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Voici quel est l'ordre et la cérémonie de cette procession. Les dames de Montmartre envoyent à une heure marquée tout leur clergé au-devant de la procession de S. Denis, jusqu'au village de Clignancourt. Ls clergé de Montmartre, auquel préside toujours un abbé de distinction... (c'étoit cette année M. l'abbé de Roye), ce clergé, dis-je, s'étant avancé jusqu'au milieu des religieux de S. Denis, l'abbé président, revêtu de chappe, aussi bien que les deux assistans, se place devant le chef de S. Denis et l'encense. I encense ensuite le religieux qui doit célébrer la messe. Cependant les religieux chantent l'antienne O beate Dionisi, etc., après laquelle le célébrant chante le verset et l'oraison ordinaire. Pendant ce temps, l'abbé encense tout du long de la procession de S. Denis.

Le clergé de Montmartre, suivi de l'abbé président et de la justice de cette abbaye, avance en même temps pour prendre sa place à la tête de la procession de S. Denis, et on continue la marche vers l'église de Montmartre. Lorsque le clergé est arrivė, il se met en haye au bas de cette église, et les deux assistans encensent toute la procession. Lorsque le chef arrive, ceux qui le portent s'arrêtent, et M. l'abbé l'encense trois fois, et se retire avec le clergé de Montmartre.

Tous les religieux étant entrés dans le choeur extérieur, chantent un répons de S. Denis, et ensuite les religieuses qui sont toutes devant la grille chantent une antienne après laquelle le célébrant chante le verset et l'oraison, et tout de suite on va se préparer pour la grand’messe qui est célébrée par le grand prieur de l'abbaye S. Denis, assisté de ses religieux

Cependant tous les autres religieux de la Procession entrent dans le choeur intérieur des religieuses par la porte dite des Sacremens, selon la permission de S. E. M. le cardinal de Noailles, donnée en 1721, et les cinq chantres revêtus de chappes commencent solennellement la messe que les religieux poursuivent avec l'orgue et les cérémonies accoutumières.

Cette messe étant finie, le père sous - prieur, assisté de tous ses officiers religieux, se dispose à dire la seconde messe que les dames religieuses chantent pendant laquelle la communauté de S. Denis et les autres corps qui ont accompagné la procession, vont prendre leur repas. Après la seconde messe, les officiers qui y ont assisté, font la même chose, et ensuite on se dispose pour le retour de la procession en cette manière.

Les religieux étant assemblés dans le chocur extérieur, le grand-prieur, le sous-prieur et le doyen de l'abbaye de S. Denis s'y rendent, et le grand-prieur ayant entonné le Te Deum devant l'autel, cet hymne est continué par l'orgue. Cependant ces trois religieux montent à la grille, et la trésorière met entre les mains du grand-prieur un ange de vermeil doré qui porte un reliquaire d'or enrichi de pierreries, dans lequel est une relique de S. Denis, et il la présente à baiser à l'abbesse et à toutes les religieuses, qui chantent un motet et une antienne. L'abbesse dit ensuite un verset et une oraison et présente au grandprieur quelque meuble d'église, comme voile de calice ou autre ouvrage de broderie. Elle a présenté cette année un legile de velours cramoisi, enrichi

1. Sorte d'écharpe dont on couvrait le pupitre pour chanter l'Evangile.

d'une belle broderie, estimé environ 200 écus. Deux chantres commencent tout de suite les grandes litanies, et le clergé de Montmartre s'étant rassemblé, reconduit la procession hors de l'église. L'abbé et ses assistans se tiennent à la porte en dehors, et l'encensent pour la dernière fois. Enfin lorsque que le chef de S. Denis est près de sortir, les porteurs s'arrêtent un moment, et l'abbé l'encense trois fois, et encense aussi le supérieur en passant.

Voilà, Monsieur, tout ce qui s'est passé le premier jour de ce mois à l'occasion de la procession que l'abbaye de S. Denis fait tous les 7 ans à l'abbaye de Montmartre. Sur quoy, je vous dirai que ces dames y ont tant de dévotion et y sont si attachées, que si on refusoit de la faire, elles employeroient toutes sortes de moyens pour y obliger les religieux de S. Denis.

