صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

tinguées lorsqu'on les avoit fous les yeux, & qu'on les examinoit de près, comme Plutarque pouvoit faire; & qu'en même tems elles revenoient affez l'une à l'autre, pour que vues de plus loin, & lorfque l'ufage de l'une s'étoit établi au point de faire oublier l'autre, comme du tems du célébre Prélat, on ne fut plus en mar. quer la différence.

Outre l'ufage le plus ordinaire du Bouclier qu'il eft inutile d'indiquer, on s'en fervoit à bien d'autres chofes. Pour s'aprocher d'un mur fans craindre ce qu'on pouvoit jetter d'enhaut, un certain nombre de foldats élevoient leurs Boucliers fur leurs têtes, de façon que ces Boucliers fe touchoient tous, & alloient en s'élevant en de vant. Cela faifoit une efpèce de toit, qu'on appelloit tortue. Le Bouclier en cas de befoin étoit un parepluie. On s'en aidoit pour paffer des rivières à la nage. On remportoit du combat fur des Boucliers les bleffés & les morts. Quand les fol. dats prenoient du repos ils fe couchoient fur leurs Boucliers, ou du moins les faifoient fervir de chevet. L'inauguration des Empereurs & des Généraux s'eft louvent faite en les élevant fur un Bouclier. On a quelquefois écrit des Traités d'Alliance fur des Boucliers. Les Dames Spartaines s'en fervoient en guife de berceau, & même elles avoient la fantaifie d'accoucher fur un Bouclier. On fufpendoit des Boucliers dans les Temples pour monument de la gloire des Grands-hommes. On en employoit dans des cé rémonies de Religion. Enfin il y en avoit qui étoient des objets de culte. Tel étoit à Argos le Bouclier qui a donné lieu à Callimaque de faire

un bel hymne. Quelque complette que paroiffe cette énumération des ufages du Bouclier, on pourroit encore y ajoûter: par exemple, on pourroit remarquer que les foldats s'en font quelquefois fervis pour recevoir l'eau de la pluye & pour boire, & l'on allégueroit pour le prouver la Légion fulminante & la Colonne Antonine. On pourroit de même dire que le Bouclier a fouvent été employé comme Arme offenfive à pouffer & à renverfer les Ennemis, & renvoyer là-deffus à Jufte Lipfe dans fon Traité de Militia Romana Livre III. Dialogue II.

On gravoit fur les Boucliers différentes figures d'Hommes, d'Animaux, de Fleurs, de Couronnes. Quelquefois on y repréfentoit des traits d'hiftoire. On a trouvé dans le Rhône près d'Avignon un Bouclier qui eft à préfent dans le Cabinet du Roi de France, où l'on voit Allucius, jeune Prince Cantabre, qui reçoit fon épouse de la main de Scipion. L'Auteur a fait graver une Eftampe qui représente ce Bouclier. Il a fait la même chofe d'un autre Bouclier, que l'on conferve à Londres, & qui repréfente Brennus exigeant de l'argent des Romains après la prise du Capitole, & Camille venant au fecours de ceuxci. Une pareille repréfentation du Bouclier d'Achille, tel qu'il a été expliqué par Mr. Boivin, orne le frontifpice du Livre.

On gravoit quelquefois des infcriptions fur les Boucliers. C'étoit ou une fentence, ou quelque vau, ou une devife. Les Lacédémoniens y mettoient un L pour se reconnoître, & les Sicyoniens une 3.

On avoit grand foin de tenir les Boucliers pro

pres

pres & polis. Quand on ne s'en fervoit pas, on les mettoit dans des étuis.

Il y avoit des loix très-févères contre ceux qui vendoient ou mettoient en gage leur Bouclier, & furtout contre ceux qui le jettoient dans le combat.

ARTICLE IV.

FLORA SIBIRICA, five Hiftoria Plantarum Sibiriæ. Tomus II. continens Tabulas ari incifas XCVIII. Petropoli ex Typographia Academie Scientiarum 1749.

C'est-à-dire,

LA FLORE de SIBE'RIE, ou Hiftoire des Plantes de Sibérie. Tome II.contenant XCVIII. Planches, A St. Pétersbourg, de l'Imprimerie de l'Académie des Sciences 1749.4. PP. 240. Jans les deux Tables de matières, & la Préface qui

en a 24.

