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depuis Évergétes, ou les bienfaifans , pour la raifon que nous allons dire. Lorsque Cyrus entreprit de transporter l'empire des Médes aux Perfes, il arriva dans un païs défert, où manquant de toutes chofes, il fut exposé à une indigence fi affreufe, que fes foldats en vinrent à fe manger les uns les autres. Alors, les Arimafpes lui amenérent trente mille chariots, chargés de vivres. Sauvé par cette générosité, non feulement il accorda à ce peuple toute forte d'immunités & d'exemptions, mais il changea même leur nom, & voulut qu'on ne les appellât désormais que les Évergétes. Alexandre étant entré chez eux, campa dans leur territoire; & fe voyant accueilli par les habitans, il leur témoigna une confidération particulière, & leur fit même des préfens dignes de lui. On a remarqué que les Arimafpes étoient affez souvent confondus avec les Hyperboréens. Voyez Hyperboréens.

ARIMATHIE, Arimathia, Appalaía, (a) ville de Judée, que Dom Calmet, d'après Saint Jérome, place entre Lydda & Joppé. Cette ville eft célebre pour avoir donné la naiffance à Jofeph, ce fénateur jufte & vertueux, qui non feulement ne prit point de part au déïcide du refte des Juifs, mais qui eut encore la hardieffe d'aller demander à Pilate le corps du Sauveur pour l'en

terrer.

Les voyageurs parlent d'une

ville de Rhamatha, entre Joppé & Jérufalem, ville fituée fur une montagne. Le nom de Ramatha d'où eft formé celui d'Arimathie, fignifie hauteur. Mais, ce lieu eft fort différent de Ramathaïm-Sophim, patrie de Samuël. Arimathie étoit au couchant de Jérufalem, & Ramathaïm étoit au nord de la même ville dans les montagnes d'Ephraim.

(a) Luc. c. 23. v. 51. & feq.. (b) Q. Curt. L. VII. c. 11. Roll, Hift. |

ARIMAZE, Arimazes, (b) prince Sogdien. Certains croyent que ce Prince étoit fouverain d'une partie de la Sogdiane, du tems d'Alexandre le Grand. Quoiqu'il en foit, Arimaze aux approches des Macédoniens, s'étoit retranché fur un rocher, appellé Petra Oxiana, avec trente mille hommes & des munitions pour deux ans. Ce lieu avoit trente ftades de hauteur,& cent cinquante de tour. Il étoit escarpé de tous côtés n'ayant qu'un fentier taillé dans le roc, par où l'on pouvoit monter. Au milieu de fa pente, il y avoit une caverne, dont l'en

trée étoit fort étroite & obscure. Mais, elle s'élargiffoit peu à peu, à mesure qu'elle s'enfonçoit plus avant; & au fond c'étoient encore de grandes grottes, & prefque par tout il avoit des fources, , y dont les eaux ramaffées ensemble formoient un grand fleuve.

ce,

Le Roi, ayant reconnu la plaétoit réfolu de paffer outre. Mais, il fe mit enfuite dans l'efprit de vaincre même la nature. Néanmoins avant que de s'engager au fiége, il envoya Cophes, Anc. Tom. III. pag. 720. &'suiv.

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fils d'Artabaze aux Barbares, pour leur perfuader de fe rendre. Arimaze, fe fiant fur fa fortereffe, répondit plufieurs choses d'une manière arrogante; & pour conclufion, il demanda fi Alexandre, qui pouvoit tout, pouvoit auffi voler. Cela ayant été rapporté au Roi, ce Prince en fut tellement piqué, qu'à l'heure même, il affembla fes chefs, pour leur faire part de l'infolence du Barbare qui fe moquoit d'eux, de ce qu'ils n'avoient point d'aîles ; & il ajoûta qu'il lui feroit bientôt voir que les Macédoniens, quand ils veulent, fe transforment en oifeaux. Enfuite, il leur commanda de lui amener trois cens jeunes hommes des plus difpos & des plus adroits, qu'ils pourroient choisir, chacun dans fes troupes ; & s'il fe pouvoit, parmi fes montagnards, qui avoient autrefois mené des troupeaux par les lieux les plus difficiles.

