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que, surtout dans la période avancée de sa vie, il eût pu se faire payer fort cher. Mais il ne voulut jamais rien accepter d'aucun de ses disciples, au delà, au moins, du nécessaire 1; et Criton lui-même, qui l'avait tiré de sa boutique de sculpteur, pour lui donner les moyens de philosopher à son aise, ne put ensuite venir à bout de vaincre sa résistance à cet égard 2.

si

Ce Socrate, au reste, si pauvre et pourtant

peu nécessiteux, qui n'avait qu'un manteau pour l'été et pour l'hiver, qui marchait nupieds en toute saison, parce qu'il ne sentait pas le besoin de chaussures 3, à qui la pompe et l'appareil du luxe n'arrachaient que ces paroles: « que de choses dont je n'ai pas besoin!4», Socrate n'était ni sale dans ses vêtemens 5, ni

PLATON: Apologie., p. 72.— XÉNOPHON : Memorab., lib. 1, p. 721.

2 PLATON: Criton.

3 PLATON Banquet, p. 267; Phèdre, p. 284. XENOPHON Memorab., lib. I

p. 9

730.

4 «Quàm multa non desidero!» CICERON: Tuscul. quæst., lib. v, s. 32. — D:OGÈNE-LAÊRCE : lib. 11, s.

25.

5 XENOPHON Memorab., lib. 1, pag. 712. - DIOGÈNELAERCE: S. 28 et 36.-ELIEN: Hist. var., lib. iv, c. 11.

ennemi de la gaîté et des plaisirs '. C'était lui qui voyait poindre la vanité d'Antisthène à travers les trous de son manteau 2, et, loin d'imiter en cela le futur chef du Cynosarge, il savait mettre une robe neuve et des sandales, quand il allait diner chez Agathon 3. Là, il n'était ni le moins gai, ni le moins engageant des convives 4, et il n'y avait pas de buveur qui pût lui tenir tête 5. Ainsi, sans aller lui-même jusqu'à l'intempérance, il savait encore ici faire comme et mieux que les autres, aussi bien qu'en matière de guerre, d'obéissance aux lois et de respect à la religion de l'État.

Il y avait pourtant, ce me semble, et bien qu'on ait prétendu le contraire, un point dans

'PLATON: Banquet, p. 267.

2 DIOGÈNE-LAERCE: lib. 11, s. 36.-ÆLIEN: Hist,var., lib. ix, c. 35.

3 PLATON: Banquet, p.168.

11, s. 28.

4 XENOPHON : Banquet, p. 878.

DIOGENE-LAERce, lib.

5 PLATON Banquet, p. 173, 254, 267, 274.-PORPHYRE dans Théodoret : Græc. Affect. cur., serm. xi.

6 ELIEN: Hist. var., lib. iv, cap. 21.— TERTULLIEN: Apologet., p. 76. — ATHÉNÉE : Deipnosoph., lib. v, cap.

XIX.

THEODORET: Græc. Affect. cur., serm, xu.— - Voir

lequel il différait d'Athènes, de la Grèce entière, et même de plusieurs de ses amis et de ses disciples. Je veux parler de ce sale amour grec, dont brûlait toute l'antiquité, et qu'elle regardait même comme plus noble, plus élevé, plus céleste que l'amour ordinaire 2. Les anciens, les Grecs surtout, dans leur dédain

pour les fondemens de cette imputation le Banquet, le Philébe, le Phèdre, le premier Alcibiade, les Rivaux, le Charmide, le Protagoras.- Porphyre, dans Théodoret, serm. xi, prétend, en outre, que Socrate avait été le mignon d'Archelaüs, son maître : « Decimum verò ac septimum agenti annum (fama percrebuit) accessisse Archelaüm, Anaxagoræ discipulum, qui se diceret amore ejus correptum; Socratem verò, amatoris occursum ac familiaritatem minimè aversatum, multos illi annos convixisse, eoque pacto ab Archelao ad philosophiam traductum esse.» Quand ce fait serait vrai, il n'en serait que plus honorable pour Socrate d'avoir pu renoncer à de pareilles habitudes.

I

' SAINT-PAUL: Épître aux Romains, ch. I, v.

27.

2 PLATON: Banquet, p. 184 et suiv. On voit, dans ce Dialogue que, chez les philosophes grecs eux-mêmes, l'amour des femmes, désigné sous le nom de Vénus populaire, était regardé comme bas et honteux, tandisque celui du sexe mâle, qualifié de l'énus céleste ou Uranie, était le seul amour qu'un galant homme pût.

avouer.

pour le sexe faible', voyaient, dans ces rapports d'intimité charnelle entre deux amis, un lien qui donnait plus de force à un sentiment si nécessaire dans ces temps de violentes passions et de lois souvent impuissantes, une cause de noble émulation et de vertueux dévouement, un moyen, il faut le dire, de perfectionnement moral et intellectuel 2. Or, Socrate ne garda de tout cet amour, que lui-même appelait infàme 3, que la forme, l'apparence, et, si je puis parler ainsi, l'intellectualité. Mais il n'alla pas

'Socrate ne partageait pas non plus ce sentiment. Sans doute, il ne voulait pas faire de la femme une Bradamante, ou un Lycurgue. Il entendait mieux ce qui convient à sa nature et à son bonheur. Il voulait qu'il régnât la plus pleine confiance entre les époux; que la femme fût maîtresse au logis, mais dans le cercle seulement de ses attributions; que son mari n'eût pas de meilleur ami, de plus intime confident qu'elle; et il ⚫ rendait presque ce dernier responsable des fautes qu'elle pourrait commettre. C'était là une philosophie domestique bien sage et bien avancée. ( XÉNOPHON : Econom., p. 827, 826.)

2

PLATON: Banquet, p. 178 et seq.

3 PLATON: Phédon, p. 184; Lysis, p. 228, 249.XENOPHON Memorabilia, lib. 1, p. 716, 724, 730; lib. , p. 753; lib. IV, p. 790.

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plus loin '; et, pour s'en convaincre, il suffirait de lire le passage suivant, que j'extrais du banquet de Platon, et où Alcibiade, entre deux vins, raconte, d'une manière un peu graveleuse, la résistance de son maître à toutes les avances qu'il put lui faire.,

«Je me trouvai donc en tête-à-tête avec >> lui; je m'attendais qu'il ne tarderait guère » à engager ce genre de propos, que tout >> amant adresse à son bien-aimé, quand il est >> seul avec lui, et je m'en réjouissais déjà. Mais >> il n'en fut rien absolument. Socrate demeura » toute la journée, s'entretenant avec moi à son >>> ordinaire, puis il se retira. Après cela, je le >> provoquai à des exercices de gymnastique :

je m'essayai avec lui, espérant par-là gagner >> quelque chose. Nous nous exerçâmes sou>> vent, et nous luttâmes ensemble sans té» moins. Que vous dirai-je, mes amis, je n'en » étais pas plus avancé. Voyant qu'ainsi je » n'obtenais plus rien, je me décidai à l'atta» quer vivement, à ne point lâcher prise,

' PLUTARQUE: Vie d'Alcibiade, ch. vi, VII, IX. — DIO GENE-LAERCE, lib. 11, s. 31. — MAXIME DE TYR: Dissertatio xiv, p. 259.

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