R. Gmelin, Editeur de cette Hiftoire des

Plantes de Sibérie, auroit fort fouhaité, d'épargner au Lecteur la peine de lire une Préface au devant de ce fecond Tome, furtout après, en avoir mis une très-ample à la tête du premier, volume, où il parle fort au long de la Flore de Sibérie en général:mais les Claffes des Plantes qu'il donne dans ce fecond Tome font fi compofées, que fi l'on veut examiner avec quelque attention, les Genres qu'elles comprennent, on trouvera qu'il y a beaucoup de chofes à reprendre, tant par rapport à leurs définitions, que par rapport aux

C 5

mar

marques par lefquelles on les diftingue: il étoit donc très à propos que Mr. Gmelin rendît préa. lablement compte de fon travail.

On ne fauroit rien ajoûter à l'exactitude avec laquelle le célèbre Botanifte Vaillant a traité les Plantes qu'on nomme compofées & aggrégées ; il a fuivi la Nature pas à pas, & n'a rien négligé de ce qui méritoit d'être confidéré, & qui pouvoit en quelque façon contribuer à rendre les caractères qu'il en donnoit plus faciles,& fon fyf-" tême plus intelligible. Mais pourquoi donne-t-on des caractères aux Plantes, fi ce n'eft pour en faciliter la connoiffance à ceux qui s'appliquent à les connoître? Le nombre en eft tellement accru, qu'il n'eft guères poffible de fe les imprimer dans la mémoire fans le secours d'un bon ordre & d'u¬ ne méthode claire. Pour cet effet les Botanistes ont divifé toutes les Plantes en Claffes, dont chacune a fes caractères propres,qui n'appartiennent à aucune autre: ces Claffes font enfuite foudivifées en Ordres, & ces Ordres en Genres; de manière que le Genre d'un certain Ordre ne fauroit être rangé fous une autre Claffe, que fous celle où fes caractères l'ont une fois placé.

Les Botanistes se font apperçus que Vaillant, quoiqu' obfervateur fcrupuleux, s'étoit quelquefois trompé : il a diftribué les Plantes compofées de Mr. van Royen en trois Claffes, & il femble d'abord que ces Claffes diffèrent entr'elles: mais pour qu'une divifion foit jufte & philofophi que, il eft néceffaire que toutes les Plantes d'une Claffe fingulière, & chaque Plante prise à part, ne puiffe être rangée fous une des deux autres ClafLes. Or la fleur du Hieracium,que Vaillant nom

me

me Pilofelloïdes ftoribus flofculofis, a une gran de affinité avec la fleur d'une Plante d'une autre Claffe,Vaillant croit à la vérité qu'elle s'en diftingue affez par les caractères qu'il indique, mais Mr. Gmelin prouve qu'il fe contredit lui-même. Il remarque encore qu'en fuivant Vaillant, on ne fauroit bien diftinguer une certaine Claffe de l'autre, lorfque la polygamie des Plantes,comme dit Mr. Linnæus, est égale. Notre favant Botaniste paffe enfuite en revue diverses Plantes,à l'égard defquelles il trouve que Vaillant s'elt trompé;& il fe déclare pour le fentiment de Mrs. van Royen & Haller, qui n'ont fait qu'une Claffe de certaines Plantes, dont Vaillant en avoit fait trois différentes.

Vaillant n'a pas mieux réuffi, fuivant Mr. Gmelin, dans le partage qu'il a fait des Genres, que dans celui des Claffes, comme il le fait voir par des exemples. Mr. Gmelin ne trouve pas les marques diftinctives que Vaillant a données aux Hieracium & aux Hieracioïdes, & avant Mr. Gmelin le célèbre Ludwig les avoit déjà jointes comme ne faifant qu'un même Genre, & Mr. Linnæus ajoûte à la dernière une autre qu'il nomme Crepis; mais notre Auteur est d'avis avec Mr. Haller, que cette dernière Plante doit être rangée dans le Genre de la Scorzonère.Mr. Gmelin ne voit pas pourquoi quelques Botanistes modernes ont joint enfemble le Dens Leonis & la Taraxaconois de Vaillant; & il prouve que les raifons qu'ils ont alléguées pour défendre leur fentiment, ne fuffi fent pas, & que la dernière dé ces Plantes appartient pareillement au Genre des Scorzonères. Ce que Mr. Gmelin vient de remar

quer

« السابقةمتابعة »