Auffi-tôt, ils lui amenérent une élite de jeunes gens agiles & courageux, auxquels le Roi dit, après les avoir tous regardés l'un après l'autre: » Ç'a été avec vous, cou»rageufe jeuneffe, que j'ai forcé » les places qu'on avoit cru im» prenables, que j'ai franchi les » montagnes toujours couvertes » de neige, traversé les rivières, » percé les détroits de la Cilicie, » & enduré les froids infupporta»bles des Indes. Vous me con»noiffez, & je vous connois. Ce >> roc , que vous voyez, n'a » qu'une avenue, que les Barbares gardent,fans fonger au refte. » Il n'y a de guet, ni de fenti

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»nelle, que du côté, qui regarde » notre camp. Si vous cherchez » bien, il n'est pas poffible que » vous ne trouviez quelque fen» tier, qui vous menera au haut » du rocher. La nature n'a rien » fait de fi inacceffible, où la » valeur ne puisse atteindre; & » ce n'eft que pour avoir entre» pris ce dont les autres ont désespéré, que nous sommes maî» tres de l'Afie. Gagnez ce fom» met, & quand vous en ferez » maitres, élevez un étendard » blánc pour fignal, & je ne » manquerai pas avec mes trou» pes de vous ôter l'ennemi de » deffus les bras, en faisant di» version & en l'attirant à moi. » Celui, qui montera le premier, » aura dix talens de récompenfe, » le fecond en aura un de moins, » & ainfi des autres à proportion » jusqu'au dixième. Je me per» fuade que ce ne fera point tant » l'intérêt, qui vous y portera, » que l'honneur & le defir de » me plaire. »

Ils écoutérent le Roi d'un fi grand courage, qu'ils s'imaginoient être déjà au sommet; & ayant été congédiés, ils font provifion de coins de fer, pour ficher entre les pierres, de crampons & de groffes cordes. Le Roi fit le tour de la montagne avec eux, & leur commanda d'entrer, à la feconde veille de la nuit, par l'endroit qui fembloit le moins difficile, priant les dieux de les conduire heureusement. Ils fe pourvurent de vivres pour deux jours ; & n'ayant que leurs épées & leurs javelines, ils commencérent à

,

monter, marchant quelque-tems à pied. Puis, quand il falloit grimper; les uns s'accrochoient aux pierres, qui avançoient & fe foulevoient eux-mêmes; les autres fe guindoient en haut, à l'aide des cordes & des noeuds coulans; d'autres plantant leurs coins, en faifoient des échelles, & ils pafférent ainfi tout le jour, pendus à cette roche avec mille peines & mille dangers.

Néanmoins, le plus fort reftoit à faire, & il leur fembloit que le roc croiffoit toujours en hauteur. Mais, ce qui les étonnoit le plus, c'étoit le spectacle miférable de quelques-uns de leurs compagnons, qui tomboient dans les précipices, & dont le malheur leur apprenoit ce qu'ils avoient à craindre. Ils continuérent pourtant, & firent fi bien, que, malgré toutes ces difficultés, ils gagnérent le fommet du roc. Mais, ils étoient tous horriblement fatigués; & quelques-uns même ne pouvoient s'aider d'une partie de leurs membres. La nuit & le fommeil les prirent en même-tems; & fe couchant par-ci, par-là, dans ces lieux pierreux, fans penfer au danger où ils étoient, ils dormirent jufqu'au jour. Enfin, ils fe réveillérent de ce profond fommeil ; & regardant de tous côtés pour découvrir en quel endroit, un fi grand nombre de gens fe tenoit caché, ils virent au-deffous d'eux de la fumée, qui leur enfeigna la retraite des ennemis. Ils élevérent

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donc le fignal comme il leur avoit été ordonné ; & la troupe s'étant ralliée, il fe trouva qu'il

en manquoit trente-deux, qui s'étoient tués en montant.

