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C'est-à-dire :

LES OUVRAGES DE LUCIEN, avec la Traduction de Meffieurs HEMSTERHUIS & GESNER, le Scholiafte Grec & toutes les Notes de la dernière Edition. On y a ajouté les Notes de BRODAEUS, JENSIUS, &c. avec d'autres, qui n'ont pas encore été publiées, fur-tout celles de Meffieurs du SOUL & GESNER. A Amfterdam aux dépens de Jaques Wetstein, 1743. 4. Tom. I. pagg. 882 & pagg. 72 pour les Préfaces. Tome II. pagg. 953. Tome III. pagg. 860.

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Ly a fi longtems qu'on attend cette Edition

de Lucien, & le Public s'eft formé en d'autres occafions une idée fi avantageufe de la plupart de ceux qui y ont travaillé depuis une trentaine d'années, qu'on a tout lieu d'espérer, que l'accueil qu'il fera à cet Ouvrage, fera proportionné aux foins qu'on a pris de le fatisfaire. Ces foins font d'autant plus recommandables, que Lucien eft un Auteur favori, & prefque une Bibliothèque entière pour ceux qui joignent à la connoiffance des Belles-Lettres, un gout vif, & un panchant naturel pour tout ce qui peut récréer l'efprit, l'amufer agréablement, & l'orner même de tout ce qu'il y a de plus utile & de plus instructif. Y a-t-il en effet un plaifir plus fenfible, & même plus univerfel, que celui que procure la lecture des Dialogues & de la Comédie? Deux caractères dont prefque tous les Ouvrages de Lucien font

com

compofés. Il y ajoute la Satire, quelquefois délicate, quelquefois piquante, mais toujours falutaire à ceux qui s'y prennent comme il faut. Perfonne n'a mieux connu le fecret de fe faire lire de tout le monde. Il inftruit en divertiffant, & en badinant ; il nous enfeigne mille chofes, dont nous ne fommes redevables qu'à lui feul. La Théologie Paienne & la Superftition n'ont ni de plus grand Docteur ni de plus fidèle Interprête, ni de plus grand adverfaire que lui. L'ignorance, l'hypocrifie, l'orgueil, l'avarice, & les autres vices des Philofophes de tout tems, font fi fortement combattus, & tournés fi finement en ridicule dans les Ecrits de Lucien, qu'on a de la peine à le quitter, lorsqu'on l'a une fois entre les mains. Il n'y a prefque aucun caractère des mœurs qu'il n'ait peint avec toute la force, & avec tout l'agrément poffible. Il nous peint non feulement les mœurs des hommes, de quelque ordre & de quelque rang qu'ils foient; mais il y a peu de chofes connues de fon tems, dont il ne donne une ou plufieurs peintures, faites d'après nature, toutes reffemblantes à l'original, & qui n'ont d'autre défaut, que celui d'être quelquefois trop détaillées ou trop exagérées, ce qui vient de la grande fécondité de fon génie, qui lui ouvre dans les moindres chofes une grande carrière & un champ libre, où il donne Ï'effor à fon efprit. Malheureufement pour ceux qui font leurs délices d'une lecture fi agréable, & en même tems fi inftructive, il leur manquoit une Edition dont ils puffent fe fervir commoA 3

dément. La feule qui fe trouvoit, & qui peut être eft la plus incommode de toutes, malgré les grand noms de Gravius & de Gronovius, dont elle fait parade, ne laiffe pas d'être fi fautive, tant pour le Texte que pour la Traduction Latine, qu'on doit avoir bien de la patience, & être bien verfé dans la connoiffance du Grec, pour pouvoir comprendre le fens de l'Auteur.

