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ORESTE,

TRAGEDIE D'EURIPIDE.

L

E fujet eft indiqué dans le Prologue qu'on va développer. Le lieu de la Scène eft à Argos dans le Veftibule du Palais d'Agamemnon. Les perfonnages qui jouent font Electre, un Envoyé Orefte, Apollon, Hélène, un Chœur de femmes Grécques, un Phrygien, Tyndare, Pylade, Hermione, Ménélas,

ACTE I.

Electre paroît aux pieds d'un canapề fur lequel fon frere Orefte eft couché & endormi. Elle repaffe l'enchaînement des maux qui accablent fucceffivement la Maifon des Pélopides. Elle remonte jus qu'à leur origine, & fait le dénombrement de ces illuftres malheureux depuis Tantale qui en eft le Chef, jusqu'à Orefte. Tantale eft aux enfers condamné à rouler éternellement une maffe énorme de la racine d'un mont jufqu'au fom

met. Pélops mis en morceaux & fervi aux Dieux eut l'épaule dévorée par Cerés. Atrée & Thyefte fes enfans firent reculer d'horreur le Soleil, par l'effet de leurs divifions. Pour Agamemnon & Ménélas fils d'Atrée, ils femblent avoir hérité des malheurs de leur pere. L'hymen a perdu l'un & l'autre. Le premier devient époux & victime de Clytemneftre, qui l'égorge. Le fecond a le malheur de fe voir uni à Hélène, cette Furie commune de Troye & de la Gréce. Orefte fils d'Agamemnon, tuë fa mere pour venger fon pere, & pour obéir à Apollon. » Moi-même, » continue Electre, je fus complice de ce » crime, ainfi que Pylade. Cet attentat » eft la caufe unique qui réduit Orefte » au trifte état où on le voit. Attaché fur » un lit de douleurs il meurt de honte & » de remords. Il refufe toute forte de » nourriture. Les Furies le laiffent à pei"ne refpirer. Revenu à lui-même, il fet baigne de pleurs ; & cela depuis fix » jours que le crime eft commis. Ainfi Faction Théatrale fe paffe le feptiéme jour depuis la mort de Clytemneftre. Pour furcroît de maux, c'eft en ce jour même que les Argiens doivent juger Orefte & Electre pour les condamner àétre lapidés ou maffacrés comme pairi-

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cides. L'unique efpérance d'Electre confifte en Ménélas récemment revenu de l'expédition de Troye, & qu'on attend ce même jour à Argos. » Ménélas a, dit»elle, envoyé devant lui Hélène, mais » fecrettement & de nuit, pour n'être » pas vûe des Grecs qui fans doute l'au»roient punie des maux qu'elle a caufés » à la Gréce. » Héléne eft donc dans Argos avec Hermione fa fille, & elles pleurent Clytemneftre. Voilà ce qui précéde l'action. Euripide en ce Prologue n'a pas tout-à-fait prévenu les événemens, comme dans fa Tragédie d'Hécube. Il a mis feulement les Spectateurs au point où ils doivent être; par-là cette premiere Scè ne eft excufable, & peut même paffer pour belle.

Hélène fait la feconde. Comme elle ne fait qu'arriver de Troye, elle eft censée ignorer le détail des malheurs d'Agamemnon & de fa famille. C'eft pourquoi elle commence par demander à Electre, comment elle & fon frere ont ofé porter leurs mains parricides fur une mere. Elle adoucit pourtant ce crime en le rejettant fur Apollon qui l'avoit ordonné; & voilà pourquoi elle fe croit autorifée à parler à fa niéce malgré une forte d'excommunication qu'elle & fon frere avoient

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encourue, comme on l'a expliqué au fu-
jet des Eumenides d'Efchyle. Hélène
pleure dans Clytemneftre une fœur qui
lui étoit chere » Que voulez-vous, dit
» Electre, que je vous réponde? Vous
» voyez affez l'état déplorable de la Mai-
» son d'Agamemnon. Moi qui paffe les
» nuits & les jours auprès de ce cher
» mort: (car Orefte eft-il censé vivre,
» vû l'accablement où le jettent fes
»maux?) je ne puis les lui reprocher.
» Heureufe Hélène, heureux Ménélas
"Vous venez chez des infortunés!», Hé
lène les plaint, mais d'un air artificieux.
Puis elle demande à Electre une grace
qui n'eft qu'un piége. C'eft de porter les
libations & les cheveux qu'elle lui préfen-
te, (ce font les fiens) fur le tombeau de
Clytemneftre. Electre la prie de l'en dif-
penfer, & s'excufe fur ce qu'elle eft oc-
cupée auprès d'Orefte qu'elle ne peut
abandonner un moment. Elle exhorte fa
tante à porter elle-même fes dons &
piquée de la commiffion qu'on veut lui
donner pour Clytemnestre qui la haiffoit,
elle pique elle-même couvertement Hé-
lène, fur ce qu'elle n'ofe fe montrer aux
Argiens. C'eft un tour de femmes qu'el-
les fe jouent l'une à l'autre. Car Hélène
n'ignoroit pas la part qu'Electre avoit euë

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au meurtre de Clytemneftre. C'étoit donc l'offenfer que de lui propofer d'aller offrir des libations au tombeau d'une mere ennemie. Ce court dialogue quoique naturel, paroît un peu fortir du caractere de la Tragédie.

Héléne fe refout à charger Hermione: fa fille des libations qu'elle a préparées. pour fa fœur. Elle l'appelle & l'en charge en effet; tandis qu'Electre dit à part, que la beauté eft un don pernicieux. pour celles qui en ufent mal. » Voyez

cette Princeffe. Ses cheveux coupés »ne la défigurent point. L'âge n'a point » flétri fes graces, ni changé fon cœur. » Malheureufe Héléne, c'est toi qui m'as perdue auffi-bien qu'Orefte & toute la Gréce! (ou bien d'une autre, maniere, car le fens eft équivoque. ) »Voyez le caractere d'Héléne ! avec

quelle affectation elle a coupé l'extré"mité de fa chevelure, en prenant garde de nuire à fa beauté. L'âge l'a»t-il rendue moins vaine ? &c. »

Sur cela on voit arriver le Chœur. C'eft une troupe de jeunes Argiennes qui viennent confoler Electre. Elle craint que leur arrivée tumultueufe ne réveille Orefte. Elle leur dit donc avec empref fement, mais avec douceur, de fe bien

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