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pos leurs Acteurs; chofe dont on ne s'embarraffe prefque plus aujourd'hui. Pour juftifier Euripide, on peut fuppofer Créon tellement occupé de la mort de fon fils, qu'après avoir vû de fes yeux la victoire des Thébains, il n'a pas pris garde à la fuite, qui étoit le duel d'Etéocle & de Polynice.

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L'Envoyé continue: Après que les ,, deux Princes fe font revêtus de leur » armure. ils fe font avancez entre les » deux armées prêts à combattre à coups » de lances. Alors Polynice en fe tour»›nant vers Argos, Déeffe des Argiens, » vénérable Junon, a-t'il dit; ( car je » fuis à préfent fous votre fauve-garde: » mon hymen avec la fille d'Adrafte » & ma retraite dans fon Palais qui » me tient lieu d'afyle m'en font garans.) » Faites que j'immole mon frere, & que » je rougiffe de fon fang mes mains vic»torieufes. Hélas, je le fçai trop, c'est » une victoire impie & honteufe, mais » néceffaire, que j'ofe vous demander. » Ces mots ont arraché des larmes aux » Soldats. Ils s'entre-regardoient en plai"gnant la cruelle neceffité où étoit

Polynice, de mourir ou de tuer. Pour » Etéocle, il se tourne vers le Temple » de la guerriere Pallas. Fille de Jupi

»ter, faites que de ce bras je porte » ma lance dans le fein d'un frere qui vient renverser ma patrie & la fienne. » Incontinent on voit briller le flambeau, » fignal du barbare combat,,.

Če fignal de guerre avoit précedé l'ufage des trompettes. Euripide ne laiffe pas de joindre ces deux fignaux dans le fiége de Thébes. Un Prêtre couronné de laurier précedoit l'armée avec une torche allumée à la main. Les ennemis l'épargnoient prefque toujours dans la chaleur de la bataille. De là eft venuë l'ancienne façon proverbiale d'exprimer une défaite complette. Le porte-flambeau même n'a pas été épargné. De là vient encore avec affez de vrai-femblance l'ufage de représenter la difcorde avec des torches ardentes.

» Les deux Athletes, dit l'Officier courent l'un vers l'autre, & femblables » à deux fangliers qui égifent leurs défenfes, ils écument de rage, & s'at›› taquent en même-tems ». On représente très-naïvement leur double combat. Le premier s'eft fait à la lance. » Ils ,, fe couvroient de leurs vaftes boucliers, ,, & tâchoient de faifir tour à tour l'en» droit que découvriroit l'un ou l'autre » pour le fraper à coup fûr. L'Officier

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dit

que les Spectateurs attentifs étoient plus en fueur que les combattans memes. Etéocle fe heurte le pied, fort ,, de fon bouclier, & reçoit un coup » qui excite un cri de joie parmi les "Argiens. Polynice à fon tour le dé», couvre & fe fent bleffé. Sujet de triom"phe pour les Thébains. Mais ce coup »rompt la pointe de la lance. Etéocle » recule, & ramaffant une pierre, il la jette, & fi heureusement qu'il brise », la lance de Polynice. Le combat de» vient égal. Ils tirent leur épées; ils s'approchent; ils frappent avec grand bruit fur leurs boucliers. Mais Etéo>>cle a recours à une rufe Theffalienne". Les Scholiaftes peignent les Théffaliens, comme ont fait depuis tous les Grecs,

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Il écarte le pied gauche, avance le » droit, & fe courbant prefque à terre, », il enfonce fon épée dans les entrail,, les de fon frere. Ce Prince tombe & »nage dans fon fang. Etéocle fe croit » vainqueur. Il jette fon épée, & s'appro», che imprudemment pour dépouiller » fon ennemi. Polynice alors ramaffant » fes forces, plonge tout-à-coup fon » épée dans le fein d'Etéocle. L'un & » l'autre étendus par terre mordent la pouffiere, & font également vainqueurs

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» ou vaincus >>

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Créon reconnoît en foupirant l'effet des imprécations d'Edipe. Ces deux "Princes étoient tombés, continue l'Of»ficier, lorfque leur mere accourt & » arrive avec fa fille. A la vuë de fes » fils baignés dans leur fang, & fecours » trop lent, s'écrie-t'elle puis elle fe "profterne près d'eux, & les pleure » tour à tour. O mes chers freres, dit

Antigone, abandonnez-vous ainfi une » mere & une fœur? Etéocle qui ne refpi

roit plus qu'à peine leve les yeux, » reconnoît la Reine, lui préfente une » main enfanglantée, & lui témoigne »fes regrets par fes larmes. Son frere » de fon côté à l'afpect de la Reine » & de la Princeffe, c'est fait, dit-il, » Madame, je meurs. Mon unique re»gret, c'est l'état où je laiffe une mere, » une fœur, & même mon perfide

frere. Car hélas, cet ennemi m'eft » encore cher. Je vous demande pour » derniere faveur de ne pas me refuser » un tombeau dans ma patrie, & d'ap» paifer Thébes irritée. L'honneur du tombeau dans le Païs Thébain me ,, tiendra lieu du Trône que j'ai perdu. ,, O ma mere, fermez mes yeux de vos ›› mains. Il porte lui-même la main de » Jocafte fur les yeux. Adieu, dit-il

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d'une

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» d'une voix expirante, les ténébres de » la mort m'environnent, Incontinent » l'un & l'autre expire. Jocafte témoin » de ces horreurs, tire l'épée qui étoit » dans le corps d'Etéocle, fe la plonge dans le fein, & tombe entre les deux » fils qu'elle tient embraffés ». L'Officier finit ce long récit par la conteftation qui vient de s'élever entre les Argiens & les Thébains au fujet du vainqueur. Des paroles ils en viennent aux armes & les Argiens font mis en fuite avec perte de fix cens hommes.

Auffi-tôt on apporte vers le fonds du Théâtre les corps de Jocafte, d'Etéocle & de Polynice. C'eft le Choeur qui en avertit. Antigone revient échevelée & fans voiles. La vue de ces cadavres, qu'elle a fait enlever la jette dans le défefpoir. Sa douleur n'éclate que par des exclamations entre-coupées de fanglots, & fa fituation parle plus que fa langue. Elle appelle tout jufqu'aux êtres inanimés pour prendre part à ses larmes. Puis jettant les yeux fur des morts fi chers, fur qui d'abord, dit-elle, répandrai-je les cheveux que je m'arrache? Sera-ce fur une mere, ou fur les » bleffures cruelles de mes freres ? Sortez » Edipe, fortez de vos ténebres. ››

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Tome IV.

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