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Il roule fur le faccagement de Troye & fur l'efclavage des Troyennes. Il y a des Strophes admirables, mais elles perdroient à être féparées.

ACTE V

Polymeftor ancien ami de Priam & d'Hécube prend ici ce perfonnage, parce qu'il croit fon crime enfeveli dans les flots avec Polydore. Il falue Hécube, plaint fon fort, s'excufe fur fon délai à la voir depuis trois jours qu'elle eft arrivée dans fes Etats. Mais des affaires d'Etat le retenoient dans le fond de la Thrace; & il fe rendoit vers elle, lorfqu'il a rencontré la perfonne qui venoit le chercher de la part d'Hécube. Cette Princeffe feint d'ignorer fa perfidie. » Je rougis, dit-elle, de lever les yeux fur vous étant ce que je fuis, après ce que j'ai été ». Elle joint à cette honte naturelle une raifon qui doit paroître bien étrange pour notre fiécle. C'eft qu'il n'eft pas permis à une femme de regarder un homme en face. » Que voulez-vous de » moi, dit le Roi ? Hécube lui fait entendre qu'elle a un fecret important à lui confier auffi bien qu'à fes enfans.

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Folymeftor fait écarter fa fuite, & jure qu'il eft difpofé à tout faire en faveur des amis malheureux. Hécube commence par lui demander fi Polydore vit: » Oui, répond le parjure, & du moins » Vous n'êtes pas malheureuse en co point".

HECUBE. Se fouvient-il toujours d'une mere?

POLYMESTOR. Il vouloit venir se Crettement vers vous.

HECUBE. Et les tréfors qu'on vous avoit confiés ?

POLYMESTOR. Ils font en fûreté dans mon Palais.

HECUBE. Continuez d'en être fidéle dépofitaire.

C'est ainfi que cet entretien eft conduit, Polymeftor curieux de fçavoir le fecret dont on l'a flatté veut écarter fes enfans. » Non, dit Hecube, il faut

qu'ils foient préfens». Elle parle de nouveaux tréfors cachés, dit-elle, fous un marbre noir dans les débris du Temple de Minerve à Troye, & dont il faut que les enfans de Polymestor foient inftruits en cas que leur pere vînt à mourir. Elle parle de plus de quelque argent qu'elle a fauvé dans fa fuite, & qu'elle feint de vouloir lui confier.

Sur cet appas féduifant, il entre dans l'appartement où les Troyennes l'attendent, & la Reine en l'introduifant lui dit ces paroles ambiguës. » Entrez, faites

ce qui convient, puis vous retournerez » avec vos enfans au lieu où vous avez laiffé mon fils ».

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Le Chœur témoin de ce piége tendu au Roi Thracien, en attend l'iffuë, qui ne tarde gueres; car peu après qu'il eft entré l'on entend des cris. » Ah, l'on » me perce les yeux!» en effet, toutes les femmes fe jettent fur lui avec des fufeaux ou des éguilles, & l'aveuglent, tandis qu'Hécube tue les deux enfans. de fon perfide allié. Ce mouvement qui ne fe voit point, eft exprimé trèsvivement & en fort peu de mots en partie par le Choeur, & en partie par des voix qu'on entend avec le bruit. Hécube fort: à l'inftant le Palais s'ouvre; on voit les corps des enfans de Polymeftor étendus; & lui-même devenu furieux court çà & là, fans tenir de route affurée. Il pourfuit en vain les femmes qui l'ont affaffiné. Il appelle à fon fecours les Grecs, les Atrides, & toute l'armée. Ce font là de ces fituations que nos vers Alexandrins ne peuvent exprimer. Le changement de verfification

verfification que les Grecs fe permettoient, rendent ces fortes de jeux naturels, vifs, & incapables d'aucune traduc tion fupportable.

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Agamemnon accourt aux cris de Po lymeftor. Il feint d'être étonné de ce bruit comme s'il en ignoroit la cause. Polymeftor qu'il trouve dans le même état où l'on a vû Œdipe dans Sophocle, lui dit: Vous voyez l'état où » je fuis. C'eft Hécube & fes Compagnes » qui m'ont traité ainfi.» Agamemnon continuant de feindre, appelle Hécube qui fe préfente fiérement & qui jouit de fa vengeance. Polymeftor veut fe jetter fur elle; chofé qui nous choqueroit extrêmement, quoiqu'exprimée d'une manière tragique. Agamemnon en grand Roi dont l'autorité s'étend fur fes alliés mêmes, arrête fa fureur: il fe fait l'arbitre d'un différend fi extraordinaire. Il veut entendre les raifons de part & d'autre, & les peser en Juge Souverain. Polymeftor y confent, & parle le premier. » Il s'agit de Polydore le dernier gage de l'hymen » d'Hécube. Priam qui commençoit à » craindre pour Troye me le confia, » & je conviens que je l'ai fait mourir. Mais jugez de mes raifons. Sa mort Tome IV.

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" étoit un coup d'Etat pour les Grect » & pour moi. J'appréhendai, je l'avouë, que cet enfant ne recueillit » un jour les débris de Troye; qu'il ne tirât de fes cendres ce Royaume dangereux; que les Grecs irrités ne » fiffent une feconde expédition fatale » à la Thrace; & qu'ils ne revinssent » envelopper mes Etats dans les ruines » d'une feconde Troye que j'aurois » reffufcitée.. Hécube a fçû la mort de " fon fils. Elle m'a conduit dans le piége, fous prétexte de m'indiquer je ne fçai quels tréfors imaginaires. » Elle m'attire seul avec mes enfans dans » le fond de ce Palais. A peine étois» je affis que je me vois environné de » femmes qui feignant d'admirer l'éclat » de mes vêtemens, & mon javelot, me » défarment & me dépouillent. Les » autres prennent mes enfans, les ca

reffent, & fe les donnent de main en > main pour les écarter loin de moi. » Tout-à-coup, les inhumaines, passant » des careffes à la fureur, font briller » des poignards cachés fous leurs robes; ,, & immolent mes enfans à mes yeux. » Celles qui m'amufoient me faififfent les pieds & les mains, & m'arrêtent par les cheveux, malgré mes efforts

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