صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Il redit ici ce qu'il avoit déja infinué à Ménélas fur les fuites horribles de l'impunité pour les femmes qui attentent fur leurs maris.

L'Acteur qui fait le récit continue ainfi. » Orefte quoi qu'applaudi n'a pû rien perfuader au peuple en fa faveur. » L'Orateur féditieux a fait pencher la » balance & l'a emporté. A peine le "Prince a-t'il pû obtenir d'éviter l'in» famie du Supplice. Il a donné parole » que fa main & la vôtre exécuteroient » aujourd'hui l'arrêt prononcé. Pylade » & ses amis le ramènent en pleurants » & vous verrez bien-tôt ce trifte fpec

» tacle. «<<

Electre baiffe les yeux, puis s'abar donne aux larmes & aux plaintes qui tiennent lieu d'Interméde. Elle pleure: fur la trifte deftinée de fa Maison, qu'elle voit périr de fonds en comble. Tous les malheurs préfens & paffés reviernent à fon efprit, & elle les peint avec les traits que fournit la plus vive

douleur:

Il eft bon de remarquer qu'Euripide dans la peinture qu'il fait de l'Affemblée: Argienne fait allufion à l'Areopage d'Athènes, & aux Orateurs de fom tems qu'il drappe en paffant. Sur tous

il paroît en vouloir à un certain Cléophon de Thrace, dont parle auffi Ariftophane dans fes Grenouilles. Au moins c'eft le fentiment du Scholiafte, que Cléophon est peint fous le nom de l'Orateur féditieux. Comme les Grecs étoient grands ha-rangueurs, il n'eft pas furprenant qu'Euripide affecte quelquefois de donner dans. fes Harangues un air de ridicule à l'éloquence de quelques Orateurs Athéniens :: cela péche pourtant contre la majefté de la Tragédie. C'eft comme la critique qu'il fait d'Efchyle dans une Scéne de fon Electre.*

A CTE IV.

Orefte revient. Electre pleure. Elle croit le voir pour la derniere fois. Le frere veut arrêter les larmes de fa fœur.. »Ne me déchirez point, dit-il, par » l'excès de votre douleur. C'eft bien affez de la mort que les Argiens nous donnent aujourd'hui », La trifteffe du Prince eft profonde, mais héroïque, comme il convient. Celle de la Princeffe eft plus tendre & plus vive. Cela eft dans les mœurs, Quoi, dit-elle, *Electre d'ESCHYLE, Premiere partie, Tom II. pag. 7%

»nous mourons & vous m'interdifez » les pleurs!« Elle prie Orefte de la frapper de fon glaive. J'ai trop du

[ocr errors]

fang d'une mere, répond-il, fans me 12. fouiller encore de celui d'une fœur. Hé» bien, dit-elle, votre épée me rendra » du moins ce trifte office; fouffrez feu»lement que je vous embraffe ». Orefte s'attendrit un moment malgré lui. 11 foupire & Electre raffermie ne deman de plus que de mourir, s'il eft poffible, du même coup, & d'être placée dans le même tombeau que fon frere *..

"

Celui-ci après avoir fait observer que le traître Ménélas n'a pas même paru à l'affemblée, reprend toute fa fermeté. » Mourons, dit-il, d'une maniere digne » d'Agamemnon. Je vais donner un ef "fai de mon courage aux Argiens, "Suivez mon exemple, ma fœur. Vous, » Pylade, foyez témoin de ce fpectacle= », enfevelissez nos corps, & portez-les » au tombeau de mon pere. Adieu, je » vole au trépas ». Il veut aller chercher une épée.

PYLADE. Arrêtez un moment, Je:

* Orefte & fá four font ici dans la fitua tion de Pétus & d'Arria. Voyez T. II. pag., 255.

dois auparavant me plaindre de vous Avez vous crû que je puiffe vous furvivre? ORESTE. Que ferviroit qu'un ami mourût avec moi ?

PYLADE.. Hé, pourroit-il vivre fans

yous?

ORESTE. Vous n'êtes point parricide comme moi..

PYLADE. Non; mais avec vous Complice du crime, je dois en partager la peine.

ORESTE. Rendez-vous à un pere,. & vivez. Vous avez un Sceptre, je fuis privé du mien. Vous avez la Maifon d'un pere à foutenir, & d'immenses richeffes qui vous attendent. L'Hymen d'Electre vous manque. Je vous l'avois deftinée en faveur de l'amitié. Jouiffez: d'un hymen plus heureux. Il n'eft plus d'alliance à espérer entre nous. Adieu, tendre ami jouis feul des profpérités qnine font plus pourElectre ni pour moi,

:

PYLADE. Puiffent la terre & l'air

me manquer, fi pour fauver mes jours' je vous abandonne lâchement. Je contribuar au crime; j'en fus l'auteur, IL faut que je meure avec vous & avec Electre, que je regarde en époufe. Hé que dirois-je à mon retour en Phocide? ami de l'un & de l'autre, j'aurois celle

de l'être en les voyant malheureux !! Non, ma gloire m'eft trop chere. Mais puifque nous fommes déterminés à mourir, vengeons-nous auparavant de Ménélas.

Voilà, comme on voit, un combat d'amitié entre Orefte & Pylade, tel à peu près que celui qu'on a pu lire dans 'Iphigénie en Thauride. Ce qui fuit paroît d'abord contraire aux bonnes mœurs. Car Pylade ouvre l'avis d'une vengeance qui révolte.Il conseille à Ores-te de tuer Hélene; & Orefte prend ce parti. La maniere même dont ils con certent leur confpiration femble lâche, Toutefois ce qui les juftifie un peu c'eft qu'Hélene eft accompagnée d'une nombreuse fuite; & ces Princes ne veulent pas manquer leur victime. A l'égard de la honte attachée au meurtre d'une femme, Pylade. s'en lave comme Enée dans Virgile, qui difoit à Didon en lui racontant fes aventures, que » bien qu'il lui parút peu glorieux de » tremper fes mains dans le fang d'une: femme, on lui auroit fçû gré toute fois d'avoir tué Hélene. «.

Iphigénie en Tauride, Tom. III. A&, HI, Scène III. pag. 38.

« السابقةمتابعة »