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eraint qu'il ne vienne quelque Argien pour fecourir Hélene. Tout paroît fufpect, tout effraye en pareil cas. » C'est » à préfent, dit-elle, qu'il faut tout de »bon jetter les yeux de tous côtés. « La Fontaine fait dire prefque la même chofe à l'Alouette dans fa Fable 8 29.

Rien ne nous preffe encore de changer de retraite,
Mais c'eft demain qu'il faut tout de bon écouter.

Sur ces entrefaites on entend les cris d'Hélene. Le Choeur fait des vœux pour Orefte. Hélene crie encore, & Electre anime les Princes à frapper, à peu près comme dans la Tragédie de Sophocle qui porte le nom d'Electre. Les Argiennes entendent du bruit d'un côté, C'eft Hermione qui revient à propos. La fœur d'Orefte ordonne à fes amies de raffurer leur air, pour ne donner nul foupçon à Hermione. Celle-ci toute ef frayée dit, qu'elle vient d'entendre des cris & du bruit dans le Palais » Ah, » répond l'autre Princeffe, ce font des cris conformes à notre deuil. « Elle lui raconte auffi - tôt l'arrêt que l'Etat

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* L'Alouette & fes petits, avec le maître du: champ.

** Electre de Sophocle, Tom. I. Acte V. Sc.. II. pag. 4410

vient de porter, & l'amuse par úne fauf fe confidence en lui faifant accroire qu'Orefte fupplie Hélene de s'intéreffer pour délivrer le frere & la fœur du trêpas. Hermione dupe de ce détour promet de s'y employer elle-même. Elle entre. On la faifit fuivant le complot concerté. Electre engage alors le Chœur à faire du bruit pour empêcher qu'on n'entende ce qui fe paffe dans le Palais. Puis elle y entre à fon tour pour voir l'iffue de la confpiration.

A l'inftant un Phrygien efclave d'Hélene fort tout effaré. Il vient, dit-il, d'éviter la mort, & ne fçachant où fe cacher, il jette de grands cris. Revenu un peu à lui-même, on lui fait raconter le détail de l'entreprise; comment Orefte & Pylade fe font d'abord approchés d'Hélene fous le mafque de fupplians; & comment les efclaves Phrygiens fe font tout-à-coup raffemblés dans la crainte de quelque trahifon, ou du moins, ne fçachant que penfer. Il dit, qu'en ce

moment il tenoit un évantail à la maniere Troyenne pour donner de l'air à la Reine; (luxe Phrygien tant remarqué par les Poëtes, qu'elle étoit occupée à rouler un fufeau dans fes doigts, & à filer des voiles de pourpre qu'elle def

tinoit à l'Ombre de Clytemneftre; qu'Orefte l'a priée de paffer à l'autel antique de Pelops pour l'écouter; que tandis qu'elle s'y tranfportoit fans foupçonner rien de fa destinée, Pylade écartoit fous divers prétextes cette nombreufe fuite d'efclaves de Phrygie, jufqu'à les renfermer en différens appartemens; qu'arrivés à l'autel les deux Princes Grecs ont fait briller leurs poignards qu'ils avoient cachés fous leurs robes, en difant à Hélene; Vous mourrez, & c'eft votre in,, fidéle époux qui vous perd, en trahis»fant le fils de fon frere. Elle crie, » (ajoute l'esclave) elle veut fuir. Ores» te l'arrête par la chevelure, & lui fai» fant pencher la tête fur l'épaule, il » étoit fur le point de frapper. Les ef», claves brifent leurs prifons, accourent

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en foule, & s'arment de tout ce que »le hazard leur offre. Mais Pylade s'avance fiérement femblable à Hector » ou au guerrier Ajax, tel que je l'ai

vû dans le Palais de Priam. Il a bien » paru que nous cédons aux Grecs en

valeur. « Il décrit ici en peu de mots le combat, où plufieurs des efclaves ont été bleffés ou tués. Hermione, continue-t-il, eft entrée alors, & s'eft jettée dans les bras de fa mere. Les deux Prin

ces l'en ont arrachée, & comme ils retournoient à Hélene pour l'immɔler cette Reine fille de Jupiter & de Léda a difparu tout-à-coup. Voilà tout ce que l'efclave a vû; & l'Acte finit, à moins qu'on aime mieux commencer le cinquiéme Acte à la Scéne du Phrygien dont on vient de parler, ce qui paroîtroit plus naturel.

ACTE V.

Orefte fort l'épée à la main. Il craint que l'Eunuque par fes cris n'ameute le peuple. Celui-ci tout tremblant demande la vie. Le Prince la lui accorde, à condition de jurer qu'on a eu raifon d'attenter fur les jours d'Hélene. L'efclave convient de tout pour fauver les fiens; & Orefte le renvoye au Palais. Cette Scéne donne un peu dans le Comique. Ce font des traits de fatyre contre les Phrygiens pour flater les Grecs, & quelques-uns contre les Philofophes du tems. Par exemple, Orefte dit à l'Eunuque. Tu es efclave & tu crains » la mort, qui te délivreroit de tes » maux! Sentiment Stoïcien. L'Eunuque répond, la vie eft fi douce, même pour les esclaves!

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Le Prince rentre, & la feconde Scéne n'eft qu'un jeu du Chœur, qui tourne & retourne à l'ordinaire fur le Théatre, apparemment pour empêcher l'entreprife d'éclater au dehors. Mais on voit bientôt de la fumée s'élever de l'inté rieur du Palais, C'eft le feu préparé pour l'incendie. Le Choeur apperçoit Ménélas qui a été inftruit en partie de ce qui s'eft paffé. Il s'annonce, il veut pénétrer. Mais Orefte fe montre fur un balcon, & refuse de lui permettre l'entrée. Il tient le glaive levé fur Hermione, & déja l'on voit briller des flammes. Le Prince en un mot menace Ménélas d'égorger Hermione à fes yeux, & de mettre en feu le Palais, fi Ménélas luimême, loin d'ofer prendre des voyes de violence, n'obtient fur le champ du peuple qu'il révoque l'arrêt de mort, L'embarras croît de plus en plus. Ménélas interdit entre la crainte & la rage, n'ofe ni accorder ni refufer ce qu'on demande. Orefte preffe, & fur le dé

*ARISTOTE ( Poët. ch. 16,) condamne les mœurs de Ménélas dans cette Piéce d'EURIPIDE; M. DACIER explique ceci en difant, qu'en effet Ménélas fe dément & ne tient pas ce qu'il avoit paru promettre, puifqu'il abandonne fon neveu par crainte

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