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gea cruellement fur Hercule. Elle le foumit à Euristhée Roi de Mycenes, qui lui faifant des commandemens impofibles à exécuter pour tout autre qu'Hercule, donna lieu à fes grands exploits fi van. tés dans l'Antiquité. Il n'eft pas ici queftion de féparer l'Hiftoire de la Fable, 'ni de diftinguer, les différens Hercules, dont les belles actions ont toutes été attribuées à l'Hercule de Grece. Il fuffit pour la Tragédie préfente de fuivre les idées reçues des Grecs.

L'expofition de cette Piece dont le fujet eft la mort d'Hercule, développera peu à peu les principaux faits de ce Heros, & feulement ceux qui seront néceffaires pour l'intelligence de l'action du Théâtre. Le refte feroit un attirail d'érudition auffi inutile, qu'aifé à compiler; il détourneroit la principale. attention, qui fera mieux employée à la fubftance de cette Tragédie.

La Scene eft fuppofée à Trachine * ville de la Theffalie; & comme le Chœur eft une affemblée de filles du païs, la

Trachine ou Trachin, ville de la Phthioti de dans la Theffalie, au pied du mont Eta. Elle fut depuis appellée Heraclée, à caufe d'Hercule qui fe brûla fur le mont Eta. Voyez la Carte.

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Piéce en a tiré fon nom. Les autres Per fonnages font Déjanire fille d'Eneus Roi d'Etolie femme d'Hercule, un Vieillard, un Envoyé, Lichas Ecuyer d'Hercule, & Hercule lui-même.

A CTE I

Déjanire feule ouvre la Scene en fe rappellant fes malheurs, dont la fource eft l'amour inquiet qu'elle fent pour fon époux. C'est une femme jaloufe telle qu'Ovide* nous la peint dans fes Heroïdes, où tout le fujet de Sophocle est élegamment exprimé dans une fimple lettre de cette Princeffe à fon mari, Fille. d'un grand Roi, (c'étoit Eneus) elle a eu, dit-elle, pour amant un fleuve, Dieu à la vérité; mais terrible par les diverfes formes qu'il prenoit, tantôt bœuf, tantôt ferpent, tantôt homme, mais homme tel que les Peintres repréfentent les Dieux fleuves, c'eft-à-dire, avec des cornes, & une large barbe inondée d'eaux qui fortoient à gros bouillons de fa bouche. Un amant de l'efpece du fleuve Achelous ** déplai

* OVID. Heroid. epift. 9.

** Achelous, fleuve dont la fource eft dans le Pinde, & qui fépare l'Acarnanie de l'Etolie,

foit à Déjanire; & elle préféroit la mort à un pareil époux. Heureufement pour elle un rival puiffant vint la délivrer des pourfuites du fleuve. Ce fut Hercule qui le vainquit, & lui enleva une de fes cornes, comme on le lit dans les Metamorphofes.

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Il faut dévorer toutes ces myftérieufes Fables fi l'on veut entendre l'Antiquité. La vérité qu'elles cachent dédommageoit les anciens: mais cette vérité importe peu à la Tragédie de Sophocle, puifque la Fable en fait au contraire l'ornement & l'ame. Déjanire devint donc la femme de fon Libérateur. Mais elle fe plaint de n'en être pas plus heureufe. Autres tems, autres foucis, & toujours caufés par l'amour. Car Hercule eft un Héros qui parcourt toutes les contrées, qui vole de victoire en victoire, & qui a la terre entiere pour Patrie. Déjanire & fes enfans font ceux qu'il voit le moins. Il s'expofe à mille dangers, & ne leur laiffe de lui que mille allarmes. Ovide a eû en vûë cet endroit de Sophocle dans ces vers qui le rendent parfaitement.

* OVID. Metam. lib. 9.

*Non honor eft, fed onus ; fpecies lafura ferentemë
Si qua voles aptè nubere, nube pari.
Vir mihi femper abeft, & conjuge notior hofpes▼
Monftraque, terribiles perfequiturque feras.
Ipfa demo vacua votis operata pudicis

Torqueor, infefto ne vir ab hofte cadat.
Inter ferpentes, aprofque, avidofque leones
Jactor, & efuros terna per ora canes.

» Un hymen inégal eft pour une » femme beaucoup moins un honneur » qu'un fardeau, dont l'éclat ne dimi»nue pas le poids, Hercule toujours >> absent est pour moi plus étranger » que mari. Óccupé fans ceffe à pour» fuivre des montres furieux, il me » laiffe en proye à des frayeurs dont » fa vie eft l'unique objet. Je crois tou» jours me trouver avec lui au milieu » des ferpens, des fangliers, & des Cer"beres ». Enfin Déjanire fait connoître qu'elle fe trouve releguée loin de fa Patrie à Trachine avec fes fils.

C'eft que le grand Alcide invité à manger chez fon beau-pere neus avoit tué d'un leger coup, en badinant, & fans le vouloir, un jeune enfant pa

*OVID. Heroid. epift. 9.

rent d'Eneus; on ne lui imputa point eet accident, qui n'étoit que l'effet du malheur. Mais Hercule crut devoir obferver la loi des Grecs à la rigueur, & s'exiler volontairement avec fa famille pour une année. Il choifit donc Trachine pour le lieu de fon exil, & il y conduifit Déjanire avec les enfans qu'il confia à Ceyx Roi de Trachine. C'eft fur cet exil qu'elle foupire. Il lui devient d'autant plus dur, qu'elle ne fçait depuis plus d'une année ce qu'eft devenu Hercule. Un écrit qu'il lui a laiffé en partant augmente encore fon inquiétude.

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Sur cela il paroit une de fes femmes, qui pour foulager fa douleur fe hazarde à lui donner un confeil, à fça voir d'envoyer Hyllus fils aîné d'Her cule chercher les traces de fon pere; pour recueillir au moins quelques nouvelles de fa deftinée. Hyllus arrive à propos; & fa mere lui ayant fait part aur confeil qu'elle vient de recevoir, le jeune Prince lui dit qu'il a appris, mais feulement par de nouveaux bruits qu'Alcide fon pere a été long-tems ef clave d'Omphale Reine de Lydie; qu'enfuite il s'eft tiré de ce honteux efclavage; & qu'il a projetté de porter A

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