On ne fauroit donc difconvenir qu'on n'ait rendu un grand fervice à tous ceux qui ont du gout pour la lecture d'un Ouvrage fi plein de fines pensées, en leur procurant une Edition auffi correcte, & exécutée avec tant de foin & d'exactitude. On peut dire, en effet, que, bien loin de rebuter le Lecteur, comme font toutes les autres, elle l'invitera en quelque forte, & le retiendra même agréablement, par les beautés qu'on y remarque de toutes parts, par l'ordre merveilleux qui y règne, & enfin par une infinité de fecours qu'elle fournit, foit pour la correction du Texte, dont dépend fouvent auffi la clarté; foit pour la Traduction, qui en mille endroits eft plus intelligible, & répond mieux au fens & au caractère de l'Original, qu'elle ne faifoit auparavant; foit pour les Notes, lesquelles ne laiffent prefque aucune obfcurité dans cet Auteur, dont l'érudition même lui dictoit beaucoup d'expreffions & d'allufions, qui ont befoin de quelque éclairciffement en faveur de ceux qui ne font pas tout-à-fait verfés dans les fources, où il a puifé avec tant de fuccès. Par exemple, Lasien fe fert en mille & mille endroits d'Home

re,

re, foit qu'il en allègue des Vers entiers, où qu'il en faffe des parodies, ou qu'il en emprunte des expreffions, ou qu'il faffe allufion aux perfonnes, ou aux narrés du Poëte. Il n'y a cependant que fort peu de Lecteurs, qui foient affez familiers avec Homère, pour être en état de fe fouvenir, ou au moins de trouver à l'inftant les fources de ces fortes de jeux, qui fe rencontrent à tous momens, & par conféquent d'en gouter le fin, la délicateffe, la forçe, le ridicule (a). Dans cette Edition, le Lecteur en eft prefque toujours averti, & on l'y met en état de gouter les paffages, qui doivent néceffairement rebuter tout homme fenfé qui fe trouve deftitué d'un pareil fecours. La Traduction, telle qu'on la donne aujourdhui, exprime non feulement avec toute la fidélité poffible, le fens de l'Auteur; mais comme on vient de le remarquer, elle fait auffi connoitre fon caractère. Il étoit donc impoffible de fuivre toujours, mot à mot, l'Original, comme dans une Verfion interlinéaire, qui auroit peut-être pu fervir à de jeunes Ecoliers, mais qui auroit en même tems dégouté toute perfonne éclairée. Au-lieu de cela, Mr. Gefner donne Lucien à ceux qui entendent le Latin, avec tous les agrémens que lui trouvent ceux qui entendent parfaitement le Grec, & le lifent en cette Langue. Enfin, ceux qui fe ferviront de

cet

(a) Mr. du Soul a raifon de dire, Tome I, pag. 261. Homerum qui non verfavit, neque in hifce falibus & jocis, neque fere in plerifque hujus Scriptoris Opufculis centefimam quamque leporum partem intelligit.

cette Edition, feront en état de connoitre de près ce grand génie, & de fe familiarifer en quelque forte avec lui, aiant pour Interprètes, Entremetteurs, ou Proxenètes de cette connoiffance, des perfonnes qui, pendant trente ans, & même davantage (a), ont été de fes amis. Cela peut fuffire, en général; parcourons à préfent l'Ouvrage entier, pour en donner une idée plus complète au lecteur.

Après la Dédicace du Libraire à Sa Majesté la Reine de Hongrie, on voit la Préface de Mr. Reitz, Recteur de l'Ecole Hieronymiene à Utrecht, connu dans la République des Lettres par plufieurs marques de fon érudition (b). C'eft dans cette Préface que nous apprenons l'hiftoire de cette nouvelle Edition. En voici le précis. Le célèbre Mr. Hemsterhuis s'en étoit déja chargé l'an 1720. Dix ans après on commença à l'imprimer; mais comme Mr. Hemfterhuis s'apperçut bientôt, par fes grandes lumières, à quel dégré de perfection on pourroit pouffer un Ouvrage de cette nature, fa vafte érudition lui donnant toujours de nouvelles ouvertures, & lui fourniffant de nouvel

les

(a) Mr. du Soul travailloit déja fur Lucien avant l'an 1701, ce qu'il nous apprend lui-même, Tome II pag. 228, 56. Mr. Hemfterhuis nous a donné Luciani Colloquia Select a Gr. & Lat. Amft. 1708. 12. avec des Notes, qui lui feroient honneur, s'il n'eût rien écrit après cela. Mr. Gefner a publié à Jena, en 1714, le Philopatris avec une Traduction de fa façon, toute nouvelle, & avec des Notes, dont il n'a trouvé que fort peu à changer dans la préfente Edition.

(b) Il nous a donné, p. e. fon Livre de Ambiguis, &c.

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