صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

ARTICLE XIII.

NOUVELLES LITTERAIRES.

DE LONDRES.

LE Comte de Schaftesbury, dont les Caractères font affez connus, avoit un génie fupérieur cultivé par une belle éducation; mais l'ayant en même tems cauftique, il le tourna, malheureufement pour lui, contre la Religion, dont il a été un des plus redou tables adverfaires. L'ironie & les idées Platoniciennes ont été fes armes; mais fon principe favori fur lequel il fonde fa principale batterie, c'eft que le ridicule eft la pierre de touche de la vérité; ce qu'ayant prétendu établir dans les deux premiers Effais, il a répandu dans la fuite fur la Religion tout le ridi cule dont il a pu s'avifer; & il l'a fait d'une manière fi féduifante & avec tant de vivacité & de fineffe, qu'il n'a que trop bien réuffi à mettre les rieurs imprudens de fon côté. C'est à réfuter ce dangereux Antagoniste, qu'eft deftiné l'Ouvrage fuivant: Elays on the Characteristics, &c. C'eft-à-dire: Effais fur les Caractères de Mylord Schaftesbury, par Jean Brown Maître-ès-Arts. Chez 'Davis, en Holborn. 8. pag. 406. Cette Réfutation confifte en trois Eflais. Dans le I. qui traite du Ridicule considéré comme la pierre de touche de la vérité, Mr. Brown fait voir que le ridicule étant d'une nature vague & incertai ne, dépendant des inclinations des hommes & des idées qu'ils fe forment des chofes, il ne peut fervir ni à découvrir le faux ni à s'aflurer du vrai. Le II. roule fur nos obligations à la vertu, & fur la néceffité d'avoir des principes de Religion. En vue de décréditer une Religion qui promet de récompenfer la vertu, Mylord l'a fondée fur un goût intérieur & P 4

délicat; Mr. Brown l'établit fur le fentiment immédiat, ou la perfpective du bonheur particulier. Noš actions font plus ou moins vertueufes, felon qu'ellés tendent plus ou moins au bonheur du genre-humain; & la vertu eft la conformité de nos affections au bien public, ou la production volontaire du plus grand bonheur, d'où dépend celui de chaque individu. L'Auteur développe ce principe du bonheur particulier, d'une maniére fort ingénieufe. Pour ce qui eft de la néceffité d'une Religion, elle eft fondée fur l'infuffifance des Loix humaines à l'égard des peines & des récompenfes. Enfin le III. traite de la Révélation, & en particulier de la Religion Chrétienne.

*Quoique le Comte de Schaftesbury paroiffe affez folidement réfuté dans cet Ouvrage, il n'a pas laiffé de trouver un défenfeur, en particulier au fujet dé fon grand principe, dans une Brochure anonyme intitulée: A vindication of my Lord Schaftesbury on the fubject of Ridicule, being remarks upon a Book intitled: Effays on the Characteristics. C'est-à-dire : Défenfe de Milord Schaftesbury, fur l'article du ridicule; Ou Remarques fur un Livre intitulé: Effais fur les Ca ractères Chez J. Noon. On fait affez de quelle manière un homme d'efprit peut s'y prendre pour dé fendre une mauvaife caufe; & quelque tour qu'on donne à celle-ci, il n'en fera pas moins conftant, fi je ne me trompe, que le ridicule n'eft, à l'égard du vrai, qu'une pierre de touche fort incertaine & fort trompeufe.

S'il étoit poffible de traiter mathématiquement la Religion naturelle & révélée, en ne tirant que des conféquences néceffaires, évidentes & inconteftables, de principes univerfellement reçus, les railleurs auroient la bouche fermée. Quoi qu'il en foit, on a déjà tenté plus d'une fois cette méthode. Mr. Odé;

Pro

Profeffeur en Philofophie & en Théologie à Utrecht, publia en 1728. un Livre intitulé: Theologia naturalis metaphyficis innixa principiis, more Mathematicorum confcripta. Et voici un Ouvrage important du célèbre Auteur des Voyages de Cyrus, où la même méthode eft obfervée: The philofophical Principles of natural and revealed Religion; unfolded in a geometrical order. C'est-à-dire : Les Principes philofophiques de la Religion naturelle & révélée, développés dans un ordre géométrique, par le Chevalier de Ramsey. A Glasgow chez Robert Foulis. Quarto 2. Vol. Il n'eft pas poffible, dans un endroit où nous ne faifons fimplement qu'indiquer les Livres, de faire connoître les idées fingulières de l'Auteur & le vafte plan qu'il embraffe.

