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Bonne, le 3 Mars 1790.

Nous avons reçu, mon très cher frère, par le courrier arrivé de Florence les lettres et ordres que vous avez daigné nous envoyer en cette occasion.1 Les bontés et la confiance que vous avez 'daigné nous y témoigner sont pour nous d'un prix inestimable et nous ne saurions trouver des termes capables de vous l'exprimer ainsi que nous le désirerions. Mais si d'un côté nous en sommes pénétrés de la plus vive reconnaissance, nous ne pouvons que sentir d'un autre toute la crainte de ne pas pouvoir justifier peut-être en tous points cette confiance et reconnaître surtout les difficultés qui se présentent pour nous dans ce moment. Nous nous trouvons en effet ici seuls, sans le secours et le conseil d'aucun ministre ou autre personne instruite en aucune façon des affaires et du gouvernement des PaysBas. L'ordre absolu de feu l'empereur de quitter le pays et qui n'a pas été suivi par aucun autre, d'après lequel nous aurions dû nous mêler des affaires, et l'éloignement dans lequel nous avons cru devoir nous tenir jusqu'ici de toute connexion avec la Jointe établie à Trèves, nous a engagés à rester dans cet asile que mon frère nous a accordé, sans avoir avec nous qu'un seul secrétaire particulier qui ignore aussi bien que nous jusqu'à la forme dont il faut adresser les lettres d'office.

Le comte Cobenzl, chargé de tous les plein-pouvoirs de l'empereur, n'a pas cru non-obstant nos pressantes requisitions pouvoir se rendre ici et s'éloigner de Luxembourg où il dirige toutes les opérations, tant celles qui sont relatives à l'administration interne de cette province, que celles qui regardent son maintien contre les attaques des insurgents et l'approvisionnement des troupes et de la place.

Les circonstances existantes jusqu'ici et celles de notre retraite ici, nous ayant portés avec cela (par les raisons que je vous ai déjà détaillées dans plusieurs de mes précédentes) à lui

Fontes. II. Abth. Bd. XLVIII, 1. Hälfte.

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témoigner: que nous désirions être considérés, relativement aux affaires, comme absents, l'étant effectivement des Pays-Bas, il s'en est suivi que nous ne sommes informés de ce qu'il a disposé ou dispose encore dans cette province, ou des démarches qu'il a faites à l'égard des autres, que parce qu'il a l'attention de nous écrire de temps en temps sur quelques objets et que nous ne le sommes que bien tard ou point du tout sur d'autres. Vous concevez, cher frère, de l'inconvénient qui doit en résulter, si dans ce moment, et sans l'avoir entendu ni nous être consultés préalablement avec lui sur la manière de traiter les affaires dirigées par lui et par la Jointe qui d'après vos ordres viendrait aussi à cesser, il devrait partir tout de suite pour Vienne. Vous concevez aussi que cet inconvénient serait d'autant plus grand pour nous, que nous n'avons personne actuellement que nous puissions appeler à nous aider de ses conseils, sans risquer, ou que ce soit quelqu'un, qui n'osât risquer de prendre sur lui de venir près de nous, ou quelqu'un, pour lequel la nation, ou ceux qui y ont à présent voix en chapitre, ne portent une défiance ou haine nuisible au bien des affaires. Du nombre de ces derniers est le digne et honnête Crumpipen, qui sans contre-dit est plus au fait que qui que ce soit des affaires du pays, mais qui, ayant toujours manifesté des principes trop zélés pour les intentions royales, est tombé par là dans un discrédit vis-à-vis du pays qui rendrait infructueux l'effet des lumières et conseils que nous retirerions d'ailleurs de lui, et quant aux premiers, en tête desquels je mets Mr. Cornet de Grez, ils sont ou employés par les Etats mêmes et par conséquent tout-à-fait dépendants d'eux, ou dans une telle crainte du danger auquel ils s'exposeraient par une liaison quelconque avec nous, que jusqu'à celui-là même, ci-dessus nommé, il n'y en a pas un seul qui ose seulement nous écrire, et que ce n'est que par des voies très indirectes, détournées et très tardives et lentes qu'ils nous font parvenir des avis sur quelques points qui leur paraissent les plus essentiels. Nous ne savons pas d'ailleurs, quelles sont les dispositions de Cornet même, dont les protestations d'attachement particulier envers vous nous ont paru toujours indépendantes des sentiments qu'il

a

b

Der jüngere Bruder des Kanzlers von Brabant.
Belgischer Finanzrath.

