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la connaissance des hallucinations, n'était pas seulement celle des philosophes, c'était et ce devait être encore, à peu de chose près, celle des médecins. Ils n'eussent été, sans cela, ni de leur époque, ni de leur religion, et c'est là un privilége qui n'est accordé à personne. Assurément, dans quelques cas de prétendue inspiration, ils étaient en droit de concevoir des doutes qui ne pouvaient entrer dans l'esprit des philosophes, parce qu'ils étaient à même d'apprécier, mieux que ces derniers, la nature de l'intelligence humaine, et de plusieurs de ses modes de perversion. Ils connaissaient, par exemple, ces erreurs de perception, en vertu desquelles les maniaques, se trompant sur leur propre nature et sur celle des êtres qui les environnent, les prennent ou se prennent eux-mêmes pour un animal, une plante, un objet inanimé ; ils connaissaient encore, jusqu'à un certain point, les hallucinations, forme de la folie, où il se produit des sensations qui

Col. Aurelianus commence le chap. v du livre i des Maladies chroniques, par rappeler la division du délire faite par PLATON, en délire corporel ou morbide, et délire inspiré par les Dieux ou par Apollon. Arétée (Morb. Diut., 1.6) admet aussi une espèce de manie produite par le souffle divin.

n'ont aucune cause dans le monde extérieur ; et ils les connaissaient surtout dans les cas de délire aigu, appelés alors du nom de phrénésie et de paraphrénésie. Ils pouvaient ainsi parfois démasquer les jongleries des charlatans, ou prendre pour ce qu'elles sont les convulsions des épileptiques, comme cela se voit notamment au livre De Morbo Sacro, attribué à Hippocrate. Mais cela n'allait pas et ne devait pas aller plus loin; et il ne pouvait leur venir à l'idée de rapporter, la plupart du tems, à une maladie de l'encéphale, ou à une perversion de l'intelligence, les contorsions de leurs Pythies, ou les avertissemens démoniaques de leurs Dieux.

I.

DES

HALLUGINATIONS

AU DÉBUT DE LA FOLIE.

[ 1851. ]

La mélancolie des Anciens et de beaucoup

'Les anciens, comme on sait, regardaient la mélancolie originelle ou le tempérament mélancolique comme l'attribut du génie, ou au moins comme une de ses conditions les plus fréquentes. C'est ainsi qu'Aristote (Problem., sect. xxx) considère comme des mélancoliques ou comme des extatiques, Hercule, Bellerophon, Ajax, Empedocle, Lysandre, Socrate et Platon lui-même. Cette opinion ne veut dire autre chose, sinon qu'il est d'une observation très reculée, que les hommes éminens par la profondeur et la circonscription de leurs pensées sont disposés à les prendre pour les choses ellesmêmes, et à les convertir en sensations externes, ce qui est un acheminement à la folie sensoriale, à la folie de Cardan et de Socrate.

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