimé dans le temps par M. Fée lui-même, et manifesté depuis par quelques-uns de nos collègues, que nous avons essayé cette imitation, ainsi que celle du Panthéon de l'Escurial, pièce très-remarquable et qui mérite bien d'être connue. Ceux qui ont étudié l'espagnol apprécieront la difficulté qu'on trouve à reproduire le charme d'un idiome si sonore, si riche, si expressif, si majestueux, dans une langue en partie dépourvue des mêmes avantages, et ils accorderont quelque indulgence à ces faibles copies d'un grand original.

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