صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

EXPLICATION

DE

DEUX ANCIENNES GRAVURES

PROVENANT DE LA

Société de Rhétorique à Nieuport.

Il me serait impossible de fournir sur la Société de Rhétorique de notre ville des données plus exactes que celles qui sont contenues dans un manuscrit qui m'appartient. J'ai trouvé d'autant plus à propos d'en extraire le passage qui va suivre, que cet écrit peut être considéré comme puisé à une source ancienne et d'une origine respectable. Il est redigé sans prévention et peut jeter quelque jour sur ces associations qui, dans le principe, étaient souvent des institutions pieuses.

«La confrérie de Rhétorique de Nieuport ayant pour titre de Doorne Croone (la couronne d'épines), sous le patronage de notre Dame de bon secours, onze Lieve Vrouwe ter nood, dite ter nood Gods, était autrefois, d'après la tradition, une réunion en guise de confraternité de personnes pieuses: on la dit fondée ou du moins ap

prouvée par Milon, évêque de Térouanne en l'année 1165, lorsqu'il vint à la fête de St-Michel bénir et consacrer en cette ville la grande église paroissiale, dédiée à la Ste Vierge Marie. Quelques personnes pieuses transportèrent à cette occasion, de l'ancienne chapelle de Sandhove, à la nouvelle église, l'antique et miraculeuse image de notre Dame ter nood Godts. Cette image est conservée jusqu'à ce jour dans la prédite église paroissiale et honorée par un grand nombre de fidèles (1). Les pieux confrères de la société s'exerçaient à faire des rimes et des poësies en l'honneur de Ste Marie, leur patronne, et furent reconnus par la chef-confrérie de Gand, dans le xve siècle, comme confrérie de Rhétorique, avec l'humble dévise qu'ils avaient adoptée van Vroescepe dinne. La confrérie devint très florissante sous l'étendard de notre Dame ter nood Godts. C'est à la protection spéciale de cette dernière que fut attribuée la célèbre délivrance de la ville durant le siège du 27 février 1489.

« L'Empereur Maximilien et Philippe son fils ont accordé à la dite confrérie leur approbation formelle et l'ont honorée de diverses franchises et privilèges.

[ocr errors]

Jusqu'en 1762, la société avait tenu ses réunions et avait eu pour lieu de ses exercices une des salles du premier étage de l'hôtel-de-ville. A cette époque, par suite d'une convention passée avec le cabaretier Louis Vanden Berghe, elle fut transférée à la Porte d'or, aujourd'hui la Vierge de la Rhétorique.

La devise de la société, très modeste comme on vient de le voir, s'accorde en ce point avec celles de toutes les autres

(1) On peut voir encore la même image au bout du transept du côté du midi dans l'église de Nieuport. V. D.

sociétés les plus anciennes. Vroe se traduit par savant sage, et est encore en usage dans vroedvrouw, sage femme: scepe, terminaison collective lui donne la signification de savoir, science; dinne, équivaut aux mots mince et maigre. Par la devise entière, on a donc voulu dire, mince ou pauvre en savoir. La première planche présente une sorte de rébus qui n'a pas besoin d'interprétation ultérieure pour mes lecteurs flamands: un van, van; le mot vroe; deux bateaux, scepe, et en lettres, dinne. Les mots Jhs. fert sont surmontés d'une couronne d'épines qui complêtent la phrase, Jesus porte une couronne d'épines et donnent ainsi l'ensemble des attributs de la société, qui figurent dans son drapeau. Cette gravure est remarquable par son ancienneté; elle est de 1491. Je dois cependant faire observer que la société possède un second drapeau avec les anciennes armoiries de l'évêque Milon de Térouanne, mais il n'en existe point de gravure; seulement la confrérie possède une vieille planche sans date et qui parait faire pendant avec la mienne. Elle représente notre Dame de bon sécours, et elle porte deux écussons, l'un aux armes de la ville de Nieuport et l'autre aux armes de la société de Rhétorique (1).

