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»quillité. Je n'ai plus qu'un confeil à » vous donner. Songez que dans une en-» trevûe deux amis irrités doivent ne

"

penser qu'au fujet qui les raffemble, & » oublier tout le paffé. Polynice, c'est à » vous de parler, puifque vous venez » vous plaindre à la tête d'une armée & » demander, dites-vous, juftice d'une

injure. Puiffe enfin quelque Dieu fe » faire l'arbitre, le juge, & le pacificateur » de cette querelle,,!

POLYNICE, Lavérité parle fimple ment & fans art. Elle n'ufe point de détours artificieux. C'eft dans elle-même qu'elle trouve fa force. L'injuftice au contraire qui fent fa foibleffe, cherche à s'appuyer d'un art fophiftique. J'ai voulu, je l'avoue, pourvoir aux intérêts communs de l'Etat, de mon frere, & de moi. Il falloit prévenir l'effet des imprécations de mon pere: Fugitif volontaire, j'ai cédé le Sceptre à Etéocle pour une année ; mais à condition de régner à mon tour.. Je n'ai prétendu, ni fouffrir le traitement que je fouffre, ni revenir en ennemi porter le fer dans le fein de ma patrie. Etéocle a foufcrit à ce partage: Il en a pris les Dieux à sémoin;& toutefois au mépris de fes fermens il régne encore,, & il occupe la place que je devrois occuper. Qu'il me

rende le Sceptre, & me voici prêt à con gédier l'armée, & à céder à mon tour ce même Trône qu'on m'aura rendu. A ce prix je vous délivre de toute crainte, je refpecte les murs de Thébes, & je ne tente plus un coupable affaut. Mais fi une demande fi jufte m'eft refufée, je fuis déterminé à me faire juftice, & à tenter le fort des armes. J'attefte les Dieux témoins de la droiture de mon cœur, & de l'équité de ma caufe, qu'on m'a privé injuftement de ma patrie.

Le Choeur approuve un difcours fr méfuré & fi raisonnable.

ETEOCLE. Si ce qui femble honnête aux uns le paroiffoit aux autres, il n'y auroit plus de diffenfions parmi les humains. Mais rien ici bas ne frappe nos efprits de la même maniere. On convient des noms en fait d'honneur, & de tout nullement de la réalité. Je ne déguiferai point ici mes fentimens, Madame; j'efcaladerois le Ciel, & je defcendrois aux entrailles de la terre, fià ce prix je pouvois conquérir la plus brillante des Couronnes. Le Trône eft un bien fi cher à mes yeux, que je ne puis le céder à autrui. Quelle lâcheté feroit - ce de devenir fujet, quand on s'eft vú Roi! mais quelle honte de céder ce Trône à un perfide

qui ofe venir les armes à la main défoler fa patrie ! quel opprobre pour Thébes & pour moi, fila crainte des lances Argiennes me forçoit de defcendre du Trône pour y placer un vainqueur. Non, Madame, ce n'étoit point à main armée qu'il devoit chercher à entrer en négocia tion avec moi, La raison auffi puiffante qu'une armée eût fuffi. Qu'il habite dans cette terre, j'y confens. Mais qu'ayant donné la loi je me rabaiffe à la recevoir de lui, qu'il ne l'efpére pas. * Employez donc le fer & la flamme. Couvrez ces plaines de chars; je ne céderai point ma Couronne, Equité tant qu'on voudra, je la respecte en toutes choses; mais fi l'on peut jamais être injufte, il eft beau de l'être pour régner **.

JOCASTE. Les maux feuls ne font pas l'appanage de la vieilleffe, mon fils. L'expérience qui l'accompagne l'en dédommage, & la conduit] plus furément

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**» Si violer la juftice & le droit

» Il eft licite à l'homme en quelque endroit, » C'eft pour régner qu'il fe le doit per

» mettre.

Trad. d' AMYOT dans PLUT. tr de la man, de lire les Poëtas.

que l'impétuofité de la jeuneffe. Par quel le fatalité l'Ambition, cette divinité dangereufe, a-t-elle emporté tous vos vœux? en combien de maifons & d'Etats n'estelle pas entrée ! helas! elle n'en eft fortie qu'en emportant toute leur félicité. C'est elle qui vous tranfporte, mon fils. Hé, ne feroit-il pas plus honorable pour vous d'aimer cette égalité précieufe qui lie entr'eux les amis, les guerriers, & les Etats? C'est une loi facrée parmi les mortels.

Jocafte s'étend ici un peu trop fur le prix de l'égalité, à qui elle attribue les poids, les mefures, l'ordre du jour qui fuccéde à la nuit: d'où elle conclut qu'Etéocle doit céder le Sceptre à fon frere. Ce font fix ou fept vers qu'on a marqués ainli que bien d'autres, comme dignes

d'être retenus. Mais ce raifonnement ne fçauroit entrer dans nos idées, & n'étoit bon que pour les Grecs, gens amateurs de fentences, & d'exemples palpables.

Ce qui fuit a plus de dignité. Jocaffe appelle le Trône une injuftice heureuse. »* Qu'y trouve-t-on ? plus de travail &

*EURIPIDE parle ici en Républicain Démocratique. Cependant il femble époufer d'au tres fentimens ailleurs & PLATON fon contemporain le blâme d'avoir trop loué les Monarques & la Monarchie.

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» de profperité qu'ailleurs. Mais qu'eft-ce » que cette opulence? La médiocrité fufa fit à qui fçait borner fes défirs. Les » richeffes n'appartiennent veritablement » qu'aux Dieux. Les hommes n'en font » que les dépofitaires & les œconômes. » Auffi les Dieux fçavent-ils les repren» dre, quand il leur plaît. Jugez-en par »l'instabilité de la fortune. Si je vous » demande, mon fils, lequel eft plus » cftimable à vos yeux, ou le Trône, » ou le falut de l'Etat, oferez-vous ré»pondre que c'est le Trône? Mais fr » Polynice eft vainqueur, fi Argos » l'emporte fur Thébes, vous verrez » cette même Thébes défolée; vous » verrez les Thébaines captives arra» chées des bras de leurs meres par un ❤ennemi farouche, Ah, qu'alors les Thé» bains payeront cherement ce fuprême "pouvoir qui a tant de charmes pour » vous ! Voilà Etéocle, ce que j'avois à » vous dire, «‹

» Pour vous Polynice, je vous dirai » avec la même franchife, qu'Adrafte » a été imprudent de vous offrir fon fu» nefte fecours, & qu'imprudemment » vous l'avez accepté pour détruire votre

patrie. Car hélas, fi vous prenez >> Thébes, (Dieux écartez ce préfage,)

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