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trouve le détail dans une Lettre que le Comte de Salisbury écrivit à Mr. Winwood le 19. du même mois. Un certain Thomas Francifco, frère du Colonel Jaques Francisco, qui avoit été Page du Chevalier Hatton, Grand-Chancelier fous le règne d'Elizabeth, étant nouvellement venu en Angleterre, avoit eu plufieurs conférences avec le Capitaine Guillaume Neuce, qui avoit mené l'année précédente en Espagne deux cens Volontaires Irlandois, & étoit foupçonné d'avoir formé quelque deffein extraordinaire. Pendant fon féjour à Madrid il avoit fait connoiffance & s'étoit bientôt lié d'amitié avec Ja ques Francisco, qui le trouvant propre à tout entreprendre, commença par l'irriter contre le Roi d'Angleterre au fervice duquel il avoit été caffé, foutenant qu'on lui avoit fait la plus grande injuftice: enfuite il lui dit que s'il avoit envie de fe remettre en pied & de faire fortune, il lui en indiqueroit le moyen, mais qu'il ne pouvoit pas s'expliquer pour le coup, & qu'il lui en diroit davantage quand ils feroient arrivés aux Pais-bas, où ils fe propofoient tous deux de fe rendre, quoique féparément. Ils fe rencontrèrent bientôt à Bruxelles, & dans les entretiens qu'ils eurent enfemble Jaques Francisco ne négligea rien pour exciter le Capitaine Neuce à la vengeance, lui difant tout net que fi c'étoit fon cas il fe vengeroit fur le Roi même du tort qu'on lui faifoit, fût-il le plus puiffant Prince du Monde. Après quoi il lui demanda s'il ne connoiffoit aucun des Capitaines Anglois au fervice des Etats- Généraux, & l'affura que s'il pouvoit les engager à livrer à l'Archiduc

quel

quelqu'une de leurs Places fortes, comme Sluys; Bergen-op-zoom, ou Fleffingues, on leur donneroit trente ou quarante mille livres sterling de récompenfe. Il lui confeilla en même tems de paffer en Angleterre pour s'y affurer de quelque homme de réfolution qui voulût fe charger de cette entreprise, & lui promit de lui envoyer dans peu fon frère Thomas pour l'affifter & l'inftruire plus particulièrement de ce qu'il y auroit à faire. Neuce fe rendit en conféquence à Londres, & fit bientôt favoir à Jaques qu'il avoit trouvé une perfonne de confiance & propre à fes deffeins, & qu'il attendoit fes ordres. Là-deffus Thomas partit en compagnie d'un nommé Jean Ball, Irlandois & domestique de l'Ambaffadeur d'Espagne en Angleterre, dans la chambre duquel lui & Neuce se rencontrèrent fouvent & traitèrent de leurs affaires.

Mais avant que Thomas Francifco s'ouvrît entièrement à Neuce, il exigea de lui un ferment formel de garder le fecret au péril de fa vie. Enfuite celui-ci s'adreffa à fon Confeffeur, pour favoir s'il pouvoit légitimement attenter quelque chofe que ce fût contre les Hérétiques; & la réponse fut qu'il le pouvoit en faine confcience, parce que les Hérétiques étoient pires que les Turcs && les Infidèles. Ces préliminaires étant règlés, Thomas dit un jour à Neuce que le Roi étoit allé à la chaffe, & lui demanda s'il n'avoit pas un bon cheval & un piftolet, & que l'occafion étoit belle de faire fa fortune, fans aller en Flandres pour y furprendre quelqu'une des villes dont on lui avoit parlé. Il ne s'expliqua pas davantage, mais la chofe parloit d'el

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le-même, & le lendemain l'ayant rencontré fur la Place devant la Tour de Londres, il lui répéta d'abord l'affaire de Sluys qui n'étoit qu'un prétexte, & puis tout d'une fuite il fe mit à dire qu'un homme de cœur avec un bon cheval && un piftolet pourroit facilement faire le coup pendant que le Roi étoit à chaffer à Boyston, & gagner après cela bien du terrain dans un jour &une nuit. Ce difcours fit impreffion fur Neu

ce,

& après y avoir rêvé un moment il répondit que la chofe étoit fans-doute beaucoup plus faifable dans cet endroit-là, mais qu'il falloit premièrement fe garnir la bourse: à quoi Thomas repliqua qu'il ne vouloit traiter avec lui que pour Slays; mais, ajoûta-t-il, vous m'entendez, & ce n'est pas ici un endroit propre à parler de cette affaire, & là-deffus ils s'en furent diner enfemble. Comme ce Capitaine Neuce étoit fort fufpect au Gouvernement, le Comte de Sa lisbury avoit apofté un homme pour l'observer de près, qui entendit toute cette conversation & le dépofa fous ferment.

