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pour le falut de Thébes. Mais comme elle veut fçavoir la fuite des évenemens, & la derniere réfolution d'Etéocle & de Polynice, l'Officier lui dit, » Mada» me n'en demandez pas plus; jusqu'à »préfent tout a été heureux pour vous. Ce mot ambigu pique de plus en plus la curiofité de Jocafte. Elle preffe l'Envoyé de parler. Que voulez vous davanta"ge, répond-il? Ies Princes vos enfans

» vivent ».

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JOCASTE. Je veux fçavoir en urr mot, fi l'issuë est auffi heureufe que le combat.

L'OFFICIER. Laiffez-moi partir, Madame. Etéocle eft fans Ecuïer.

Il a beau feindre & fe défendre de parler, Jocafte l'y contraint. Il avouë que les deux Princes font convenus d'un combat fingulier. », Etéocle du haut des. » murs a fait faire filence, & a parlé

en ces termes. Braves Guerriers, qui » êtes venus en ces lieux, & vous, Thé» bains, écoutez-moi. Ne prodiguez » plus vos vies en faveur de Polynice » ni d'Etéocle. Il n'eft plus question " de vous expofer à des périls dont je » vous tiens quittes. Je veux combattre » feul avec mon frere. S'il meurt de ma » main je regnerai fans rival; & fi je

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» fuis vaincu, je lui cede le Trône, Argiens, au lieu de pérîr en ce lieu >> retournez dans votre patrie; & vous, Thébains, c'eft affez du fang que » vous avez verfé pour moi. Polynice » accourt & foufcrit à cet accord. L'une » & l'autre armée y applaudit. On fait » une tréve, & au milieu des deux » camps, tous les Chefs font ferment » de s'en tenir à des conditions fi jus»tes. Les deux Princes vont auffi-tôt » fe revêtir d'armes d'airain. Les Thé» bains environnoient Etéocle pour » l'armer, & les Argiens faifoient de » même à l'égard de Polynice. Les deux » freres ont paru en préfence l'un de » l'autre, fous leur armure brillante, » & ils n'ont point pâli. Ils brûlent d'ar» deur de combattre. Les Guerriers les » exhortent de part & d'autre à foutenir leur gloire. O Polynice, difent » les uns, l'honneur des Argiens eft » entre vos mains. C'eft à vous d'élever » à Jupiter une ftatue pour monument

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de votre gloire. Allez, difent les Thé» bains, allez brave Etéocle: fongez » que vous combattez pour la patrie,

* On diroit que c'eft Ménélas & Paris qui, fe difpofent au combat: toute cette defcription eft imitée du troifiéme Livre d'HOMERE.

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» que vous êtes Vainqueur, & que vous » regnez. Tels font les difcours qu'on employe pour les animer au combat. » Les Prêtres font occupés à interroger » les entrailles des victimes, l'extrémité » des flammes & les autres indices, dont "ils tirent des préfages pour la victoire » ou la défaite des combattans. Pour » vous, Madame, fi vous avez quelque "reffource dans votre prudence, & » dans l'art des enchantemens, allez, » détournez les Princes d'un fi horrible » combat. Prête à perdre deux fils en » un jour ne négligez rien: le péril eft ,, certain pour eux; & la victoire ne fçau,, roit être que funefte & douloureuse

» pour vous ››.

Jocafte fans répondre à l'Officier qui n'a peut-être que trop differé à lui dire une chofe fi effentielle, fait appeller Antigone. Cette Princeffe vient toute effrayée. Jocafte lui apprend que fes deux freres font fur le point de s'entr'e gorger. » Allons, dit-elle, nous jetter à leurs pieds". Antigone avant que. de fçavoir nettement de quoi il s'agifsoit, faifoit quelque difficulté de paroître à la vue des deux camps. Telle étoit la pudeur & la bienféance de ces tems-là, dont les Poëtes Grecs nous donnent de

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fréquens exemples. Mais dès que la Princeffe apprend qu'il n'y a pas un moment à perdre, & que tout eft défefperé fi elle ne vôle vers fes freres, elle eft la premiere à preffer la Reine fa mere de marcher fans délai, Jocafte la preffe à fon tour de la fuivre à grands pas. » Pour peu que vous tardiez, c'en ,,eft fait; nous fommes perdues, & ›› vous me verrez expirer für vos freres

» morts.

Les Phoniciennes redoublent la frayeur & la curiofité du Spectateur par des exclamations de crainte & de trifteffe qui expriment les fentimens de l'affemblée. Malheureufe mere! Enfans dé

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plorables! Qui des deux fe baignera » dans le fang de fon frere? Qui des » deux dois-je pleurer?« Ces exclamations accompagnées de beaucoup d'autres font encore beaucoup plus vives que notre manière ne peut les représenter.

ACTE V.

Créon déplore la mort de fon fils dont il a recueilli les triftes reftes, qu'il fait apporter à Jocafte pour les enfévelir. Il cherche cette Princeffe. Mais le

Chœur lui apprend le combat fingulier d'Etéocle & de Polynice; & le départ de Jocafte & d'Antigone qui font allées fe jetter au milieu d'eux.

Un Officier entre auffitôt avec la trifteffe peinte dans tout fon maintien, Son air feul annonce la mort mutuelle des deux Princes. Créon & le Chœur font à peine revenus de l'étonnement où les jette cette nouvelle, qu'on ajoûte encore, que Jocafte ne vit plus. L'Offcier reprend le récit où il l'a quitté dans l'Acte précédent. » Vous fçavez, dit-il, » la victoire que nous avons rempor»tée fous les murs. La proximité ne » permet pas d'ignorer ce qui s'y paf» fe".

L'on peut donc demander, pourquoi Créon a-t'il ignoré le combat des deux freres? Car il eft fuppofé n'en rien fçavoir quoiqu'il vienne de l'antre du Dragon, d'où il a enlevé le cadavre de fon fils. Cela a bien l'air d'une faute, qu'Euripide aura faite pour en éviter une autre, à fçavoir celle de répéter l'hiftoire du fiége à Créon qui ne l'avoit pas entendue, ou celle d'omettre la narration de la fuite. Si les Anciens péchent, ce n'eft qu'à force de précau tions, pour faire entrer & fortir à pro

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