صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

au moment d'un fiége dans une ville étrangére, d'où elles étoient fur le point de fortir pour aller à Delphes. Euripide n'a pas voulu compofer fon Chœur de Thébaines, que leur devoir auroit indifpenfablement attachées à favorifer las caufe d'Etéocle, toute injufte qu'elle eft.. C'est pour cela qu'il introduit des étrangeres, mais alliées aux Thébains. Les defcendans d'Agénor s'étoient rendus maîtres de la ville de Tyr. Depuis cette: conquête les Tyriens envoyerent à Thé-bes une élite de leurs filles pour être renvoyées comme Prêtreffes d'Apollon à Delphes. C'étoit un tribut paffé en cou-tume religieufe. Ces Tyriennes ou Phoe niciennes donnent le nom à la piéce. L'Interméde qu'elles chantent ici expofe ce qu'elles font, & le fujet de leurs frayeurs à la vûe des armes. Elles crai-gnent pour Thebes à caufe de leur patrie. Ce font intérêts communs de part & d'autre, vi l'alliance & les nœuds du fang qui lioient les Thébains & les Pho niciens.

ACTE IL

Polynice paroît l'épée à la main, parseque malgré la treve il craint quelque

furprise de la part d'un frere capable de tout ofer. Cependant dès qu'il apperçoit des Autels, (c'étoient des afyles,) il remet fon épée dans le foureau pour ne pas effrayer les Phæniciennes. Elle fe font connoître à lui, & fe profternent à fes pieds, fuivant la Loi, comme captives foumifes à toute la maifon d'Agénor. Elles appellent auffitôt la Reine, qui vient promptement recevoir fon fils.

Après les premiers embraffemens pleins de la plus vive tendreffe, telle que devoit être celle d'une mere qui revoyoit un fils malheureux qu'elle avoit fi long-tems pleuré, jufqu'à fe couper les cheveux & fe revêtir de vêtemens noirs en figne de: deuil, elle lui remet devant les yeux la douleur d'un pere emprifonné & livré à fon défespoir. Elle lui reproche tendrement l'alliance qu'il a contractée en épou-fant une femme étrangere, à fçavoir une des filles d'Adrafte. Je n'ai point, dit» elle, allumé le flambeau de l'hymen » pour vous, fuivant l'ufage des heureu-,, fes meres. Le fleuve Ifménus ne vous " a point donné le bain nuptial, & Thé-, bes n'a point retenti de cris de joye en1 » faveur de votre époufe. Puiffent s'éva-nouir les préfages dont nous menaceng

[ocr errors]

ces maux! quelle qu'en foit la caufe sou le fer; ou la difcorde, ou votre pere ou le deftin, ces malheurs retombent tous fur moi, «

"

Polynice répond qu'il eft venu avec défiance dans Thebes. Mais que l'amour de la patrie l'a emporté dans fon cœur. Il fe juftifie par là d'avoir traverfé la ville l'épée à la main. Ses craintes étoient trop fondées pour ne pas les écouter. Mais enfin la trève & la foi de Jocafte l'ont raffuré. La vûe du Palais & des lieux où il a paffé des jours fi chers à fon fouvenir lui arrache des larmes de tendreffe. Mais ce qui le défefpere,c'eft de voir une mere en deuil, & dont il caufe malgré lui les difgraces. Toute cette entrevûe eft extrêmement tendre.

Mais Jocafte pour tomber infenfiblement fur l'article de la réconciliation des deux freres qu'elle veut négocier, met Polynice en voye de raconter fes avan tures. Ceci eft un dialogue ferré vers à vers. Polynice y décrit d'une maniere trèspathétique l'accablement où fe trouve un malheureux Prince éxilé de fa patrie & fans appui. Il a éprouvé la mifere jufqu'à fe voir dans la derniere indigence. Il dit précifément, » que la nobleffe ne nourrit point, & que la patrie eft le plus

doux de tous les biens, puifqu'un éxilé > ne trouve plus de reffource ni d'amis. « Il raconte enfuite comment le hazard lui gagna l'amitié d'Adrafte Roi d'Argos.

Ce Roi avoit reçu un Oracle d'Apollon qui lui ordonnoit de donner fes filles en mariage à un fanglier & à un lion qui se présenteroient les premiers à fa vue. Polynice, & Tydée autre éxilé, vinrent implorer fon fecours. Il interpréta l'Oradle en leur faveur, leur fit époufer fes deux filles, & leur jura de les rétablir dans leur patrie par la force des armes. Ici Polynice fait réflexion qu'il conduit des troupes contre fa patrie. Il en foupire. Oui, dit-il, j'attefte les Dieux » que c'est malgré moi que je combats » contre ce que j'ai de plus cher au mon

de. Mais c'est à vous, ô ma mere, » qu'eft refervée la gloire de terminer nos » maux, de réconcilier deux freres en"nemis, & de rappeller la paix fi défi»rable pour vous, pour moi, & pour » l'Etat.

C'est un Roi détrôné qui parle avec beaucoup de modération & de grandeur. Mais il finit par un fentiment fingulier & qui marque bien l'excès de mifére auquel fon éxit l'avoit réduit dans des tèms bien différens du nôtre, où toutefois l'on a vû

des têtes couronnées éprouver, malgré l'humanité de leurs bienfacteurs, les trif tes effets d'une affreufe difette. » L'opulence, dit ce Prince, eft ce qu'il y a » de plus réveré parmi les hommes. Un » Roi indigent n'eft plus rien. Voilà ce » qui m'attire à Thébes à la tête d'une » armée. «Le Choeur avertit Jocafte: qu'Etéocle va paroître.

+

Ce Prince dont le caractere bouillant & impétueux contrafte merveilleufement bien avec la noble & la douce fierté de Polynice, parle en ces termes en arrivant. Me voici, Madame. C'est en vo-» tre faveur que je viens. Que veut-on » de moi?« Il fait valoir l'effort où il s'eft réduit de confentir à cette entrevûe: avec fon frere:

"Attendez, répond la Reine. Trop de » précipitation nuit dans des conjonctu» res fi délicates. La prudence veut plus » de lenteur & de fang froid pour réuffir. "Etéocle, adouciffez ces regards féro»ces; étouffez ce courroux prêt d'écla-»ter. Ce n'eft point une Médüfe que » vous voyez. C'eft votre frere, hélas qui vient vers vous. Polynice, tournez les yeux à votre tour fur votre frere. Cette vue vous difpofera à lui » parler & à l'entendre avec plus de tram

[ocr errors]
« السابقةمتابعة »