pourrait avoir à l'égard de notre maison. Nous ne savons pas, s'il n'a pas peut-être adopté le principe que les Pays-Bas en dussent être indépendants. Nous ne savons pas non plus, en combien Cornet peut avoir encore du crédit et de l'influence sur les esprits de ce pays. Les nouvelles particulières que nous recevons portent qu'il a eu le plus grand succès dans la Flandre tandis qu'il n'a pas trouvé généralement les mêmes dispositions en Brabant, même il en est retourné pour Douai, et que surtout parmi ceux qui forment le congrès dans lequel réside proprement jusqu'ici le pouvoir suprême, il n'a pas rencontré des sentiments et principes conformes aux siens. Au reste, ce qui nous met encore dans un plus grand embarras, et ce qui doit rendre la besogne extrêmement difficile à quiconque et dans le cas où nous sommes, c'est l'ignorance forcière dans laquelle nous nous trouvons du véritable état dans lequel les choses se trouvent à présent dans ce pays, et la confusion qui semble y régner plus que jamais dans les affaires. Il n'est pas douteux en effet que si la désunion n'y est pas venue encore à un éclat, il n'y en existe pas moins une très réelle dans les esprits et que ce que l'on nomme le parti démocratique doit être fort. animé contre les Etats qu'ils traitent d'aristocrates et despotes.

Mais si cette désunion fait tort au pays, je n'oserais vous flatter de l'idée qu'elle donne quelque avantage à votre cause, l'un et l'autre parti paraissant toujours également animé contre notre maison et se réunir décidément sur la résolution de rester un Etat absolument indépendant de la Monarchie Autrichienne.

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Nous allons expédier en attendant sans délai les lettres par lesquelles nous communiquons aux Etats des différentes provinces les intentions que vous avez manifestées dans la déclaration que vous avez bien voulu nous envoyer. Ce n'est pas cependant sans avoir préalablement et longuement délibéré réitérativement avec l'électeur notre frère, tant sur le fond que sur les formes de la chose, que nous nous sommes déterminés à ne pas attendre à cet effet d'autres ordres ultérieurs de votre part et à les expédier dans la forme que vous trouverez cijointe en copie; vos ordres de les envoyer et publier d'abord dans le moment où l'empereur viendrait à mourir, étant trop réitérés dans vos lettres, pour que nous ayons osé prendre sur nous de le différer jusqu'à ce que nous ayons reçu de vous les plein-pouvoirs que vous marquez vouloir nous envoyer après

votre arrivée à Vienne; c'est donc en partie par cette dernière considération que nous avons cru devoir le faire, moyennant des lettres particulières dépourvues de toutes les courtoisies et formalités usitées en d'autres occasions. Il ne saurait tirer à aucune conséquence que nous avons appris qu'une des raisons pour laquelle les Etats n'ont point répondu du tout aux lettres que le comte Cobenzl nous avait portés à leur écrire passé quelque temps, était que nous nous y étions exprimés vis-à-vis d'eux dans les mêmes termes dont nous nous servions à leur égard comme gouverneurs généraux pour l'empereur lorsqu'il reconnaissait ses sujets.

