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Qu'inspire à ce mortel la simple humanité,
On s'écrie, en tremblant d'espérance et de joie :
Est-ce un ange, un sauveur que le ciel leur envoie?
C'est Léopold, c'est lui, c'est ce jeune héros.
Et la barque à l'instant disparaît sous les flots.

Un lamentable cri frappe le ciel et l'onde.
Tous les yeux, attachés sur la vague profonde,
Redemandent Brunswick au terrible élément.
Dans des sillons d'écume il paraît un moment;
Il nage, il se débat, il s'épuise, il succombe.

Ah! que du moins les flots le rendent à la tombe.
Avec un saint respect sur le bord recueillis,
Que ses restes sacrés y soient ensevelis.

Et vous, que des vertus la mémoire intéresse,
Accourez, éloquente et sensible jeunesse,
Venez tous rendre grâce, au nom des malheureux,
A celui qui daigna vivre et mourir pour eux;
Venez tous révérer au nom de la nature,
Celui qui de l'orgueil abjurant l'imposture,
Et de ses devoirs d'homme occupé constamment,
S'exerça dès l'enfance à ce grand dévoûment.
Dites par quelle aimable et tendre inquiétude,
Fuyant de son palais la froide solitude,
Il venait dans la foule, ami sage et discret,
A l'indigent timide arracher son secret;
Dites, à son aspect, quel rayon de lumière
Semblait du laboureur éclairer la chaumière;
Dites, à son aspect, quelle noble chaleur
Du soldat, sous la tente, animait la valeur;
Et, de l'humanité religieux organes,

Puissiez-vous, au tombeau, faire entendre à ses mânes
Les regrets dont pour lui tous les cœurs sont émus!
Léopold est pleuré comme Germanicus.

Voyez ce deuil profond, ce silence, ces larmes,
Ces soldats, d'un air morne, appuyés sur leurs armes,
Ces héros recueillis dans leur sombre douleur;
Frédéric méditant ce qu'eût fait sa valeur,
Frédéric attendri, fixant un œil de père

Sur ce tombeau, qu'un peuple en gémissant révère;
Quel spectacle! Et jamais un plus illustre prix
A-t-il, enfans du Pinde, enflammé vos esprits?

Pour chanter Léopold, Philippe (1) vous rassemble.
Ah! qui l'honore ainsi, sans doute lui ressemble;
Et celui qui de fleurs veut couvrir son tombeau,
Ne voit pas sans envie un dévoùment si beau.

Loin de nous désormais, loin des temps où nous sommes
Ce dur mépris des grands pour le reste des hommes.
L'humanité sacrée a recouvré ses droits.

Les peuples ne sont plus étrangers à leurs rois;
Et je crois ne plus voir, dans cet âge prospère,
Que d'heureuses tribus, dont le chef est le père.

(1) Monseigneur comte d'Artois, aujourd'hui Monsieur.

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D'U

'UNE jeune beauté je chante la colère, Et les graves effets d'une offense légère.

Muse, adresse à Caril ces vers que je lui doi:
Bélinde les lira, c'en est assez pour moi;

Et la plus haute gloire où mon espoir s'étende,
C'est que l'une m'inspire, et que l'autre m'entende.

O déesse, dis-moi, quel démon pétulant
Arma contre une belle un lord tendre et galant.
Dis-moi par quelle force, encor plus inconnue,
Contre un lord amoureux elle fut soutenue.
Dans un simple mortel que de témérité!

Dans un cœur faible et doux que

de sévérité!

Des rideaux le soleil colorant la surface,

Ouvre, en tremblant, des yeux dont la clarté l'efface,
Déja, midi sonnant, s'éveillent à demi

Des amans malheureux qui n'ont jamais dormi;
Des sonnettes au loin déjà le bruit circule;
Trois fois sur le parquet le talon de la mule

Donne, à coups redoublés, le signal du réveil :
A ce bruit, secouant ses grelots de vermeil,
De sa niche en bâillant le petit chien déloge;
Et la montre répond au doigt qui l'interroge.

