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METHODE pour faire un Aiman artificiel, sans le fecours de l'Aiman naturel, communiquée à la Société Royale de Londres, par JEAN CANTON. Maître-ès-Arts, & Membrede ladite Société. A Londres MDCCLI.

E grand fervice que Mr. Canton rend au Monde, en publiant généreufement cette Découverte importante, mérite bien qu'on le faffe connoître. C'est un homme, qui par la fagacité de fon génie jufte, actif & pénétrant, s'eft élevé de lui-même & fans Maître au-deffus du rang que la Nature & la Fortune sembloient lui avoir affigné. Il a fait, fans autre Guide que les Livres, des progrès fi furprenans dans la plupart des Sciences pratiques, fur-tout dans les Mathématiques, & la Phyfique expérimentale, qu'il s'eft attiré l'attention & l'eftime des Sçavans, & que, fans avoir brigué ces honneurs, il fe voit aujourd'hui aggrégé à la Société Royale & Docteur en Philofophie de l'Univerfité d'Aberdeen.

Si l'ufage autorifoit l'éloge des Vivans, je parHerois de fes autres Découvertes, en particulier du Micromètre qu'il a inventé, ou du-moins perfectionné, avec lequel les Curieux font en état de mefurer dans la dernière exactitude les plus petits objets. Mais il n'en faut pas davantage pour le rendre célèbre, que ce Secret admirable de faire un Aiman artificiel fupérieur en force & en vertu à l'Aiman naturel, qu'il découvre au Public fans autre vue d'intérêt que l'utilité commune. Car c'est bien l'avoir publié, que d'en

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avoir

avoir fait part à la Société Royale, qui l'impri mera en fon rang dans fes Mémoires. Mais ce tems étant encore bien éloigné, & tout le monde n'entendant pas l'Anglois, nous en avons fait une Traduction fidèle, collationnée avec l'Original, en présence de l'Auteur; & perfuadé qu'il ne nous desaprouvera pas, nous la donnons dans ce Journal, pour fatisfaire la jufte impatience & l'empreffement des Curieux.

Et comme un Ecrivain plein de fon fujer ne s'exprime pas toujours avec autant de clarté que fes lecteurs le fouhaiteroient pour le comprendre parfaitement, fur-tout lorfqu'ils ne font pas à por tée de voir faire l'expérience, nous, qui non feu · lement en avons été témoins, mais qui avons encore fait l'expérience même fous les yeux de l'Auteur, nous avons pris la liberté d'ajouter parci par-là des Notes, qu'on trouvera ici fous le texte, & qui nous ont paru néceflaires pour mettre les Etrangers en état de procéder à l'opération avec fuccès. Ce qui fuit eft un préambule écrit par le Président de la Société Royale.

Le jeudi 28 Janvier 1751, jour d'Affemblée de la Société Royale (a), le Préfident déclara en présence de tous ceux qui s'y trouvoient, que Mr. Jean Canton, du nombre des Affociés, s'étant appliqué pendant très-longtems & avec une extrême diligence à faire diverfes Expériences de Phyfique, avoit, entr'autres, tâché de communiquer la vertu magnétique à des Barres d'acier trempé ; qu'il y avoit réuffi jufqu'à fe voir en état de les imprégner de cette vertu dans un degré égal, & peut-être fupérieur à celui qu'il

(a) La Société s'affemble tous les jeudis.

avoit vu, ou qu'on lui avoit dit être dans des Barres des mêmes poids & des mêmes dimenfions que les fiennes, imprégnées par d'autres perfonnes (a); & dans le plus haut degré dont ces mêmes Barres foient, felon lui, fufceptibles de leur nature; & que là-deffus il étoit alors déterminé & préparé à faire quelques-unes de fes expériences devant les Membres de la Société, & à leur découvrir fon fecret fans réferve avec la manière de le réduire en pratique; par où il pouvoit, dans une demi-heure de tems, communiquer à fix Barres d'acier trempé, auparavant totalement deftituées de vertu magnétique quelconque, le plus haut degré de cette vertu qu'elles fuffent capables de recevoir. Et cela fans l'entremife ou le fecours d'aucune Pierre d'aiman, ou d'aucun Morceau d'acier, auquel on eût fait paffer, d'avance & à deffein, quelque vertu magnétique.