"

Copions pourtant ce qu'il en dit lui-même dans fa Préface.,, La première partie de l'Quvrage, conte,, nue dans le premier volume, eft employée à prou,, ver, que les grands Principes de la Religion naturel,, le font fondés fur des preuves de la dernière évi, dence, & que les Dogmes effentiels de la Révé,,lation font entièrement conformes à la Raifon. La ,, feconde partie fert à montrer qu'on trouve des tra,, ces des principales vérités du Chriftianifme, dans , les monumens, dans les écrits, & dans la mytho,,logie de toutes les Nations, de tous les Siécles, & de ,, toutes les Religions; & que ces traces font des reftes de l'ancienne Religion primitive & univer, felle du genre-humain, qui a été transmife, de, puis la création, par les habitans de l'ancien Mon,, de, aux Patriarches après le Déluge, & par ces der,,niers à tous les Peuples de la Terre. Rien de plus étoffé que ce plan, rien de plus intéreffant & de plus propre à exciter la curiofité. Et quand même l'exécution n'y répondroit pas abfolument par-tout, il y a néanmoins abondamment de quoi plaîre à ceux

"

P 5

[ocr errors]

qui

qui aiment l'ordre, l'exactitude, les idées nouvel les, les recherches curieuses, une érudition choifie, & un ftile noble & énergique.

Les fentimens de Mr. Warburton fur Job, expofés dans fa Miffion divine de Moyfe, nous ont procuré le Livre fuivant: A Critical Differtation on the -Book of Job. C'eft-à-dire: Differtations fur le Livre de Job. Par Charle Peters, Maître-ès-Arts, Curé de S. Mabin, dans la Province de Cornouaille. Quarto Pag. 465. Après avoir réfuté le favant Warburton à l'égard de la date récente qu'il affigne au Livre facré, de la réalité de l'hiftoire, du fens du fameux paffage, & autres articles importans, Mr. Peters s'attache à prouver: que le Livre de Job eft le plus ancien qu'il y ait au monde; qu'il eft très-probable que c'eft l'ouvrage de Job lui-même, & que, quoique Poème, c'eft une hiftoire réelle, fans en excepter même le merveilleux. C'est-là ce que contient la I. Partie. Dans la II. il explique de la Réfurrection & du Jugement dernier, le fameux paffage; voici comment il le paraphrase:,, Car je fais que le Ven » geur de mon innocence & de ma réputation, que », vous avez fi cruellement attaquée, eft actuellement vivant, & qu'il vivra à jamais; & qu'un jour il fe lèvera pour juger les morts. Et quoiqu'après ma ,, peau, que vous voyez fi miférablement affligée, toute la fabrique de mon corps doive se diffoudre ,, & fe réduire en pouffière, je crois cependant que ,, je vivrai encore après, auffi effectivement que je le fais à cette heure, & que je comparoîtrai perfonnellement devant mon Juge, que je verrai pour moi dans ma propre caufe, prêt à me rendre juftice. Et plein du fentiment de mon innocence, ję le contemplerai avec efpérance & avec joye, pendant d'autres, mes accufateurs, incapables de que le regarder, baifferont la vue avec honte & con

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

"

"

[ocr errors]
[ocr errors][merged small]

,, fufion". Dans la troifième & dernière partie, il écarte les objections prifes des promeffes temporelles, & établit la foi des Ifraélites dans celles d'une autre Vie.

Un Médecin fort connu dans la République des Lettres, vient de faire paroître un Ouvrage important intitulé: A History of the Materia Medica, containing defcriptions of all the fubftances used in Medicine; &c. By John Hill M.D. Member of the Royal Accademy of Sciences of Bordeaux. C'est-à-dire : Hiftoire de la Matière Médicale, contenant des descriptions de toutes les fubftances dont on fe fert en Médecine, leur origine, leurs caractères dans leur état de perfection, les fignes à quoi l'on connoît qu'elles ont perdu leurs qualités, l analyfe chymique, un détail de leurs vertus, & des diverfes préparations qu'on en fait, & qui fe vendent chez les Apoticaires. Par Jean Hill Docteur en Médecine,

leur

Membre de l'Académie Royale des Sciences de Bourdeaux. A Londres chez T. Longman, C. Hitch, &c. Quarto. Ce n'eft pas-là une fimple compilation, comme on pourroit fe l'imaginer: l'Auteur a joint, à la lecture des meilleurs Ouvrages fur la même matière, fes recherches & fes expériences: & que ne doit-on pas attendre de la grande capacité de cet infatigable Naturaliste ?

En effet, on a vu paroître prefqu'en même tems la feconde partie de fon Hiftoire Naturelle, en un Volume in folio. La première partie de cet Ouvrage, qui comprend l'hiftoire des Fofiles, a été bien reçue des Naturaliftes. Celle-ci, où l'Auteur a trouvé moyen de faire entrer toutes les Plantes connues, en fuivant le Syftême de Linnaus, paroîtra peut-être moins originale; elle ne laiffera cependant pas d'être utile à ceux qui commencent. C'eftidommage que l'Auteur compofé avec tant de précipitation. Ce fecond volume eft, de-même que le premier, enrichi de figures.

La

« السابقةمتابعة »