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toyen, jufte estimateur du mérite; vertueux par principe, mais fans effort; capable de garder des fecrets; ami fûr, bienfaifant, fidèle, il chériffoit les occafions de rendre fervice, au point d'avoir de la reconnoiffance pour ceux qu'il obligeoit. Les tréfors de fon érudition s'ouvroient à quiconque le confultoit. Charmé de contribuer aux progrès des Gens de Lettres, il leur communiquoit avec plaifir fes propres idées. Ces fortes de fecours n'étoient pas les feuls qu'il leur prodiguoit. Sa mort a fait perdre un Bienfaiteur à plus d'une famille, qui trouvoient en lui des reffources auffi promp tes que fecrètes.

Si c'eft vivre que de penfer, perfonne n'a vécu plus long-tems que cet homme célèbre.

CLAUDE - Hubert Jaillot, Prêtre de l'Oratoire, né à Paris, fut envoyé à la Rochelle, où il vécut d'abord ifolé & prefqu'inconnu. Enfin il fortit de fa retraite où il avoit long-tems interrogé les oracles de la Religion, il fe montra pour les annoncer en public, & il les annonça avec le plus grand fuccès.

Devenu Curé de la Paroiffe de St.-Sauil en remplit tous les devoirs, il em

braffa tous les détails. L'exercice affidu de fonctions toujours renailfantes, traçoit dans une de fes journées l'image de toutes les autres.

Sa bonté égala fon zèle. Quoiqu'il n'aimât pas l'embarras des affaires, il facrifioit toujours fes répugnances au plaifir d'être utile & à l'obligation de fervir l'innocence opprimée & la juftice fans appui. Père des pauvres par état, il foutint noblement ce beau titre; le fentiment de leurs peines fortoit en quelque forte de leur cœur pour paffer dans le fien; fa main libérale s'ouvroit toujours fur eux. Le Temple du Seigneur n'eut pas moins de part à la générofité de fon Miniftre, l'Eglife de St-Sauveur, brûlée en 1705, étoit fortie de fes cendres; mais ce vafte édifice attendoit des mains de l'Artifte les embelliffemens qui lui manquoient; la piété du P. Jaillot forma le projet de cette décoration, fon goût en arrangea le deffin, une partie de fes revenus fut employée à l'exécution. Bien-tôt les yeux furent frappés du spectacle d'un Sanctuaire, dont l'éclat retrace en quelque forte la Majefté fuprême qu'on y révère, & confacre à jamais la religion de celui qui l'a fait élever.

Bienfaifant & généreux, le Père Jaillot fe conduifoit encore avec beaucoup de fageffe. La prudence dirigea toutes fes démar

ches. Dans fa Paroiffe, il ne prit jamais le ton de ces réformateurs bruyans, qui arment la vertu de foudres & la font hair; qui veu lent corriger les coupables, & ne favent que les humilier. Il remédioit au mal fourdement; rigide partifan de l'ordre mais homme de bien fans fafte, il faifoit la guerre au vice & non aux hommes, qui étant plus foibles que méchans, méritent dans leur chûte encore plus de commifération que de colère.

Aux vertus morales, le P. Jaillot réuniffoit les qualités de l'efprit; fes talens lui ouvrirent la porte de l'Académie de la Rochelle. Sans être Poète, il badinoit quelquefois avec les Mufes; fon goût le portoit toujours vers la naïveté & l'enjouement, & dans quelques-unes de fes pièces on eût reconnu le génie de Clément Marot fans l'auftère décence qui les accompagnoit. Mélancolique & un peu fombre, il fe permettoit toutefois des épanchemens de gaieté dans la converfation, qu'il affaifonnoit de traits faillans & de réparties heureuses. On lui demanda quelques traits hiftoriques touchant la Ville pour les enchâffer dans les Ephémérides Rocheloifes. M. le Comte de Matignon Gouverneur de la Rochelle & du Pays d'Aunis, qui l'aimoit beaucoup, lui repréfenta qu'il conviendroit d'augmenter fon

Journal Hiftorique, & de faire de cette efquiffe un grand tableau.

Ce fut à fa mort que fe développa principalement ce fonds d'eftime & d'affection que tout le monde avoit pour lui. Sa maladie avoit excité des allarmes générales, fa mort caufa un deuil univerfel. Le jour deftiné à la cérémonie de fes funérailles, fut un jour de trifteffe & d'amertume : qu'on eft digne d'éloges quand on est loué par l'éloquence de la douleur!

Fin du premier Tome.

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