صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

de-Bretagne étoit autrefois connu fous le nom d'Albion. Les Anciens en avoient une idée fi peu jufte, qu'ils fuppofoient la plupart qu'elle regardoit l'Espagne à l'Occident. A peine mê me favoient-ils qu'elle fût une Ile. Elle étoit dès-lors extrêmement peuplée, & contenoit bien des Nations diftinguées les unes des autres, & même d'une origine différente. Les Calédoniens établis dans la partie la plus feptentrionale paroiffent à Tacite devoir être regardés comme, une peuplade de Germains. Les Bretons voifins de la Gaule reffemblaient aux Gaulois. Cefar affure que toutes les côtes de cette Région étoient remplies de Belges tranfplantés qui y con fervoient encore les noms des Peuples dont ils étoient des Colonies. Tacite y joint d'autres conformités: mêmes rits religieux, & même attache à leurs opinions fuperftitieufes: un langage peu différent: même caractère d'audace à cou rir au danger avant qu'il fût préfent, & de timidite lorfqu'ils s'y trouvoient engagés. Il remar-, que cependant qu'il reftoit plus de fierté chez les Bretons, parce qu'ils n'avoient pas encore été amollis comme les Gaulois par une longue paix., Horace repréfente les Bretons comme infociables avec les étrangers (a), auxquels les Gaulois aucontraire ont toujours fait bon accueil.

3

Les moeurs des Bretons étoient très-fimples," & avoient toute la groffièreté d'une nature bru te & fans aucune culture. Ceux qui habitoient l'intérieur de l'Ile ne femoient point de bled. Ils vivoient du lait & de la chair de leurs beftiaux

(a) Britannos hofpitibus feros, Od. III. 4.

&

[ocr errors]

& apparemment auffi des animaux qu'ils prenoient à la chaffe. Des peaux de bêtes faifoient leurs habillemens. Leurs villes étoient de grands clos au milieu des forêts, fermés de haies, environnés de foffés, & remplis de cabanes, où ils se retiroient pêle-mêle avec leurs troupeaux, en cas de befoin. Céfar dit que leurs bâtimens étoient femblables à ceux des Gaulois. Il leur attribue une horrible extinction de toute pudeur naturelle. Ils vivent, dit-il, dix ou douze hommes, en commun, frères, pères, enfans, avec autant ou plus de femmes; & ce qui naît de ces conjonctions abominables paffe pour appartenir à celui qui a époufé la mère lorfqu'elle étoit encore vierge. Strabon rapporte à peu près la même chofe des habitans de l'Hibernie; & St. Jérôme témoigne que tel étoit encore l'ufage de fon tems parmi les Peuples barbares qui occupoient le Nord de la Grande-Bretagne.

L'étain de Cornouaille, aujourd'hui encore fi recherché, faifoit autrefois le principal commerce de la Grande-Bretagne. Ce commerce est très-ancien, & les Phéniciens l'ont fait feuls pendant long-tems. Les autres marchandises que l'on tiroit de cette Ile, étoient l'or, l'argent, le -fer, des fourures, des efclaves, des chiens excellens pour la chaffe.

La principale force des Armées des Bretons · confiftoit dans l'Infanterie. En allant au combat ils fe peignoient le corps avec le pastel, en bleu foncé tirant fur le noir, s'imaginant par-là paroître plus terribles aux ennemis. Leurs femmes employoient auffi fur elles cette même couleur. Le gouvernement des Bretons avoit varié du

tems

tems de Tacite. Après avoir eu longtems des Rois, il s'étoit introduit parmi eux une espèce d'Ariftocratie, qui ne fervoit qu'à partager leurs forces entre plufieurs Chefs, & à les empêcher

de fe réunir.

Cefar eft le premier des Romains qui ait paffé dans la Grande-Bretagne. Ses exploits ne furent pas fort confidérables; il vainquit moins les Bretons, qu'il n'apprit aux Romains à les connoître. Augufte fe contenta d'obliger les Rois & les Peuples de cette Ile, au-moins les plus voifins de la Gaule, à lui envoyer des Ambaffadeurs, & à payer des droits fur toutes les marchandifes qui entroient de leur païs dans les Gaules, ou que l'on portoit des Gaules dans leur païs. Tibère prit l'exemple d'Auguste pour lui. Les projets de Caligula fur la Grande-Bretagne fe réduisirent, comme nous l'avons dit, à ramaffer des coquilles.

