صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

ORESTE. *Ah, Furie, laiffe moi en repos. Veux-tu m'entrainer au Tar

tare?

ELECTRE. O Dieux quelle fera ma reffource, contre le Démon qui l'agite!

ORESTE. Qu'on m'apporte mon arc & mes fléches, dons précieux d'Appollon: que j'écarte ces fieres Euménides, qui ne me laiffent pas refpirer.

ELECTRE. Penfez-vous qu'une main mortelle puiffe bleffer des Divinités ?

ORESTE. Oui, je vais les bleffer, fi elles ne fe retirent.... Entendez-vous le bruit des traits qui fendent l'air.... Les voyez-vous? Allez noires Déeffes: pourquoi balancez-vous? Fuiez, vôlez, & n'accufez qu'Apollon.... Ah, la force m'abandonne. Je ne refpire plus. Ou vais-je? Comment me fuis-je écarté de ce lit? Sorti de l'orage je revois enfin le calme....

Electre, vous pleurez! vous vous voilez le vifage! Que je fouffre de vous voir affociée à mes maux! Chere fœur, quel fardeau pour vous qu'Orefte furieux! Ah, prenez moins de part à * Toi qui dans les Enfers me veux précipiter, Déeffe, ceffe enfin de me perfécuter.

mes peines, & me laiffez confumer de douleur. Je fuis l'auteur du crime, vous n'en fûtes que le témoin. Que dis-je ? C'eft Apollon que je dois accufer. Seul il m'a déterminé à ce forfait par fes trompeufes paroles, & il m'abandonne en effet. Ah, fi j'avois confulté l'Ombre de mon pere, il m'auroit détourné fans doute, d'un attentat infructueux pour lui & fi funefte pour moi. Découvrez votre vifage, Electre; effuyez vos larmes. Quels que foient nos malheurs, adouciffez les miens, comme je fais les vôtres. Ces fervices mutuels fiéent bien. à l'amitié. Mais non: retirez-vous; ne languiffez plus fans nourriture. Goûtez du moins quelques momens de fommeil après tant de pénibles veilles. Votre vie m'eft précieuse: Hé, que ferois-je fans vous? Si la maladie devient le fruit de votre tendreffe, je fuis perdu. Vous êtes mon feul appui, tandis que tout m'abandonne & me fuit.

ELECTRE. Non, mon frere: n'en parlez plus. Je veux vivre & mourir avec vous. Que deviens-je à mon tour, fi je vous perds? Seule, fans parens, fans amis, & privée de vous pourrois-je vivre encore? Je confentirai toutefois à vous obéir; & je me retire pour un

moment, fi vous l'ordonnez. Mais de grace demeurez fur ce lit. Reprenez vos fens. Ecartez des idées funébres, & foulagez les maux de l'efprit, comme l'on fait ceux du corps. Les premiers font les vrayes maladies des humains. (Elle fe retire.)

La nature elle-même ne pourroit, je penfe, s'exprimer avec plus de tendreffe. Le Chœur termine l'Acte par des Strophes conformes à ce qui fe paffe fous fes yeux. Il prie les Furies d'épargner un malheureux Prince, & il le plaint: avec cette élevation Pindarique qui fait le caractere inexprimable des Choeurs Grecs. Enfin il voit arriver Ménélas. avec fa fuite, & il le félicite fur fon retour.

A CTE II.

Ménélas trouve ce retour infortuné, & à jufte titre. Il entre dans un Palais; où fon frere Agamemnon a été maffacré par fa femme. Nouvelle affreuse, qu'il a apprife en chemin de Glaucus l'Oracle des gens de mer. Il a fçû auffi d'un Pêcheur le fort de Clytemneftre Il demande à voir Orefte: il l'a laiffé fi jeune qu'il ne pourroit, dit-il, le reconnoître,

[ocr errors]

Orefte fe léve, & profterné aux pieds de Ménélas, il fe déclare cet Orefte, ce coupable qui ofe pourtant implorer la protection d'un oncle, & l'efpérer. Ménélas étonné croit voir une Ombre, tant ce jeune Prince eft défiguré par fa douleur & fes calamités. Il les raconte en dialogue entre-coupé. Il peint fur-tout l'abandon général où il se trouve, fans appui, faus reffource du côté même d'Apollon qui l'a forcé de devenir parricide, fon excommunication, (s'il eft permis d'ufer de ce terme, ) la haine des Argiens déterminés à le faire périr comme un criminel, l'affemblée qui doit fe tenir le jour même pour le condamner, la politique & la vengeance des ennemis de fon pere qui le pourfuivent: enfin la précaution des citoyens qui environnent le Palais pour l'empêcher d'échapper au fupplice. Vous êtes ( ajoûte-t'il,) mon feul afyle. Com» blé de profpérités, faites- en quelque » part à d'infortunés amis. Portez une » partie de leurs peines, & devenez pere » pour ceux qui vous tiennent lieu d'en» fans. C'eft ici, c'eft dans l'adverfité que

[ocr errors]

la vraye amitié doit éclater. Le Chœur avertit que Tyndare vient en habits de deüil. Tyndare eft le pere

[ocr errors]

de Clytemnestre. Orefte tremble à son approche par un repentir né de la reconnoiffance.» Je lui dois tout, s'écrie

[ocr errors]

t'il. Quel foin n'a-t'il pas pris de mon enfance! Qu'elle tendreffe pour moi » de fa part & de celle de Léda! Malheureux, quel en a été le retour! Où me cacher? Comment oferai-je » foutenir fes regards! ,, Tyndare approche. Il revient du tombeau de fa fille. Après les premieres civilités entre Ménélas & lui, il apperçoit Oreste. » Ce parricide, dit-il, ce ferpent lance fur moi des regards empeftés. Quoi, » Ménélas, vous ofez parler à un coupable féparé du refte des hommes!», Il fait enfuite une harangue dans les formes pour accufer Orefte. Elle fent un peu fon Vieillard. L'imitation chez les Grecs étoit toujours parfaite. Notre goût a changé à cet égard.

[ocr errors]

Tyndare ne prétend point excufer le crime de fa fille Clytemneftre. Au contraire, il le détefte. Mais étoit-ce à Orefte de le venger? Il devoit recourir aux loix; » c'est-à-dire, éxiler fa mere, & la déférer » aux Juges. Mais il a vengé un attentat » par un attentat plus atroce. Suppofons, » ajoûte-t'il, qu'une femme tuë fon mari, » & qu'un fils tuë fa mere, le petit

"

« السابقةمتابعة »