Le Roi, également touché, & du defir d'emporter la place, & du danger visible, où ces hommes étoient expofés, paffa la journée entière à regarder ce rocher, & ne fe retira point pour se repofer que la nuit ne fût venue. Le lendemain, dès le grand matin, il fut le premier qui apperçut le fignal. Néanmoins, il doutoit encore fi fes yeux ne le trompoient point, à cause de la fauffe clarté, que fait l'aurore au point du jour; mais, la lumière venant à croître, le mit hors de doute. Ayant donc fait appeller Cophes, par lequel il avoit fondé la volonté des Barbares, il l'envoya pour la feconde fois les exhorter de prendre au

moins à cette heure un meilleur parti, & s'ils s'opiniâtroient fur la bonté de la place, il lui ordonna de leur faire voir, à leur dos, ceux qui tenoient le fommet de leur rocher.

Cophes fit ce qu'il put, pour déterminer Arimaze à s'accommoder, lui représentant qu'il gagneroit les bonnes graces du Roi, s'il ne l'arrêtoit pas davantage devant un roc, au préjudice des grands deffeins qui l'appelloient ailleurs. Arimaze lui parla en des termes encore plus fiers & plus arrogans qu'auparavant, & lui commanda de fe retirer. Mais, Cophes le prenant par la main, le pria de fortir avec lui hors de la caverne.. Le Barbare s'étant rendu à fes prieres, il lui montra les Macédoniens logés fur sa tête; & fe moquant de fon orgueil, il

lui dit que les foldats d'Alexandre avoient des aîles. On entendoit cependant de tous côtés sonner les trompettes dans le camp des Macédoniens, & toute l'armée pouffer en l'air des cris d'allégreffe & de victoire. Cela, comme plufieurs autres chofes vaines, qui arrivent à la guerre, porta les Barbares à fe rendre, parce que, faifis de frayeur, ils n'eurent pas l'efprit de confidérer le petit nombre de ceux qui étoient montés; de forte qu'ils rappellérent incontinent Cophes, qui les avoit laiffés dans cette frayeur, & envoyérent avec lui trente des principaux d'entr'eux pour remettre la place, à condition qu'ils fortiroient la vie fauve.

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Le Roi, quoiqu'il craignît que les Barbares ne s'apperçuffent du petit nombre de fes gens, & ne les fiffent tomber dans les précipices, toutefois, fe fiant à fa fortune, & irrité d'ailleurs de l'audace d'Arimaze, refufa de les recevoir à aucune composition. Arimaze, qui croyoit fes affaires défefpérées, quoiqu'elles ne le fuffent point, defcendit, avec fes parens & la principale nobleffe du païs, dans le camp d'Alexandre, qui les fit tous battre de verges, puis attacher en croix, au pied même du rocher. La multitude, qui s'étoit rendue, fut donnée avec tout le butin aux habitans des nouvelles villes, bâties en ces quartiers-là ; & Artabaze

eut le gouvernement du roc & de toute la province.

ARIMÉENS, Arimi, A'pípot, (a) peuples, dont parle Homère, au fujet du géant Typhon. » La » terre, dit le Poëte, retentif» foit fous fes pieds, comme lorf» que Jupiter irrité lance ses fou» dres fur le mont, qui couvre » Typhéus, dans le païs des Ari» méens où l'on dit qu'eft le » tombeau de ce Géant. « Héfiode dit la même chofe du mariage de Typhon dans un antre des Ariméens.

Madame Dacier prétend, après Pline, Ovide, Lucain, Silius, & plufieurs autres, que par ce mot, Homère entend parler de l'ifle Enaria, ou Pithécufe, dans la mer de Toscane; & c'est du même païs qu'il faut entendre ces vers de Virgile:

Durumque cubile Inarime, Jovis imperiis impofia Typhao.