Ce fut fous Claude que les Romains s'y établirent. Il y envoya Plautius; & fur la nouvelle des fuccès de ce Général, il s'y rendit luimême pour commander fon Armée en perfonne. Il s'embarqua à Oftie, vint à Marseille, & ayant traversé toute la Gaule, il reprit la Mer à Gefforiacum (a), fit le trajet, & joignit fon Armée fur les bords de la Tamife. Dion affure qu'il paffa cette rivière, & il lui fait honneur d'une bataille gagnée fur les Barbares, & de la prise de Camulodunum (b). Mais, felon Suéto

Boulogne fur mer.

ne,

C'est aujourd'hui Maldon felon Camden. Mais un favant Anglois réfute ce fentiment, & place cette Vilie à un mille du Bourg de Walden, dans la Province d'Effex,

eg

[ocr errors]

l'Empereur ne fut occupé, pendant le fé jour qu'il fit dans la Grande-Bretagne, qu'à recevoir les foumiffions des Peuples vaincus ; il ne donna pas le plus léger combat, il n'y eut pas une goutte de fang ennemi répandue. Il eft trèspoffible que Dion ait attribué à Claude les exploits de Plantius fon Lieutenant. Le féjour de ce Prince dans l'Ile ne fut pas long : il n'y demeura que feize jours, après lefquels il repartit pour s'en retourner à Rome, où le Sénat lui prodigua tous les honneurs imaginables, le Triomphe, le furnom de Britannicus, deux Ares de Triomphe, & une Fête anniverfaire pour immortalifer la mémoire de fes exploits. Son Triomphe fat célébré avec toute la magnificence poffible; & dans les jours qui le fulvirent, il fe donna des Jeux de toute espèce, Courses de chariots dans le Cirque, Combats d'Athlètes, Chaffe aux Ours, Pièces de Théatre, Danse militaire exécutée par de jeunes gens que l'on avoit fait venir d'Afie.

Tandis que Claude célébroit fes prétendues victoires, les Bretons, qui n'étoient point enco→ re vaincus, défendoient leur liberté, & soutenoient la guerre contre Plautius, qui étoit refté dans le païs avec de grandes forces. Vefpafien fe diftingua beaucoup dans cette guerre. Il livra trente combats contre l'Ennemi, prit vingt vilfes, foumit deux Nations Britanniques, & s'empara de l'Ile de Wight. Plautius, après avoir paffé quatre ans à étendre & à affermir fes conquêtes, réduifit enfin en Province Romainé une grande

en tirant vers l'Occident. Voyez le Dictionnaire de la Martiniere au mot Camulodunum.

grande partie des païs qui environnent la TamiJe au Sud & au Nord.

Je bornerai l'Extrait de l'histoire de Clande à cette expédition, Elle contient encore divers autres évènemens, dont les détails déjà curieux & intéreffans par eux mêmes, le deviennent encore davantage par les réflexions fages & judicieufes dont l'Auteur les accompagne.

ARTICLE IX.

LETTRES Hiftoriques & Dogmatiques fur les Jubilés & les Indulgences à l'occafion du Jo BILE' UNIVERSEL célébré à Rome par Benoît XIV. l'An MDCCL. & étendu à tout le Monde Catholique-Romain en MDCCLI. par Charles Chais, 3 Tomes, pag. 930, fans compter la Table des matières, & la Bulle d'in diction, la Lettre circulaire du Pape avec quelques autres Pièces rélatives à cette matiè re, faifant CLXXII. pag. A la Haye, chez Jean Swart 1751, avec approbation des Eglifes.

Q

Uand cet Ouvrage n'auroit pas d'autre recommandation que le nom de l'Auteur, il pourroit être fûr d'être bien reçu. Mr. Chais est trop connu dans la République des Lettres pour qu'ilfoit befoin de nous étendre fur ce fujet ; mais le Livre pouvoit auffi-bien fe paffer de la réputa tion de l'Auteur, qu'elle pouvoit fe paffer du Livre; & l'on ne peut que favoir un gré infini à cet illuftre Savant, de ce qu'au milieu des pénibles fonctions de fon Ministère, il trouve encore des veil

L 4

« السابقةمتابعة »