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fils tuera donc fon pere par le même droit de vengeance. Quand finiront » de pareils forfaits? C'eft pour cela que nos ancêtres condamnoient à » l'éxil celui qui commettoit un meurtre » involontaire. Autrement la fouillure » du fang fe feroit toujours perpetuée », dans les vengeurs du fang répandu. Tyndare après ce raifonnement passe au pathétique en adreffant la parole à Orefte., Hé, de quel œil as-tu vû une » mere fuppliante découvrir ce fein qui » t'avoit allaité? J'en pleure, & j'en ,, frémis, moi qui n'ai point vû cet ,, horrible forfait. Il parle en pere,' & c'est par cet intérêt fecret qu'il veut livrer fon petit-fils au fupplice, & qu'il déclare à Ménélas que s'il s'y oppose, il va rompre pour toujours avec lui.

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Le difcours d'Orefte eft également énergique & modefte. La confufion lui fait d'abord baiffer les yeux. Il craint de répondre à Tyndare & de rappeller des idées triftes à un pere déja trop malheureux. Il refpecte fes cheveux blancs. Il n'ofe appeller Clytemneftre du nom de mere. Il lui don ne le titre de fille de Tyndare. Mais enfin il fe fauve par le raisonnement,

qu'on a vû dans les Euménides d'Elchyle*. Le pere eft proprement l'auteur de la naiffance : non la mere; ainfi Oreste a crû devoir attenter fur l'une pour venger l'autre. Il avoue toutefois qu'il a commis un crime. Mais il veut que ce foit un crime inévitable, un crime néceffaire, un crime commandé par la piété auffi-bien que par Apollon.. Vous voulez qu'on me lapide, continue-t'il; ce fera donc pour avoir » rendu un fervice important à toute la Gréce. Que feroit-ce, dites-moi. fi les femmes en venoient à ce point » de perfidie que d'égorger leurs maris. dans l'efpoir de l'impunité fondée sur », leurs enfans, dont elles exciteroient la » pitié en découvrant leur fein? A l'abri

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de cet afyle elles compteroient pour » rien de se baigner dans le fang de leurs époux. Mon prétendu crime leur »ôte pour toujours cette reffource. A qui d'ailleurs ai-je donné la mort? A >> une épouse infidelle qui oubliant fon » devoir, au lieu de fe percer elle-même, », a fait fon mari victime de fon adul›› tere.... Si ma mere a pour elle des » Furies qui la vengent: de quelles

Voyez les Eumenides, dans le Tome III.
>> Furies

» furies n'aurois-je pas été affailli de la » part d'un pere dont j'aurois trahi les » intérêts ›› ? Enfin Oreste allégue l'or»dre précis d'Apollon. » C'eft lui, ditil, que vous devez citer & condam»ner au fupplice. Il eft feul coupable. » Un Dieu ne fuffit-il pas pour me >> mettre à couvert? Et qui déformais ,, évitera la mort, fi un pareil garant » ne m'en délivre pas ? Le Chœur qui gliffe toujours fon mot à l'ordinaire pour exprimer l'impreffion des difcours fur l'affemblée, convient que ce font les femmes qui rendent les hommes malheureux. Mais Tyndare loin de fe rendre aux raisons d'Orefte en eft encore plus aigri, & part avec fa fuite déterminé à animer la ville & les Juges contre Oreste & fa fœur.

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Ménélas veut l'arrêter, & paroît ébranlé; ou plutôt il feint de l'être. Car dans le fond il veut perdre Oreste, pour envahir ses Etats & fa Couronne. Mais il s'y prend d'une maniere couverte & artificieufe. Orefte qui tremble de voir cet unique appui lui manquer, reprend la parole. » Faites, pour moi, ,, lui dit-il, ce que mon pere a fait pour " vous. Il s'eft livré pour votre querelle à la guerre de Troye, Il s'eft expoTome IV.

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fé durant dix années. Ce ne font pas ,, dix années que je vous demande. C'est , un feul jour, & quelques démarches en faveur du fils de votre bienfaiteur & ,, de votre frere. C'efble fens de fon dif. cours qu'il finit en fe jettant aux pieds de Ménélas. « Croyez, dit-il, que les Mânes de mon pere, qui fut votre frere; ont entendu mes cris du fonds des 5 Enfers, & que fon Ombre vôle autour s de vous pour se joindre à mes humbles fupplications.

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Le Choeur s'unit à lui, & Ménélas répond enfin, mais en Prince rusé & politique. »Je refpecte vos douleurs,

& je veux vous fervir. Tel eft le de>> voir du fang. Je le veux, fallut-il combattre & mourir. Mais le puis-je ? » C'est ce que je demande aux Dieux, Je fors d'une pénible guerre. Mon armée eft épuifée: à peine me restet'il quelques amis fur qui je puiffe › compter. Hé, comment hazarder la violence contre une ville telle qu'Arsgos? J'efpere au moins réuffir à vous fauver par des voyes plus douces. Il ne feroit pas de la prudence d'entrepren»dre une conquête impoffible. La cotere d'un peuple féditieux eft plus difficile à éteindre qu'un violent em

, brafement. Si on lui céde prudemment » on peut la rallentir. Alors on faifit », le moment pour regagner la multitu" de. Car une multitude aveugle paffe » aifément de la fureur à la pitié; & »le Prince politique fçait mettre en » œuvre l'une & l'autre. Je vais donc retrouver Tyndare & le peuple pour. » tâcher de les adoucir. C'est un vaif» seau qu'il faut gouverner fagement... "Je n'ai point encore employé les "prieres auprès des Argiens. Mais la » prudence veut que je cede au tems ». Orefte à travers ces excuses tirées pénétre le but de cet oncle inhumain qui l'abandonne dans un befoin f preffant. Il lui jette un regard d'indignation, le laiffe partir, & ne lui répond que par la plus amére dérifion de fa foibleffe, qui ne lui permet de combattre que pour des femmes, & de fon infidélité qui étouffe dans fon cœur tous les fentimens de noblesse & d'hu manité. Défefperé d'un fi terrible contre-tems, Orefte eft bien-tôt confolé par l'arrivée d'un homme bien différent de Ménélas. C'eft Pylade, qui furvient inopinément.

Cette Scéne eft un dialogue coupé où chacun des interlocuteurs dit fon vers.

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