Bélinde est seule encore attachée au duvet:
Un sylphe complaisant voltige à son chevet;
Le songe du matin, qu'il a posté près d'elle,
En planant sur son front, l'effleure de son aile :
Bélinde à son côté croit voir un Adonis.

Moins brillans, dans un bal, sont nos jeunes marquis.
Elle rêve et rougit; un songe l'épouvante.

Mais le sylphe, approchant sa lèvre séduisante,
L'applique

son oreille, et lui tient ce discours.
« O toi, dont les attraits font naître mille amours,
Jeune et chaste beauté, sur qui veillent sans cesse
Mille habitans de l'air que ta gloire intéresse;
Si tout ce que l'on dit des sylphes, des lutins,
Frappa, dès le berceau, tes esprits enfantins,
Et jeta la frayeur dans ton âme craintive,
Prête à la voix d'un sylphe une oreille attentive;
Connais-toi, de ta gloire apprends à mieux jouir,
Et des biens d'ici-bas cesse de t'éblouir.
Il est des vérités qu'ignore le vulgaire ;
Mais l'œil de l'innocence en perce le mystère :
Un enfant les pénètre; et contre cet écueil
Un philosophe altier voit briser son orgueil.
Que, fier de sa raison, le rebelle incrédule
Traite ces vérités de fable ridicule,

La timide pudeur, la naïve beauté
Peut seule ouvrir les yeux à leur douce clarté.
D'esprits aériens un fidèle cortége,

Aux spectacles, au bal, t'entoure et te protége.
Pense à ces courtisans à te suivre assidus,
Et ton cercle de lords ne t'occupera plus.

Apprends que ces esprits furent jadis des femmes :
Le ciel, d'un corps plus pur a revêtu leurs âmes.
A yos derniers soupirs vos goûts ne meurent pas.
La joueuse aime l'hombre au-delà du trépas :
La duchesse n'a plus ni carrosse, ni pages;
Mais elle suit des yeux de brillans équipages.
Votre esprit, que domine un ascendant vainqueur,

Va chercher l'élément qu'imitait votre cœur.
L'altière en salamandre est métamorphosée,
Et monte, avec le feu, vers la sphère embrasée;
Celle dont la douceur fit des amans heureux
Se glisse dans les flots, et serpente avec eux;
La prude est transformée en maligne gnomide;
La coquette, changée en légère sylphide,
Voltige dans les airs, sans se fixer jamais.

Vois cependant quels dons le destin nous a faits;
Nous pouvons, dégagés d'une chaîne mortelle,
Prendre à tous les instans une forme nouvelle,
Varier notre sexe, et combler les désirs
D'une beauté qui fuit les profanes plaisirs.
D'amoureux vainement une foule l'assiége;
De leurs soins assidus son sylphe rompt le piége.
Rien ne trompe son zèle et son activité :
Coups d'œil le jour; le soir, et dans l'obscurité,
Petits mots dits tout bas n'ont pour elle aucun charme.
Si de l'occasion le péril nous alarme,

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Si la danse l'anime, ou si de doux accens
Viennent trop agiter ou son âme ou ses sens
A sa vertu son sylphe assure la victoire;
Et l'honneur, vain fantôme, en a toute la gloire,
Parmi vous, il en est que le ciel en courroux
Livre aux soins inquiets d'un vieux gnome jaloux.
On les voit s'admirer, d'elles-mêmes éprises.
Le gnome, d'un rival craignant les entreprises,
Les enivre d'orgueil, et de leurs courtisans
Il leur fait dédaigner les vœux et les présens.
Au séduisant éclat d'une noblesse altière,
A l'aspect de l'étoile ou de la jarretière,
A l'approche d'un duc, à l'hommage d'un lord,
Le jaloux surveillant fait un nouvel effort.

D'autres gnomes, chargés d'un emploi moins stérile,
Président aux projets d'une coquette habile;
Ils dirigent les yeux d'une tendre beauté,
Donnent à ses regards un air de volupté;

Et quand, près d'un amant, son jeune cœur palpite,
Ils colorent son teint d'une rougeur subite.

De soins plus délicats un sylphe est occupé.
Tandis que le vulgaire imbécile et trompé

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