C'est ce que madame d'Harcourt témoigna, il y a 42 ans, à un prieur de cette abbaye, qui alla lui représenter la grande fatigue et la dépense que la cérémonie coutoit à la Communauté.

II y a donc grande apparence que, pendant que les deux abbayes subsisteront, on procurera ce spectacle au public qui y accourt, les uns par dévotion, les autres par curiosité, avec tant de concours et d'empressement que la montagne et les chemins par où l'on passe, sont tout remplis de monde... »

Nous terminerons cette notice en reproduisant un curieux document extrait des manuscrits de la Bibliothèque Impériale, fonds latin, n° 1 2685 et intitulé:

1. Folio 210.

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Notice historique sur une religieuse de Montmartre renfermant le recit de plusieurs miracles.

<< En l'année 1612, le 14 janvier, décéda la bonne mère Perrette Roudlard aagée de cent ans, laquelle estoit prieure quand Mme de Beauvilliers vint à Montmartre, et avoit esté du temps de la première réforme ayant retenu de ce premier esprit de simplicité et pauvreté, sans changer, encore qu'elle ne fust dans la Communauté, tout ce qui estoit pour son usage; estant fort pauvre et religieuse, elle fut une des premières qui prit l'habit blanc et la coiffure selon la réforme, qui fut justement au bout de 60 ans qu'elle estoit religieuse. Elle estoit très portée à l'observance qu'elle suivoit jour et nuit très exactement, allant tous les jours à Matines sans y manquer jusques à 88 ans qu'elle eut une grande maladie qui luy laissa une paralisie sur la moitié du corps qui ne l'empeschoit pas de se trouver à l'office du jour. Elle gardoit tous les jeusnes de règle et de l'église très exactement ayant encore jeusné le dernier Advent et Caresme avant sa mort ayant cent ans.

<< Or comme elle estoit fort ancienne dans la maison, elle entretenoit souvent Madame des choses remarquables qui s'y estoient passées de son temps et de celuy des anciennes qu'elle avoit trouvé qui lui avoient raconté; en outre qu'elle estoit sous - sacristisne lorsque le bienheureux Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, vint faire ses voeux à la chapelle des SS. Martirs, ayant eu le bonheur de le voir et de luy donner les clefs de ladite chapelle,

d'autant qu'elle ne s'ouvroit alors qu'avec la permission de l'abbesse qui estoit en ce temps madame Catherine de Clermont. Elle a veu les anciennes qui estoient du temps que furent trouvées les reliques des SS. Martirs, qui fut l'an 1517, que travaillant à rétablir la chapelle de l'Anonciation, comme l'on vit à la table de l'autel où on disoit la Messe une petite voute dessous fermée de plastre, on fit une ouverture pour voir ce qui estoit la dedans, se doutant que l'on y trouveroit quelques reliques, comme il fut vray, d'autant que l'ouverture estant faitte, il se trouva trois chasses de bois touttes plaines de reliques avec un billet en chascune escrit en parchemin contenant ces mots : « Cy gisent les corps des SS. Martirs » et le reste. Aussitost l'on en donna avis à M. l'abbé de Livry, prieur de S. Martin-des-Champs et visiteur de cette abbaye, lequel avec M. l'archidiacre de Paris. les vinrent voir et visiter pour en faire la translation, qui fut tres solemnelle; et depuis tous les ans à pareil jour on en fait feste de 2o classe.

<< A cette translation, il se fit un miracle très remarquable qui est que les chasses estant ouvertes, il s'espandit une odeur très suave dans l'église et par toute la maison, qui dura huit jours avec grande joye de la Communauté. De plus elle lui apprit encore la cause pour laquelle au mois d'aoust le 2o jour l'on fait. l'office du miracle de S. Leu qui estoit en si grande vénération dans la maison, que c'estoit un grand miracle arrivé par les intercessions de ce saint, et que les anciennes lui avoient asseuré avoir veu de leur temps que le feu ayant pris en ce monastère avec un si grand embrasement que tout pensa bruler sans qu'aucun remède humain y peust remédier, la cisterne

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