Puisqu'il a été parlé, dans le passage cité plus haut, d'une célèbre délivrance de la ville de Nieuport par l'intercession de la Ste Vierge et attribuée à son image, j'ajouterai ici, peut-être pour la satisfaction de quelques personnes, ce que François Hardus raconte de cet événement dans sa chronique.

(1) Mr Kesteloot, l'un des membres les plus distingués de la Société de Rhétorique a eu la complaisance de nous prêter cette deuxième plan

che.

V. D.

« Vers la fin du mois de mai 1189, ceux de Gand se mirent en marche avec 4000 flamands armés, et 800 français pour devaster la West-Flandre. Ils assiègèrent Nieuport, et dans l'intervalle, les généraux Vendôme et Crevecœur vinrent se joindre à eux et leur porter un secours de 20,000 français, avec une grande suite d'artillerie, au moyen de laquelle ils canonnèrent la ville avec une impétuosité si opiniâtre, que les murs de la ville en tremblèrent et que dix pièces éclatèrent échauffées par leur feu continuel (1), de cette manière une brêche fut pratiquée. Ceux de Picardie et de Boulogne s'y précipitèrent, mais ils furent refoulés; après eux les Helvétiens ou cuirassiers et la grosse cavalerie quittant leurs chevaux, vinrent assaillir les habitants avec une nouvelle ardeur pour s'emparer de la ville. Durant cet assaut, les femmes de Nieuport se couvrant des casques, heaumes et aubergeons de leurs maris blessés et exténués de fatigue, se battirent avec le courage des Amazones et repoussèrent en effet l'ennemi. Cette action fit croire à Vendôme que la garnisou de la ville était plus forte que ses espions ne le lui avaient rapporté et il prit la résolution de lever le siège; ce qu'il fit le 27 juin.

C'est de là que date notre kermesse, célébrée vers cette anniversaire, et de là provient aussi l'habitude des gens du peuple de Nieuport de jurer par Vendôme.

D'après une tradition conservée parmi le peuple, il parait que l'image miraculeuse de la Ste Vierge fut portée, vers la fin du siège, par les pêcheurs de la ville autour des remparts, et qu'après cette procession les assiégés se sentirent retrempés de courage et qu'ils se défendirent

(!) Dat de mueren daverden expressions naïves de l'auteur. V. D.

si vaillamment, femmes et hommes ensemble, en jetant des cendres, de la chaux et des ruches d'abeilles, du haut des murailles sur les ennemis, que ceux-ci furent contraints de renoncer à l'attaque et de s'éloigner de la ville (1).

P. C. LECLuyse.

(1) Tous ceux qui connaissent la réponse de M. Willems à une lettre de M. Meynne-Van de Casteele, insérée dans le Belgisch Museum, tome 11, page 192, seront étonnés de l'exactitude des simples conjectures de notre savant compatriote. La petite notice qui précède prouve à l'évidence que la devise: van vroedscepe dinne est bien celle que la société avait primitivement adoptée, et nullement celle que M. Meynne avait imaginée: van vroedscepe en deune. L'humilité de cette devise n'a rien qui puisse nuire à la considération de la société, ni à l'honneur de la ville de Nieuport; sans faillir au rénom de bon patriote, M. Meynne peut hardiment avouer une aussi humble devise, ce choix était de mode à cette époque; qu'il jette un regard sur les sociétés de Rhétorique de ses environs, de Furnes par exemple, et il y trouvera la chambre de Rhétorique de la Ste-Croix, avec la devise: Arme in de burse. La planche ci-jointe prouve encore, contrairement à l'opinion de M. Willems, que la devise latine: JESUS FERT CORONAM SPINEAM était aussi celle de la société; le rébus continue en effet sur la planche, et au-dessus des mots JESUS FERT, se trouve gravée une couronne d'épines.

LA RÉD.

« السابقةمتابعة »