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V

Les chartes que nous avons rassemblées, les documents que nous avons dépouillés ne nous ont pas fourni beaucoup de particularités concernant spécialement l'abbaye de Montmartre. Les religieuses firent peu parler d'elles. La volumineuse collection du Olim ne contient que deux procès soulevés par elles et encore malgré elles, et tous deux furent jugés en leur faveur. L'un était relatif à un individu qui avait fait sa vendange de vive force dans un pressoir du monastère et qui, absous par le prévôt de Paris, fut condamné en appel par le Parlement; l'autre était relatif à un prisonnier capturé sur la terre de l'abbaye. Une fois encore l'abbesse eût à s'adresser au Parlement pour faire constater son droit à ériger un gibet dans le village de Barbery qui lui avait été donné par le roi avec toute la justice haute, moyenne et basse. Jamais on n'avait pensé à cette manifestation de la puissance seigneuriale, de sorte que quand Mathilde de Frenay voulut faire dresser la potence, on lui contesta ce droit. La cour par un arrêt rendu pendant l'octave de la Toussaint (1272), autorisa l'abbesse à faire élever des fourches patibulaires, bien que par le passé il n'y en ait pas eu en cet endroit.

Les religieuses suivaient à Montmartre les mêmes règles que dans tous les monastères bénédictins. Nous avons vu qu'en 1231, l'abbesse autorise ses sœurs à se munir de bottes fourrées à cause de la violence du froid et cette mesure est de nature à nous faire supposer qu'on n'exagéra jamais dans cette abbaye les rigueurs de l'observance. Le compte général dressé sous l'abbesse Agnès des Jardins vers 1440 et cité par M. Cherronet, établit ainsi qu'il suit les dépenses des dames de Montmartre.

Chaque religieuse était nourrie et recevait en outre 10 sols à Noël et à Pâques, 6 livres à la Saint-Denis, à la Toussaint, à la Dédicace, à l'Ascension et à la Pentecôte; 4 livres à la Saint-Remy; 6 livres pour le Carême; deux boisseaux de pois, une pinte d'huile de noix, un quart de sel. Le même document établit que l'abbaye entretenait un chapelain qui chantait chaque jour la messe et recevait, outre la table, dix-huit livres par an. Un confesseur ne semble pas avoir été attaché spécialement à la maison, car nous le voyons recevoir quatorze sols chaque fois qu'il venait confesser ou célébrer la messe. Des documents du commencement du seizième siècle constatent qu'il y avait dans la première cour du monastère une communauté composée de prêtres et de frères laïs dits religieux de Montmartre, sous la direction de l'abbesse. Nous n'avons pu retrouver à quelle époque remontait cette institution, qui cependant nous semble relativement récente, car le renseignement fourni par le compte général de 1440 semble établir qu'à cette époque l'abbaye n'avait

aucun ecclésiastique à demeure. L'abbaye avait en effet besoin d'un certain nombre de prêtres pour le service de son église d'abord, puis des chapelles du Martyre, de Coquenard, de Sainte-Anne, de Clignancourt et de ses diverses chapelles fondées par la piété des religieuses '. En 1533, l'abbesse Antoinette Auger affirme bien sa suprématie sur ce couvent d'hommes, puisqu'elle accorde au frère Florentin Marchand, «< religieux de Montmartre, » la permission d'aller recevoir l'ordre de prêtrise à NotreDame de Paris.

Nous publions la formule de la profession des religieuses de Montmartre au seizième et au dix-huitième siècles :

Ego soror Peretta Rouillard, promitto stabilitatem sub clausura, conversionem morum meorum, castitatem, paupertatem et obedientiam secundum statuta reformationis decreto sedis apostolicæ et Stephani Parisiensis episcopi, in hoc loco Montis Martyrum juxta regulam beati Benedicti ordinatam, in honorem Salvatoris, gloriosissimæque Matris ejus, sanctorum martyrum Dionysii et sociorum, beatissima Virginis. Ursule, invictissimarum que suarum consortum, in quorum memoriam fundata est hæc ecclesiæ, inpresencia vestra, mater hujus monasterii abbatissa, anno

1. Gallic., VII, col. 617. Le prieur prêtait serment devant l'évêque, d'obéissance à l'abbesse. Les auteurs du Gallic. indiquent que la formule de ce serment en français est dans la Constitution de Etienne Poncher, évêque de Paris, page 65. Ils ajoutent que la mention de ces frères convers existait depuis la fondation de l'abbaye jusqu'en 1522.

Domini millesimo quingentesimo tricesimo secundo, die vicesima octava mensis Julii. »

(Original sur parchemin).

Il existe dans le même carton, L 1030, plusieurs autres formules conçues en termes identiques, de 1544, 1546, 1675, 1714, 1719, 1725 et 1733. Les dernières sont en français. En voici le texte :

« Je sœur, Anne Boguet, dite de Saint-Hippolyte, promets stabilité sous cloture, conversion de mes mœurs, chasteté, pauvreté et obéissance selon la règle de notre bienheureux père Saint-Benoit, et les statuts de la reforme établie en ce saint lieu du Mont du Martyre, en vertu d'un décret du saint siège apostolique, par révérend père en Dieu Etienne Poncher, autrefois evesque de Paris et Henry de Gondy aussy évesque de Paris, en l'honneur de Nostre Sauveur Jésus-Christ, de sa très sainte mère, des martyrs S. Denis et ses compagnons, de sainte Ursule et ses compagnes, en mémoire desquels cette église est fondée; en présence de révérendissime et illustrissime princesse Madame Louise-Emélie de la Tour d'Auvergne, mère et abbesse de ce monastère, l'an de grâce mil sept cent trente-trois, du mois d'aoust l'onzième.

Signé Sœur Anne Boguet, dite de St-Hippolite. >>

(Original sur parchemin).

VI

Nous donnerons deux listes chronologiques des

abbesses de Montmartre. L'une est celle des auteurs du Gallia Christiana, que toutes les personnes qui se sont occupées de l'histoire de ce monastère ont reproduite. L'autre, inédite, est extraite du Monasticon benedietinum, dressée par les religieuses de SaintGermain-des-Prés et conservée à la Bibliothèque Nationale, fond latin, no 12685.

I. Adélaïde, sortie de l'abbaye Saint-Pierre de Reims; portée au jour des nones d'avril dans l'obituaire de l'abbaye Saint-Denis de Reims.

II. Christine de Courtebrone, ou Chrétienne, d'après les bulles d'Innocent II, des calendes d'octobre 1137; elle porte le nom de Christine dans l'acte de donation de quelques terres faite à l'abbaye par Eustache, sire de Courtebrone, son frère, Cécile et Hildeburge, ses sœurs, en 1147.

III. Adèle, mentionnée dans l'acte de cession d'une place à Paris, en 1154. Adélaïde, veuve de Louis-le-Gros et de Mathieu de Montmorency, qui s'était retirée à l'abbaye en 1154, y fut ensevelie sous son abbatiat. Elle obtient une bulle de protection

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