Mais ce ne sont pas ces formes qui ont fait l'objet principal de nos délibérations; c'est le fond de la chose même et les termes de la déclaration si admirable dans les principes qu'elle renferme. J'avoue, cher frère, que nous avons hésité quelque temps, si nous ne devions pas l'envoyer mot pour mot, telle qu'elle était sans nous arrêter aux explications qui pouvaient être tirées de quelques passages y contenus, et aux conséquences qu'ils pourraient entraîner; mais comme dans votre chère lettre vous dites: Je me flatte qu'avec ces moyens ou tous ceux que vous trouveriez les meilleurs la Monarchie pourra conserver les Pays-Bas, la chose nous a paru trop grave, et les conséquences trop dangereuses, pour que, tous de concert, nous ne nous soyons cru obligés de changer en un couple d'articles la tournure des phrases ou d'y omettre quelques mots sans altérer par là en rien le sens de ce que vous voulez y exprimer. Un de ceux, où cela nous a paru absolument indispensable, est celui où vous dites qu'en vertu de la Joyeuse Entrée, le souverain est déchu de la souveraineté dès qu'il n'observe pas le contrat solennellement juré à son avènement au trône et qu'en conséquence les Etats et peuples ont usé de leurs droits lorsqu'ils ont repris leur autorité. Ces passages méritaient une double considération. La première, c'est que les termes de la Joyeuse Entrée contiennent à la vérité des expressions par lesquelles les souverains délient leurs sujets dans ce cas de l'obéissance à leur due; d'ailleurs ils se reconnaissent privés du droit d'exercer la souveraineté sur eux (expressions dont le sens est en quelque façon synonyme avec le vôtre), mais qu'il n'y est dit nulle part en termes positifs qu'il est déchu de la souveraineté, chose qui n'a même

pas été généralement reconnue encore même dans le pays. La seconde considération est, qu'en déclarant: que les Etats et peuples ont usé de leur droit lorsqu'ils ont repris l'autorité, ce serait reconnaître que non seulement ils ont bien fait en s'érigeant de leur chef en république souveraine et indépendante et en contractant des engagements avec des Puissances Étrangères, contraires même à vos droits, et en forçant par la voie des armes les provinces qui ne s'étaient pas déclarées encore à accéder à l'union, mais même en faisant ouvertement la guerre aux troupes de leurs anciens souverains (actuellement les vôtres) dans la province restée fidèle à ce souverain et à votre maison, toutes choses qu'ils font et continuent de faire depuis qu'ils ont pris l'autorité! Et ce n'est pas la seule conséquence qu'on tirerait de cet article qui pourrait en entraîner un bien plus essentiel encore, celle : que les Etats, qui jusqu'ici ne sont pas reconnus comme souverains et indépendants par aucune Puissance, même point par celles qui ont le plus contribué et pris le plus de part à la révolution, pourront vouloir regarder cela comme une reconnaissance que vous en feriez vous-même et s'en prévaloir vis-à-vis de ces mêmes Puissances pour s'affermir dans l'exécution de leurs projets et consommer d'autant mieux par là leur ouvrage.

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Nous avons donc jugé qu'en recourant aux propres termes de la Joyeuse Entrée, nous éviterions cet inconvénient et remplirions également votre but, et c'est en conséquence de cela que nous nous sommes bornés à dire dans la première partie de cet article il sait fort bien que par la Joyeuse Entrée le souverain a déclaré que ses sujets ne seraient tenus de lui être obéissants en aucune chose qu'il pourrait requérir d'eux, dès qu'il n'observe pas le contrat solennellement juré à son avènement au trône; c'est en conséquence de cela aussi que nous avons omis la phrase qui suit, jusque exclusivement au mot d'autorité, et c'est de même aussi enfin que nous avons tiré de la Joyeuse Entrée et ajouté à la fin de cet article, où il parle du successeur, les mots : qui vient de redresser et réparer ces infractions et en désister entièrement, la déclaration contenue dans ce passage étant principalement une de celles qui, en vertu de la constitution même, ôte aux sujets des Pays-Bas tout droit et tout prétexte plausible par lequel ils voudraient justifier le refus de revenir

à vous.

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