Alors le Préfident remit au Sécretaire l'Ecrit dont fuit la copie, & qui contient, dans les propres termes de Mr. Canton, l'entière defcription de fa Méthode, avec des Directions fuffi. fantes pour mettre tout autre que lui en état de faire aifément la même chofe. Après cela Mr. Canton fit fur le champ l'expérience même, telle qu'elle eft détaillée dans cet Ecrit, avec quelques autres, qui toutes réuffirent à la grande fatisfaction des Spectateurs. Mais comme il crai

gnoit

(a) Mrs. Knight & Mitchel, qui font, avec Mr. Canton, les feuls qu'on fache jufqu'à-préfent avoir découvert ce fecret. Le premier n'a pas encore publié fa méthode; Mr. Mitchel l'a fait, mais d'une manière fi obfcure & fi embrouillée, qu'on n'en étoit pas plus avancé. Nos Nouvelles en ont parlé, 04

gnoit que l'émotion, que lui caufoit la présence de tant de dignes Perfonnages, pour qui il fe fentoit pénétré de refpect, ne l'empêchât de faire fes expériences avec autant de fuccès qu'il l'auroit pu dans d'autres circonftances, ou de donner à fes Barres le même degré de force qu'il avoit fouvent communiqué auparavant à des Barres de la même forte, il fouhaita de s'en rapporter, pour ces particularités, à ce qu'en avoit déjà vu & noté, depuis peu de jours, le Président de la Société, qui là deffus rapporta, comme il dit le pouvoir faire fidèlement, & autant qu'il avoit été capable de les obferver & d'en juger, les Faits fuivans.

Que s'étant trouvé un jour avec Mr. Jean Ellicot, Membre de la Société, chez Mr. Canton, dans la Cour de Spitalfields, près la rue de Bishopgate, il l'y avoit vu communiquer la vertu magnétique, de la manière exprimée dans cet Ecrit, à fix Barres des mêmes dimenfions qui y font fpécifiées, & pefant, prises ensemble, chacune environ une once & trois quarts, poids de Marc. Qu'avant l'opération ces Barres étoient totalement infentibles à l'Aiguille aimantée d'u ne Bouffole, de quelque côté qu'on les y préfentât; mais qu'après avoir été imprégnées, l'une ou l'autre de ces Barres levoit fortement & diftinctement, par un de fes bouts, vingt-huit onces, poids de Marc, & que toute l'opération pour leur donner cette vertu, avoit pris à près trente minutes.

peu

Qu'outre cela Mr. Canton lui avoit montré, en même tems, deux Barres plus grandes que les précédentes, chacune de la groffeur d'un

demi-pouce en quarré, longues de dix pouces & demi, & du poids d'environ dix onces & deinie, lefquelles, à ce qu'on lui avoit dit, avoient été, mutatis mutandis, imprégnées comme les précédentes Qu'à-la-vérité il n'avoit pas vu communiquer la vertu à ces Barres, mais qu'il avoit vu faire l'effai de leurs forces, & qu'une des deux avoit levé par un bout, en fa préfence, foixante-dix-neuf onces & demie, poids de Marc.

Qu'on lui avoit auffi fait voir un Aiman d'acier d'une autre forme, plat & fémicirculaire, pefant une once & treize vingtièmes, & qu'en appliquant à-la-fois les deux bouts de cet Aiman à un morceau de fer, il avoit levé, devant lui, quatre-vingt-dix onces, poids de Marc.

Que Mr.Canton lui avoit appris auffi en même tems la manière dont on pourroit ôter fur le champ la vertu magnétique à telle de ces Barres qu'on vouloit, ce dont il avoit auffi vu faire l'expérience. Et que Mr. Canton avoit de-plus changé, en fa préfence, les poles de l'Aiman naturel, en le mettant dans une direction inverse entre les poles contraires de deux groffes Barres couchées à quelque distance l'une de l'autre, en ligne droite continuée; & qu'il avoit même fait cette expérience fans toucher du tout la Pierre avec les Barres, & fimplement en la pofant, comme on vient de le dire, entre leurs poles, à la distance d'environ un quart de pouce du bout de chaque Barre (a).

(a) On entend qu'il faut mettre le pole nord de la Pierre vis-à-vis le pole nord d'une des Barres, & fon pole fud yis-à-vis du pole fud de l'autre Barre.

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