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des émotions dont ses facultés étaient ellesmêmes la source et l'objet. Cette manière de sentir, M. Stapfer l'appelle une illusion d'optique Psychologique; et il faut convenir qu'il est impossible de parler avec plus de respect des hallucinations d'un grand homme. Mais, malgré la délicatesse de l'expression, et, si l'on veut, sa justesse apparente, c'est ici que se trouve l'erreur. Pour que ces fausses perceptions de Socrate n'eussent constitué qu'une illusion, ou plutôt une méprise compatible avec un état de raison réellement intact, il eût fallu que ce philosophe ne les eût éprouvées qu'accidentellement, et surtout que, s'en rendant parfaitement compte, il ne les eût jamais prises que pour ce qu'elles étaient, ainsi que cela peut avoir lieu dans certains cas de folie sensoriale commençante. Mais il en était tout autrement. Socrate, ainsi que le reconnait M. Stapfer, voyait dans son démon, un être bien déterminé, bien réel, dont l'action sur lui

Une question pour trancher la question. Un philosophe qui aujourd'hui se prétendrait en communication directe avec la divinité, et dirait en entendre la voix, lui donnerait-on une chaire à la faculté des sciences ou une cellule à Charenton ?

avait fini par être presque incessante; et, bien que ce philosophe partageât les croyances superstitieuses générales, il ne regardait pas', contrairement à l'opinion de M. Stapfer, le privilège de cette divine assistance comme une chose tellement commune, qu'il ne dise, dans le VI livre de la République, à propos de son signe démoniaque, qu'on trouverait à peine de cela un autre exemple scit dans le présent, soit dans le passé.

Après n'avoir ainsi vu dans les hallucinations bien formelles de Socrate qu'une sorte d'erreur d'optique intrà-cérébrale, et avoir cherché à établir, entre ce fait et celui d'une raison intacte et souveraine, une alliance qui n'est pas dans la nature des choses, M. Stapfer ne regarde pas même comme une extase l'hallucination en quelque sorte cataleptique du siége de Potidée, et il ne la considère que comme le résultat presque sublime d'une concentration intellectuelle, toute raisonnable et toute libre; ce qui ne saurait être, comme on le sent bien. Enfin, bien qu'il avoue qu'en Socrate la croyance en son génie ait été quelquefois voisine de la superstition et de l'entétement, il est si éloigné de voir dans ce philosophe, un

Théosophe ou un Visionnaire, qu'il blàme l'auteur du voyage d'Anacharsis de parler du fait du démon de Socrate, comme d'un trait de bizarrerie calculée, ou d'une preuve de travers d'esprit. Cette dernière partie de l'opinion de Barthélemy est pourtant la seule explication qui approche de la vérité. Mais elle est loin d'être la vérité tout entière, et il n'y a que celle-ci qui puisse faire comprendre Socrate et ses inspirations, ses croyances et celles de son époque, ainsi que je l'ai peutêtre surabondamment prouvé. Aussi vais-je, en terminant, résumer tout ce long exposé de faits, d'opinions, d'explications, de preuves, sur sa Psychologie en général et sur son Démon en particulier, deux choses inséparables, qui doivent marcher parallèlement, et s'expliquer l'une par l'autre ; c'est-à-dire que je vais, en quelques pages, faire du fils de Sophronisque une biographie complète et vraie, un portrait ressemblant.

Chapitre Quatrième.

RÉSUMÉ

DE LA

BIOGRAPHIE PSYCHOLOGIQUE DE SOCRATE.

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