صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Clément ait eu des idées fi hautes du célibat, P. 54. St. Clément aux Corinthiens parle de la continence, qui eft clairement un vertu du célibat, dit le Docteur Grabe p. 19. Cela est équivoque, s'il entend que la continence eft une vertu appropriée au célibat tout feul à l'exclufion de l'état du mariage; cela eft faux, & il n'y a que les Encratites qui l'ayent dit: s'il entend après l'Ecriture & les Pères que la continence & la chalteté est une vertu commune aux gens mariés & aux non mariés, cela ne prouve rien pour donner la préférence au Célibat. Mais, dit notre Auteur, St. Jérôme parle hyperboliquement, p. 17. Qu'il le faffe tant qu'on voudra, on ne pour ra jamais à l'aide de la plus grande hyperbole, de rien en faire quelque chofe. Par exemple. Qui font ces hommes Apoftoliques, dont on puiffe dire fans hyperbole qu'ils ont écrit de la pureté du célibat, où trouve-t-on leur écrits? demande Mr. Lardner, p. 21. Si le titre d'homme Apoftolique eft une hyperbole, il a au moins quelque ombre de fondeinent; au-lieu que la préférence du célibat au mariage n'a aucun fondement dans les Epitres de St. Clément aux Corinthiens. Mais pour dire vrai, on fe joue ici de l'ambiguïté du mot Apoftolique, qui dans l'usage fignifie non feule ment les difciples des Apôtres au premier fiècle, mais qui s'étend auffi plufieurs fiècles plus loin, & c'eft dans ce dernier fens que St. Jérôme le prend, défignant Juftin, Methodius, Origène les Martyrs, Didyme l'Aveugle, Tertullien, Clément d'Alexandrie, & d'autres. Quoique les paffages de St.Clément aux Corinthiens regardent la chafteté conjugale ou la chasteté en général,neanmoins St. Ferôme l'a pu prendre dans un autre

Sens

fens dans la chaleur de la dispute (a), p. 19. On eft furpris que ces paroles ayent échappé au Dr. Grabe, qui avoit d'ailleurs un refpect furperftitieux pour les Pères de l'Eglife. Selon lui St. Je rome auroit railonné ainfi : St. Clément donne des louanges à l'état du mariage, donc il préfére le célibat. Il penfe & parle comme Jovinien, par conféquent il le contredit, & on peut fe fervir des mêmes paroles pour combattre l'opinion de Jo vinien. De cette manière on feroit oui de non, & non d'oui, & on pourroit continuer fans fin dans la chaleur de la difpute.

Surement Mr. Lardner n'auroit pas été capable de produire de pareils fophifmes, s'il n'avoit pas été ébloui par l'autorité des Docteurs Grabe & Cave. Il auroit été pourtant beaucoup plus naturel,au lieu de donner la torture aux paroles de St. Epiphane & de St. Jérôme, d'avouer que ces deux Pères avoient en vue les Epitres qu'on vient de publier, mais qu'ils s'étoient trompés en les attribuant à St. Clement. Car enfin, puifque ces Lettres exiftoient déjà vers le milieu du troisième fiècle,pourquoi chercher la citation de St. Férome dans une Lettre perdue, pendant que nous eri avons entre les mains qui la représentent parfaitement? Et fi St. Jérôme a pu citer la feconde Epitre aux Corinthiens comme de St. Clément, quoiqu'elle ne fût pas de lui, pourquoi n'auroitil pas pu citer les nôtres ? Apocryphe pour Apocryphe encore une fois, ne valoit-il pas mieux chercher la citation dans celui où on la trouve, plutôt qu'où on ne la fauroit trouver ?. D'autant

(a) Ab Hieronymo tamen Tom. L. Part. II.

plus

ALIORSUM TRAHI potuerunts
A a

plus que cet aveu n'auroit fait aucun tort au Systême de Mr. Lardner, fuppofé qu'il eût prouvé par des argumens internes, que la doctrine contenue dans nos Epitres, eft contraire à celle de St. Clément & de la vérité. C'eft ce que nous al-lons examiner en fecond lieu.

