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Rotrou a voulu éviter l'embarras de mettre un fils en compromis avec fa mere dans une pareille fituation. Déjanire quoi qu'innocente eft déchirée de remords, & veut fe tuer. Elle fe trouble, & croit que tout l'Univers s'arme pour fon trépas.

Ah, je découvre enfin l'appareil de ma pertë,
D'affreufes légions la campagne eft couverte
Le juste bras du Ciel fur ma tête descend,
Les Enfers vont s'ouvrir, & la Terre fe fend.

Toute cette Scéne eft pleine de feu & de vers bien frappés.

ACTE IV.

Hercule n'a pû trouver Déjanire pour S'en venger. Cela étoit pourtant aifé. Mais il falloit que cette Princeffe fe frappât elle même, & qu'Hercule privé de fa vengeance achevât d'exhaler fur le Théâtre les fentimens que lui prête Se neque. Rotrou n'a rien gâté à ces traits: il les a même adoucis. Mais Philoctéte qui l'accompagne toujours eft un perfonnage auffi inutile qu'Agis. Ils ne font le rôle que de Spectateurs & de Confidens. Le Héros dans cette Scéne, dont on a déja vû des morceaux, fe rappelle

fes exploits, fa force paffée, & fes douleurs préfentes. Ce ne font qu'exclamations pompeufes & que gemiffemens enflammés, dont le génie de Sophocle eft le premier auteur.

Le Poëte François introduit Alcméne ainfi que Seneque. Cette Princeffe également oifive dans l'un & dans l'autre, n'eft là que pour augmenter par fa préfence les cris de fon fils Hercule, & pour lui fournir de nouvelles penfées, en l'interrompant. Les tranfports & l'é vanoüiffement d'Alcide font employés de la même maniere que dans la Tragédie Latine. Il ne fe retire que pour fe plonger une feconde fois dans le fleuve: & cependant Agis raconte à Alcménə la mort de Déjanire, qui s'eft tuée. C'est avec habileté que Rotrou a écarté fon Héros durant ce récit : car dès qu'il l'entendra, il fera éclairci de fa destinée.

Il revient fans avoir pû trouver de foulagement dans les eaux du Pénée ni rencontrer Déjanire. Il croit qu'elle s'eft dérobée à fa fureur en fe cachant dans quelque afyle inconnu. Le Specta- . teur fe prête fans y penfer à tous ces prétextes; & il faut avouer que l'enchantement de l'action tragique fert fouvent à fauver ces fortes de défauts

introduits dans le Théâtre François. C'est ici qu'on apprend à Alcide que Déjanire a terminé fon fort, qu'elle a péché non par fureur, mais par pure imprudence, & qu'enfin le voile dont il s'eft revêtu étoit empoifonné du fang: du Centaure. Ce feul mot ouvre les yeux d'Hercule qui fe fouvient de l'Oracle, comme dans Sophocle & Seneque; de maniere que le cinquiéme Acte n'est plus que la mort & l'apothéofe du Héros. Il n'y a qu'une feule différence de Rotrou avec Seneque. Le François a fenti combien le dernier Acte Latin étoit yuide & dénué d'action. Pour animer davantage le fien, il fait dire à Herculo en finiffant le quatriéme Acte,

Toi, fidéle témoin des conquêtes d'Alcide,
Gloire de la valeur & du fang Péantide,

C'est Philoctéte à qui il donne fes fléches

Reçois ce dernier gage; & te fers à ton tour
De ces traits teints du fang qui me prive du jour.
Mais, & ressouviens-toi d'accomplir ma priere,
Fais fur le fein d'Arcas leur épreuve premiere.
Il poffede le cœur d'une jeune beauté,
Dont trop indignement le mien fut rebuté.
Que ta main de ces traits fur ma tombe l'immole
Et qu'il y rende l'ame aux yeux même d'Iole..

La vengeance qu'il veut tirer d'Arcast eft une pierre d'attente pour remplir le vuide des Scénes fuivantes. Mais on verra que c'eft un fondement fragile d'un mauvais édifice. Et d'abord cette vengeance n'eft-elle pas indigne du grand Alcide prêt à devenir un Dieu ? N'étoit

ce pas affez que dans un premier em

portement d'amour dédaigné il eût menacé Iole de ce facrifice? Mais s'il eût dû en venir à l'effet, falloit-il attendre fi tard, & remettre à un autre le foin de venger après la mort un vain amour dont il n'étoit plus queftion? C'eft un dernier trait fort peu Héroïque.

A CTE V..

Philoctéte fe met en frais, comme chez Seneque, pour raconter pompeufement la mort d'Hercule à une Suivante. Ce Héros fur foa bucher a, dit-il, réïteré l'arrêt qu'il avoit prononcé contre : Arcas.

Alcméne arrive avec une Urne qu'elle tire d'un tombeau, & d.t,

En ce vafe chétif tout Hercule eft enclos ::
Je puis en une main enfermer ce Héros :
Ceci fut la terreur de la Terre & de l'Onde,
Et je porte celui qui foutint tout le Monde.

Mais au lieu de s'abandonner à des la mentations quinteffenciées qui ne finiffent point chez Seneque, elle prend ici des fentimens de vengeance, & veut que Philoctéte accompliffe à l'égard d'Arcas les dernieres volontés d'Hercule. Philoctéte fent fi bien l'indignité de cette vengeance qu'il a beaucoup de peine à obéir. Il s'en défend tant qu'il lui eft poffible, il juftifie Arcas, il a pitié d'Iole. Mais Alcméne eft inexorable; & Philoctéte confent malgré lui à faire l'office de bourreau. On lie Arcas au tombeau d'Hercule, vers le fonds du Théâtre. Mais Iole fe met au - devant des traits de Philoctéte, & demande grace pour fon amant, ou la mort pour elle. Philoctéte eft touché. Mais il fe voit contraint de fervir les fureurs d'Alcméne que ce délai aigrit de plus en plus. Il fe met donc en devoir de percer Arcas: & Iole fe jettant fur lui s'écrie,

Traître, j'attens le coup que ta main lui pré

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Elle demande fi elle est abordée à un climat barbare, où l'on vive de fang

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