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J'appelle à moi Sotenville et Dandin,
Le bon Sosie, et Nicole, et Jourdain.
Le rire alors dans mes yeux étincelle,
A pleins canaux mon sang coule soudain;
De mes esprits le feu se renouvelle,
Je crois renaître; et ma sérénité
En un jour clair me peint l'humanité.

Tous ces travers, qui m'excitaient la bile,
Ne sont pour moi qu'un spectacle amusant,
Moi-même enfin, je me trouve plaisant
D'avoir tranché du censeur difficile.

Fruits du génie, heureux présens des cieux,
Embellissez la retraite que j'aime,
Et rendez-moi món loisir précieux.
Seul avec vous, je me plais en moi-même.
Par vous guéri de cette vanité

Qui sacrifie à la célébrité

Le doux

repos, des biens le plus solide,
De cette vie inconstante et fluide
Je suis le cours avec tranquillité,
L'œil attaché sur un charmant rivage,
Où la nature étale à mon passage
Son abondance et sa variété.

mwwwmmmmmmmmmmmmmmmm......

ODE

'j

CONTRE L'ÉGOÏSME D'UNE FAUSSE PHILOSOPHIE.

(1756.)

QUE
UE l'injure et la violence
Impunément bravent les lois;
Que le glaive, sans la balance,
Soit l'aveugle arbitre des rois.
Dans la solitude, profonde,

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Libre, indépendant, seul au monde,
Goûte obscurément de vrais biens.»
C'est Aristippe qui m'invite
A fuir les écueils qu'il évite..

Je l'en crois, je romps mes liens.

De nos regrets sources amères,
Faux biens qui m'avez ébloui,
Gloire, amour, flatteuses chimères,
Votre charme est évanoui.

Je suis libre, et tout à moi-même.....
Mais quel accablant anathème
Frappe mon oreille et mon cœur?
Suis-je sacrilége ou perfide?
Vers moi quel fantôme livide
Se traîne abattu de langueur?

De

sang, de sueur, de poussière,
Son front venérable est souillé ;
Les pleurs qui baignent sa paupière
Inondent son sein dépouillé.

Dieux! que ses regards m'attendrissent!
Ses bras que les chaînes meurtrissent
A peine en soulèvent le poids.

«

C'est l'Humanité qui m'appelle,
Et vient à mon âme infidèle
Reprocher l'oubli de ses droits.

Tu dors au sein de la mollesse,
Exempt de trouble et de danger;
Tu dors, dit-elle, et ta faiblesse
Te rend à moi-même étranger!
Quelle est cette sagesse impie
Qui glace ton âme assoupie?
Vois couler mon sang et mes pleurs:
Regarde où le ciel t'a fait naître;
Et sois heureux, si tu peux l'être,
Dans cet océan de douleurs.

Du haut des rochers où se brise
Un vaisseau battu par les vents,
Quel est l'inhumain qui méprise
Les cris des matelots tremblans?
Et toi, tu détournes la vue!
Ton âme, qui craint d'être émue,
N'ose s'occuper de mes maux!
Être à soi, jouir de soi-même,
D'un sage est-ce là le système?
C'est l'instinct des vils animaux.

Comme eux au soin de la pâture
Bornant ta pensée et tes vœux,
Quand tout gémit dans la nature,
Tu seras tranquille comme eux!
De l'Elbe les rives fumantes,
De sang les deux mers écumantes,
Ce que n'ont point vu tes aïeux,
L'affreux orage de la guerre
Enveloppant toute la terre,
Sont un vain spectacle à tes yeux ?

Viens, vois cette ville opulente,
Du Tage superbe ornement,
Pour qui, sous la zone brûlante,
Germent l'or et le diamant.
A ses pieds les vents et les ondes

Des plus beaux climats des deux mondes
Apportent les riches tributs.

L'enfer allume son tonnerre,
Il gronde, éclate, ouvre la terre;
Cherche Lisbonne : elle n'est plus.

Hélas! sur un immense gouffre
C'est peu que vingt peuples errans !
D'un lac de bitume et de soufre
Entendent mugir les torrens :
Du creux de ces voûtes profondes,
Du sein de ces brûlantes ondes,
La mort est trop lente à sortir.
Sur eux la foudre suspendue
Serait trop long-temps attendue ;
Ils vont la presser de partir.

Le feu qu'allume une étincelle
A de moins rapides progrès
Que cette guerre universelle
Dans ses formidables apprêts.
Arraché du sein de la terre
Dans le moule affreux du tonnerre
Le fer s'épanche à gros bouillons;
Le chêne en courbe se dirige,
Le pin superbe en mât s'érige,
Mars y suspend ses pavillons.

Déjà le démon du carnage,
Suivi des crimes triomphans,
Foule aux pieds la terre, qui nage
Dans le meurtre de ses enfans.
De l'Elbe aux champs de l'Acadie;
Ce n'est plus qu'un vaste incendie
Par un vent rapide allumé.
Et toi seul, couché sur des roses
Vil Sybarite, tu reposes
Quand l'univers est consumé!

Dans ton asile tout abonde;
Et Moncalm, au-delà des mers,
Le Turenne du nouveau monde,
Manque de pain dans les déserts!
Assis sous un dais de verdure,
Revant au bruit d'une onde pure,
Tu respires un air serein;

Et Mahon, sur son roc aride,
Voit la fleur d'un peuple intrépide
En butte à cent foudres d'airain!

Je veux qu'avec des yeux stoïques
Tu contemples l'orgueil des rois;
Mais des calamités publiques
Peux-tu ne pas sentir le poids?
Vois la terre au loin ravagée;
Vois la faux en glaive changée
Du laboureur percer le flanc;
L'enfant, dans les bras de sa mère,
D'un sein flétri par la misère,
Au lieu de lait sucer le sang.

Le vieillard courbé vers la tombe,
Où ses enfans l'ont devancé,
Relève ce front qui succombe
Sous les hivers qui l'ont glacé.
Il revient d'une main tremblante
Labourer la terre sanglante;

Il marche à travers des débris....
Ah! loin du sillon qu'il entr'ouvre,
Le bœuf recule, et Îui découvre

Le

corps mutilé de son fils.

Quand mille blessures pareilles
Déchirent mon cœur maternel,
Pour t'assurer de douces veilles,
Tu fuis un monde criminel!
Mais à ce monde qui m'offense,
Tu dois ta vie et ta défense:
que pour
recevoir ?
Tu l'éclaires? Triste avantage!
Sois homme: voilà ton partage.
Sois humain : voilà ton devoir.

N'es-tu fait

Eh! que m'importent tes lumières,
Et ta raison, ce feu divin,

Si, couché sous d'humbles chaumières,
Mes enfans t'implorent en vain?
Dis-moi, quel est ton privilége
Sur le soldat qui te protége,
Sur le peuple qui te nourrit?

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