Fobferve,dit Mr. Lardner, que cet Ecrivain pouffe les éloges & la recommandation du célibat jufqu'à l'excès. Si je ne me trompe, je pourrois aisément montrer, qu'une bonne partie de ce que cet Ecrivain dit fur ce chapitre, n'eft point fondé dans la doctrine du N. T. Au lieu de cela jeremarquerai préfentement,qu'il diffère du véritable St. Clément. Il diffère auffi de ST. CYPRIEN & de ST. CHRISOSTOME, qui confeillent le mariage à ces vierges au cas qu'elles ne foient pas en état de persévérer dans la réfolation prife de vivre dans le célibat. Cet Auteur dédaigne de parler du mariage.Les vertus de cet état font audeffous de fon attention. Il eft furprenant que cet Auteur,pour prévenir les mauvaises confequen ces, ne fe foit pas cru obligé de dire quelque cho fe de la permiffion de la pureté du mariage. La baute idée que cet Ecrivain fe forme du célibat, fans dire la moindre chofe en faveur du mariage, me fait penser qu'il n'a pas écrit fitốt, pag. 49. &c. 1. Il n'eft pas vrai qu'il n'y ait pas la moindre chofe en faveur du mariage; car il dit expreffé. ment dans la première Epitre §. 4. que les Vierges faintes occuperont une place plus diftinguée, que ceux qui ont été mariés en fainteté, & dont le lit a été fans tache: ayant en vue le paffage de l'Epitre aux Hébreux XIII. 4. Le mariage eft ho norable dans tous les hommes, & le lit exemt de

ta.

taches. Pouvoit-on dire rien de plus fort en faveur du mariage, que ce que St. Paul, & après lui St.Clément, difent ici? Il eft vrai, Clément préfére le célibat au mariage, comme St. Paul préfére le mieux au bien, Corinth.v11.38.C'eft auf. fi conftamment la doctrine des Pères de l'Eglife (a).2. Il n'étoit pas néceffaire de confeiller le máriage à ceux qui n'avoient pas le don de continence; la nature elle-même dicte ce remède, & per fonne ne l'ignore. D'ailleurs St. Clément ayant écrit une lettre contre ceux qui rejettent le mariage, comme le témoigne Mr. Affeman (b), de quel droit pouvoit-on exiger de lui qu'il eût du fondre fes trois lettres en deux,ou plutôt en une? & les deux queftions étant tout à fait différentes & indépendantes l'une de l'autre,comment fe devoient conduire ceux qui avoient réfolu de vivre dans le célibat, ayant le don de continence? & comment fe devoient conduire ceux qui avoient pris la même réfolution, mais qui n'avoient pas le don de continence? St. Clément n'étoit-il pas libre de traiter une de ces questions fans toucher à l'autre? D'ailleurs, fi ceux à qui nos deux lettres s'adreffent, étoient véritablement tels que Mr. Lardner les décrit, ils n'étoient pas dans le cas d'avoir befoin de fe marier. Ils n'avoient aucune inclination pour le mariage, ils croyoient le célibat un état plus faint & plus honorable, ils avois ent donné des preuves fuffifantes de leur innocen ce, p.38. C'étoient, généralement parlant, des A a 2 gens (2) HIERONYMUS 1. c. Non eft detrahere nuptiis,cum ilis virginitas antefertur. Nemo malum bono comparat après Clément d'Alexandrie

(b) Dans l'indice du fecond Tome de la Bibliothèquâ Orientale.

gens vertueux. Ils étoient déterminés de fe con Jerver purs eux-mêmes,p. 48. Leur dire, mariezvous, auroit été un confeil autant hors de faifon, que fi on avoit confeillé de faire ce qu'on dit qu'Origène a fait. Et avec qui devoient ils fe marier? Avec des filles qui ayant pris la même réfolution étoient difpofées comme eux, ou avec "d'autres filles? Ce n'auroit été qu'un mariage de nom. Il est vrai, ce n'eft pas un article de foi, que de croire ces vierges auffi faintes & pures, que M. 'Lardner les fuppofe. St. Jérôme (a), dans la même lettre que Mr. Lardner cite pour prouver le contraire, fe moque ouvertement de la préten due vertu de ces Veftales, qui couchoient avec des hommes dans le même lit, & fe plaignoient que le monde étoit trop foupçonneux fur leur chapitre; St. Chryfoftome n'en avoit pas meilleure opinion (b). Mais dans cette fuppofition même, ces fauffes prudes n'auroient pas manqué de prendre les propos du mariage plutôt pour un affront, que pour un bon confeil d'un Directeur

charitable.

On auroit auffi fouhaité que Mr. Lardner nous eût indiqué, en quelle Eglife de l'Orient les Pasteurs n'entendoient pas la langue de plufieurs de leur troupeau vers le milieu du troisième siècle, où la coutume de fe faire laver les pieds par de vieilles femmes fubfiftoit encore? Il auroit dû auffi nous apprendre, quand ces Epitres ont été données à St.Clément, dont elles portent le nom préfentement? Et comment il eft arrivé qu'elles ont été placées dans le N. T. avec les Epitres Ca

(a) Qua nolunt effevirgines, fed videri, ibid. (b) Voyez SUICERI Thefaurus Eccles, in vocé Evrríoauton

« السابقةمتابعة »