Le jour fuivant, qui étoit un Dimanche, Neuce fut chez l'Ambaffadeur d'Espagne pour parler à Ball, dans la chambre duquel Thomas étoit déjà venu. On le fit attendre fi longtems à la porte, qu'il étoit vifible qu'on n'étoit pas content de lui; & quand il fut entré on lui offrit un morceau de pâtisserie de Gènes, comine on l'appelloit, dont il mangea de grand appétit fans fe douter de rien, & mit le refte dans fa poche pour le donner à un Enfant qu'il avoit ; mais quand il arriva à la maison il le partagea entre fa femme & deux autres femmes du voi

finage qui étoient venues lui faire vifite. Sur le foir ils furent tous faifis de violens vomiffemens, leur eftomac enfla, & les Médecins qu'on envoya chercher,déclarèrent qu'ils avoient été empoifonnés, furtout Neuce, qui ayant beaucoup mangé de cette pâtifferie penfa en mourir. Le lendemain matin les Miniftres d'Etat ayant appris que Francifco étoit fur le point de fe fauver, ils le firent arrêter, & écrivirent à l'Ambaffadeur d'Espagne pour lui demander Ball; mais il le refufa conftamment jufqu'à ce qu'enfin le Roi ayant eu des paroles fort vives avec lui à ce fujet, il confentit que Sa Majefté envoyât un détachement de fes Gardes pour le faifir dans fa maifon, ce qui fut fait fur le champ fans bruit & fans oppofition. On le remit à la garde du Sherif de Londres, & Francisco fut envoyé à la Tour; mais quoique par leur examen & la dépofition formelle des Témoins qu'on leur confronta, ils paruffent visiblement coupables, Jaques I. en Prince foible, avoit fi peur de déplaire au Roi d'Espagne, qu'après les avoir retenus quelque tems en prifon, il les fit relâcher, fous prétexte qu'on ne pouvoit pas les amener à confeffion, & que le Capitaine Neuce n'étoit pas mort du poifon qu'on lui avoit donné. Au-refte la Lettre ne dit point ce que devint celui-ci. On peut voir par cet exemple & les précédens ce que c'eft que l'esprit du Papisme, & à quels excès il eft capable de porter ceux qui le profeffent de bonne foi. Si les mêmes horreurs ne fe renouvellent pas de nos jours, ce n'eft pas que les maximes ou principes de la Religion Romaine ayent changé ; mais c'eft que

par

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par la grace de Dieu il y beaucoup moins de bigotterie & plus d'humanité parmi ceux qui la fuivent, qu'il n'y en avoit autrefois.

ARTICLE V.

REMARQUES Critiques & Morales fur la Parabole du Semeur. St. Matth. XIII.

MONSIEUR,

'Ous m'avertîtes, il y a quelque tems, de la maniére dont on avoit jugé de diverfes Explications de Paffages de l'Ecriture Ste. que j'ai envoyées dans différens Journaux depuis une vingtaine d'années. Il y a plufieurs de ces Explications, que pour rendre plus précises, j'avois accommodées aux circonftances où fe trouvoient les Auteurs Sacrés.

Vous m'avez apris que quelques Prédicateurs ont trouvé le fens que je donnois à ces Paffages, trop particuliers; qu'il ne leur agréoit pas, parce qu'il ne convenoit pas aujourd'hui fi bien dans un Sermon ; qu'il leur retreciffoit l'imagination; qu'ils aimoient mieux s'en tenir à un fens plus général, & qui fût de tous les tems; que ce parti étoit d'ailleurs plus utile à leurs Auditeurs.

Je vous avois indiqué derniérement le remède à cet inconvénient, que je ne répéterai pas ici. Pour effayer de me réconcilier avec la Chaire, je vous avois communiqué d'autres Explications de Paffages plus favorables à la Prédication que celles que l'on donne ordinairement (a). Dâns

la (a) Sur Philipp. IV. 8. Voyez Bibliot. Raison, T. XLV. P. II. p. 379.

Tome XLVII. Part. I.

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