صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Me nunc fequuntur, laudo & agnofco lubens.

Il fait plus. Il les exhorte à fe montrer dignes d'un tel pere.

Exhortor aliquid ut patre hos dignum gerant.

Cette figure eft pouffée fort loin à la façon de Séneque; car le pere anime en effet fes fils à s'entrégorger, comme s'ils étoient préfens.

Agite, o propago clara, generofam indolem
Probate faltis, &c.

Frater in fratrem ruat, &

Voilà un caractére de défefperé affez fingulier. Il pourroit être beau dans cette conjoncture, s'il n'étoit outré.

A CTE III,

Jocafte vient déclamer au troifiéme Acte, comme Edipe l'a fait au premier. C'est-là le triomphe de Séneque. Tous fes grands perfonnages font déclamateurs. La Reine ne fçait pour qui fon cœur doit se déclarer: fera-ce pour Polynice ou pour Etéocle? L'un & l'autre eft fon fils. L'un redemande un bien qui lui eft dû; mais il le

demande en affiégeant fa patrie. L'autre ne lui eft pas moins cher que fon frere. Horace Elle penche cependant pour ce dernier, dont le parti eft le plus jufte & le plus malheureux; & elle dit comme Sabine femme d'Horace, dans la Tragédie de Corneille,

A&t. I.

Sc. I.

Je ferai du parti qu'affligera le forr.
Quò caufa melior forfque deterior trahit
Inclinat animus femper infirmo favens.

Corneille a eû en effet devant les yeux cette déliberation de Jocafte en faisant celle de Sabine, & le merveilleux eft que Séneque ait formé un Corneille, comme Euripide un Racine.

Un Officier vient interrompre la Reine, pour lui dire que les deux armées font fur le point d'en venir aux mains, fi elle ne fe preffe de travailler à la réconciliation de fes fils. Jocafte répond qu'elle ira. Mais loin de fe preffer elle demeure encore pour dire d'affez beaux vers que Séneque n'a pas voulu perdre. Antigone la prie derechef de ne pas différer. Alors Jocafte fe fouvenant qu'on l'a déja preffée de partir, & qu'il n'y a pas un moment à perdre, fouhaite d'être enlevée par le vent ou par quet

que Griffon pour arriver plutôt au camp. Elle court en effet comme une écervelée. Au moins l'Officier le dit très nettement,

Vadit furenti fimilis, aut etiam furie.

Il fait même cinq ou fix comparaifons impertinentes, pour mieux faire comprendre fa penfée; il y a enfuite sept ou huit vers abfolument inintelligibles, & qui apparemment font déplacés, & mis ici par hazard. Car le même Officier, en difant que Jocafte part comme une Bacchante, ajoûte tout de fuite, ( & malheureufement cela paroît une fuite,) » que Jocaste est arrivée au milieu des ,, deux armées; qu'elle les a féparées » à l'inftant; que les deux freres prêts à » fondre l'un fur l'autre, tiennent leurs » javelots fufpendus; qu'on parle de " paix"; & chofes pareilles qu'on ne voit pas qu'il puiffe fçavoir fi vîte, à moins qu'en effet Jocafte n'ait été enlevée fubitement dans les airs, comme elle le fouhaitoit, & que l'Officier ne foit guindé fur une haute tour pour voir tout ce qu'il raconte. Après tout quelque fuivi que tout ceci paroiffe par la liaison des vers, il l'eft fi peu

par le fens, qu'il feroit injufte de vou loir rien décider fur une piéce fi évidemment mutilée, & dont on n'a que peu de fragmens.

A/C TE IV.

L'Acte quatrième, qui est ici le dernier, parce que le refte manque, n'est pas plus entier que les précédens, ni beaucoup plus intelligible, quoique tout femble fe fuivre dans la verfification.

Jocafte y paroît comme étant au milieu de fes deux fils. Au moins elle parle à l'un & à l'autre comme fi elle les voyoit. Mais il n'y en a qu'un qui répond. C'eft Polynice. Elle lui dit d'embraffer fon frere. Il le refuse.,, Ne » vous fiez-vous pas, dit-elle, à ma » foi? Non, répond Polynice. Ce com» pliment eft un peu dur, quoiqu'entor» tillé dans une penfée prétenduë spr>> rituelle.

"

Timeo: nihil jam jura natura valent.

Poft ifta fratrum exempla, ne matri quidem,
Fides habenda eft.

» Je crains, & ma crainte eft trop » fondée. La nature perd ici fes droits,

Après un exemple de deux freres fi ,, cruellement ennemis, que peut une mere, & doit-on s'y fier"?

La Reine l'exhorte en vain à se défarmer, & cela en détaillant toutes les piéces de fon armure. Polynice tient bon. Jocafte fe tourne du côté d'Etéocle pour obtenir de lui la même chose. Mais d'abord inutilement. Elle fait enfuite une harangue auffi différente de celle d'Euripide que toute cette Scène, c'est-à-dire fort ampoullée, & nullement touchante. Polynice y répond. Etéocle,comme j'ai dit, ne parle point, & ce long filence eft affez furprenant. Pour Polynice il déclare qu'il veut regner, quelque prix qu'il en coute, & il ne conferve que cela du caractére que lui avoit donné Euripide. Mais pour mettre entierement le lecteur au fait de cette piéce, voici le fens & la conduite de tout ce qui nous refte de ce quatriéme Acte, qui eft afssurément le plus fupportable & le plus foutenu par la beauté des vers & de quelques penfées.

JOCASTE. Tournez fur moi le fer & le feu. Que l'une & l'autre armée fonde fur Jocafte. Ennemi ou citoyen, tout doit frapper ce fein qui donna

« السابقةمتابعة »