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terminé à fe précipiter du haut des murs vers l'antre du Dragon, après s'étre frappé, afin de l'arrofer de fon fang. » Sa vie eft, dit-il, l'unique bien qu'il puiffe donner à fa patrie. Peut-il » lui faire un don plus falutaire & » plus précieux? Heureufe la Répu»blique où les Citoyens concourent de » tout leur pouvoir au falut de la patrie»!

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C'eft-là une efpéce d'Epifode ou d'action fubordonnée à l'action Théatrale; ces Episodes font rares chez les Grecs. Ils les croyoient contraires à l'ef fet de la principale action; & véritablement, quoiqu'on faffe, ils détournent l'attention du Spectateur; ils la partagent du moins; & ils ôtent à la Tragédie les charmes de cette belle fimplicité, qui fçait fi bien plaire par elle-même. Après tout celui d'Euripide quoiqu'un peu tiré, juftifieroit ceux de nos jours, fi on ne les pouffoit pas plus loin qu'il ne l'a fait, & fi on ne les faifoit rouler prefque toujours sur

l'amour.

Ce facrifice de Ménécée rappelle au Chœur l'idée du Sphinx, qui s'étoit fi fouvent raffafié de fang humain, & le fervice qu'Edipe rendit à l'Etat en le

délivrant de ce monftre. La générofite de Ménécée, qui dans un âge fi tendre court volontairement à la mort pour le falut de fes Citoyens, fait encore une partie de l'Interméde. On conviendra que c'eft une adreffe dans le Poëte d'avoir donné affez de présence d'efprit & de courage à ce jeune Prince pour feindre en présence de fon pere, & pour vôler enfuite au trépas fans autre témoin que le Chœur. Mais ce Chœur même paroîtra peut-être un inconvénient. Car étoit-il naturel qu'il le laiffât ainfi vôler au trépas, du moins fans en avertir Créon? Oui, fans doute, puifque le Chœur n'étoit compofé que d'étrangeres, qui par leur alliance avec Thebes & par leur propre fituation prenoient plus d'intérêt au bien du public, qu'au bien particulier de Créon. Dans la Tragédie dépouillée de Chœurs comme elle l'eft aujourd'hui, il auroit fallu recourir au monologue où à quelque Confident, qui auroit été plus embarraffant & plus froid. Eft il naturel d'ailleurs, qu'une grande & illuftre action fe paffe fans témoins? On ne dira: pas que les Spectateurs le foient. Ils font comptés pour rien, & ce feroit mal enrendre le Théatre, que de le prétendre...

On ne le dit point, & on le fuppose: toutefois dans la pratique. Comment excufer cela ?

A CTE IV..

Un Officier vient avec empreffement trouver Jocafte, pour lui raconter l'état des affaires. Elle fort du Palais. La curiofité d'une mere & d'une Reine fur le fort de fes enfans &. de l'Etat fait ici un bel effet. On lui dit que l'un & l'autre Prince eft plein de vie & que les Thébains font vainqueurs. Cela eft très-bien ménagé pour fufpendre l'attention. » C'est, dit l'envoyé, la mort » de Ménécée qui a procuré à Thébes » ce favorable fuccès. En effet après ce » facrifice. Etéocle pofte les fept Chefs » de cohortes. Il diftribue les Corps de ›› Cavalerie pour foutenir ceux d'Infanterie. Incontinent les ennemis s'avan» cent fur le bord du foffé. Le bruit » des trompettes fe fait entendre des » deux parts; Pathenopée, Amphiaraiis,. » Hippomédon, Polynice, Tydée, Ca» panée, Adrafte, les fept Chefs de >> l'armée ennemie font chargés chacun » de l'attaque d'une des portes » L'Offi Gier après les avoir ainfi nommés de

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fuite, felon le rang de leurs attaques, décrit les devifes de chacun d'eux d'une maniere un peu différente de celle d'Efchyle. * J'ai crû devoir abréger dans l'un & l'autre Poëte un récit peu intéreffant pour nous. Il fuffit d'en donner quelque idée, & d'obferver en paffant que la Scène d'Euripide paroît être plus adroitement ménagée en récit que celle d'Efchyle ne l'eft en action, quoiqu elle ait fes beautés en ce qu'il fait agir Etéocle, qui difpofe fes poftes aux yeux du Spectateur.

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» D'abord, continuë l'Officier, on employe l'arc, la fronde, & les pierres » détachées des murs. Les affiégés avoient » l'avantage, lorfque Tydée & Polynice »fe mettent à crier qu'il faut donner » une affaut général. Le combat s'échauf »fe. Les Soldats tombent de part & ,, d'autre ». L'Officier fait ici un détail d'actions très-vives à la façon d'Homere. C'est un fiége à l'antique. Voici un exemple. Capanée applique une » échelle, & jure que la foudre même » ne l'empêchera pas de prendre la ville » d'affaut. Il monte à travers une grêle » de pierres, dont il fe garantit en fe

*Voyez les fept Chefs devant Thebes, Tom. III.

Alte III.

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couvrant de fon bouclier. Il atteignoit déja aux creneaux. Jupiter le frappe tout-à-coup du feu du Ciel, & la » terre s'ébranle d'une manière effroya»ble. Ce guerrier eft déchiré en mor» ceaux. Ses cheveux voltigent en l'air: fon fang coule à terre; les pieds

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les mains tournoient çà & là; & l'on "voit fon cadavre enflammé tomber " en forme de tourbillon. C'eft un autre Ixion fur la rouë. Adrafte qui " voit que Jupiter lui eft contraire fait fortir les affiégeans du foffé, &c.

L'envoyé ajoute que les affiegés encouragés par ce prodige font brufquement une fortie avec de la Cavalerie. » Ils fondent fur les affiégeans; ils bri» fent leurs chars ; ils couvrent la cam"pagne de morts, & délivrent Thébes Dans ce récit qui eft long, on dépeint bien l'activité d'Etéocle, qui fe trouve par tout, & qui porte à propos du fecours où fa préfence eft néceffaire. On représente encore avec feu les chars fracaffés, & les monceaux de morts.

Jocafte en l'écoutant, goûte une joye digne de fon double caractere. Elle eft mere & Reine. L'Erat eft fauvé & fes fils refpirent. Elle ne plaint que Créon à qui il en a couté un fang bien cher

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