Mais, fans dire ici qu'il y a bien de l'apparence que le poëte Latin s'eft trompé, en fuivant trop fervilement Homère, & ne faifant qu'un feul mot d'Inarime, il eft hors de doute que la vraie fituation du païs des Ariméens étoit la Syrie. Strabon, qui est de ce sentiment, rapporte un fragment de Pofidonius, qui dit que ce n'eft, ni de la Cilicie, ni d'aucun autre païs, qu'Homère veut parler en cet endroit, mais de la Syrie mê

(4) Homer. Iliad. L. II. v. 783. Strab. [715, 716. Mém. de l'Acad. des Infcr. pag. 616, 627. Virg. Æneid. Lib. IX. v. & Bell, Lettr. Tom. III. pag. 133, 134«

me, habitée par les Ariméens, que les Grecs appellent indifférement Αραμαίους, οι Α'ρικούς. C'est ainsi que l'Écriture nomme la Syrie; & Jofephe ajoûqu'Aramus fut pere des Araméens, que les Grecs appellent Syriens. Cela étant conftant, il eft vraisemblable qu'Homère ne fait périr dans la Syrie, Typhon d'un coup de foudre, que pour , que pour faire allufion à la qualité des terqui étoient autour de Sodome, & qui furent détruites par le feu du ciel. Strabon dit qu'elles avoient été submergées par un tremblement de terre, caufé par les exhalaisons du bitume, en quoi ce païs abondoit.

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Il faut cependant rendre justice à l'illuftre madame Dacier, qu'après avoir assuré que par les Ariméens, qu'elle appelle Arimes Homère entend l'ile d'Enarie, ou Pithécufe, cette incomparable Dame ajoûte » Je fuis pourtant obligée de dire que, par le » treizième livre de Strabon, il » paroît qu'il y a eu des Auteurs » anciens, qui ont placé les Ari» mes dans la Myfie, dans la Ci» licie, ou dans la Syrie. Scep» fius, dit-il, approuve furtout » ceux qui placent_les_Arimes » dans la Myfie brûlée. Et pour » le confirmer Xanthus avoit » écrit que cette Myfie avoit un n roi, appellé Arimoüs. Strabon » ajoûte d'autres, par les Ari» mes, entendent les Syriens

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» qui font appellés préfentemenc » Aramis, ou Aramnei. Ces » opinions ne manquent pas de » preuves, qui s'accordent avec » P'Hiftoire, & elles pourroient » fournir de la matière pour un " grand traité. «

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On voit par cet échantillon que madame Dacier ne jugeoit pas indigne d'elle l'étude de la Géographie ; étude qu'on peut regarder fans contredit comme absolument nécessaire, non seulement pour l'intelligence des Historiens, mais encore pour celle des Poëtes. Homère lui-même étoit très-verfé dans cette science. Pour s'en convaincre, il ne faut que jetter les yeux fur les ouvrages, & en particulier fur le fecond livre de l'Ilia-i de, qui eft un morceau achevé en fait de Géographie. Voyez Araméens.

ARIMINIENS, Ariminenfes, peuples qui habitoient la ville d'Ariminum. Voyez Ariminum.

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ARIMINUM, Ariminum, (a) A'pierov, ville d'Italie, au païs: des Semnones, qui fut fondée par une colonie d'Ombriens fur les bords de la mer Adriatique entre deux fleuves, l'Ariminum & l'Aprufa. Pline met cette ville fur les confins de la huitième région d'Italie. Le mont Apennin, felon Strabon, s'étendoit jufqu'au voifinage d'Ariminum où aboutiffoit la voie Flaminia. Cette voie, qui commençoit à Rome, pafloit par l'Etrurie & l'Ombrie.

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(a) Ptolem. L. III. c. 1. Strab. p. 210, | c. 51. L. XXIV. c. 44. L. XXVII. $11, 216, 217. & feq. Plin. L. III. c. c. 10. Cæf. de Bell. Civil Lib. I. p. 442. 15. Lib. VII. c. 49. L. X. c. 21. Pomp. & feq. Mém. de l'Acad. des Infc. & BeiMel. L. II. c. de Ital. Tit. Liv. L. XXI. | Lett, Tom. XVIII. pag. 82.

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