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une feule parole. Le Chœur veut l'arrêter. » Madame, pourquoi vous retirer ainsi » fans rien répondre? Ignorez-vous que "le filence eft l'aveu du crime «<? Hyllus reprend. » Laiffez la s'écarter. » Puiffe - t'elle fuir bien loin de mes re"gards qui l'ont confondue. Lui fiéroit»il de fe couvrir du titre de mere, elle qui l'a fi indignement démenti ? Qu'el»le fuye donc, qu'elle jouiffe de fon » crime, & puiffe le fort qu'elle a pré" paré à mon pere retomber tout entier fur fa tête,,! Ce filence de Déjanire est dans le même goût que celui d'Eurydice dans l'Antigone: & l'on vera dans peu qu'il vaut mieux que ce vers affecté d'Ovide fi fouvent répété dans une lettre :

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* Impia, quid ceffas Dejanira_mori?

»Impie Déjanire, que tardes-tu à te don», ner la mort ». On ne s'exhorte point à mourir, quand le deffein en est bien pris. Beaucoup moins le fait on avec tant d'art. Le filence eft plus éloquent. & plus vif.

Le Chœur enfuite de ce qu'on vient

Voyez Antigone, ci-deffus, Tom. III.
** OVID. Heroid. epift. 9.

d'entendre d'Hyllus, qui s'eft retiré, fe rappelle l'Oracle ancien, à fçavoir qu'Hercule après douze travaux devoit jouir d'un repos que rien ne pourroit troubler. On en voit l'accompliffement. Le Chaur retombe fur l'article de Déjanire, dont il plaint la jaloufe crédulité fuivie d'un fi trifte retour. Il attribue enfin tous ces maux à Venus.

A CTE V.

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Auffi-tôt ces filles effrayées entendent dans le fond du Palais un grand bruit qui préfage quelque chofe de funefte. L'on voit en effet la vieilleConfidente de Déjanire, qui vient toute en pleurs annoncer la mort de fa maîtreffe. Sa mort eft atro» ce, dit-elle, & vous en conviendrez. A » peine étoit-elle rentrée, qu'à l'afpect de » fon fils Hyllus, qui retournoit vers fon pere, elle détourne fes pas pour l'éviter, »,& feule au pied des autels elle déplore fa viduité. Trouvoit-elle fous fes mains quelqu'une des chofes néceffaires à fon » ufage, fes yeux fe rempliffoient de pleurs. Errante çà & là dans le Palais, » à la vûe de fes Officiers elle ver oit » des torrens de larmes : elle imputoit B iij

aux Dieux le renversement de fa mai» fon. Après ces premiers tranfports je la » vois entrer brufquement dans l'appar»tement de fon époux. Cachée dans » l'obscurité je l'observe en filence. Elle » pare le lit d'Hercule, le baigne de » fes larmes, & s'y étant affife: ô Cou» che nuptiale, dit-elle, tu me reçois » pour la derniere fois. A ces mots

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elle découvre fon fein. Je vole vers "fon fils: mais helas, à mon retour, »je trouve qu'elle s'eft frappée d'un » poignard. Cette vûe attendrit Hyllus. » Il pleure une mere que fes reproches » ont porté à cet excès de défefpoir. >> Car il avoit appris, mais trop tard, » la funefte erreur où le Centaure avoit » fait tomber Déjanire. L'infortuné Hyl»lus livré à fon repentir, s'approche » d'une mere expirante: il l'embraffe, » il l'arrofe de fes pleurs, défefperé de » lui avoir imputé un crime, & de fe >> voir privé d'une mere & d'un pere par "une époufe & par un fils. Voilà la » trifte destinée de cette Maison malheu"reufe. Qu'on compte après cela fur » le bonheur d'un feul jour. Trop avi» des du lendemain nous ne fongeons » pas que l'heure prefente eft peut-être » la derniere pour nous ».

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La mort d'Alcefte chez Euripide a beaucoup de rapport à celle-ci; & il est évident que Virgile a imité ces morceaux des Poëtes Grecs, quand il nous peint Didon mourante.

* Incubuisque Thoro, dixitque novissima verba.

» Elle s'affit fur fa couche nuptiale, ,, & dit les dernieres paroles.

Les filles de Trachine à la vûe de ce double malheur d'Hercule & de Déjanire ne fçavent où porter leurs regrets, tant elles font accablées de triftefle, Elles voudroient être tranfportées dans un autre climat; & elles redoutent la préfence d'Hercule furieux, qu'on apporte fur la Scene entouré d'une nombreuse Cour de gens éplorés.

Le fommeil où il paroit plongé tient l'affemblée en fufpens. Son fils Hyllus qui le croit mort, jette des cris lamentables. Mais un Vieillard l'avertit qu'Hercule n'eft qu'affoupi par l'excès du mal & qu'il feroit dangereux de le reveiller. Il fe reveille en effet, & s'écrie: » O » Jupiter, en quelle région arrivai-je ? ** EURIPIDE, Alceste, premiere Partie, Tome III.

* VIRG. Eneid. l. 4. v. 650.

» Dans quelles mains fuis-je tombé? »Ah, je me fens dévoré; & mes cruelles » douleurs reprennent toute leur violen» ce». Et après quelques interruptions, › O Promontoire de Cenée, où j'ai élevé ,, tant d'autels! ô Dieux, étoit-ce là le » prix que vous reserviez à ma pié

" té "?

Il donne enfuite les marques les plus vives & les plus naturelles d'une douleur infurmontable. La Scene d'Hippolytechez Euripide eft dans ce goût. Hercule fe plaint qu'on réveille fes maux en voulant le foulager. Il ne peut fouffrir qu'on le touche. Il fent de plus terribles accès. » Où êtes-vous, s'écrie» t'il, brigands, dont j'ai purgé les bords » de la mer & les forêts? Le trépas en eft », la récompenfe, & pour furcroît de défefpoir, je ne vois perfonne qui » s'arme pour couper la trame de mes malheureux jours, perfonne qui le fer » & la flamme en main vienne brifer les ,, liens d'une vie intolérable». Le Vieillard, le Chœur & Hyllus fe défefperent de ne pouvoir lui apporter quelque foulagement. Mais Hercule rentrant dans un nouvel accès conjure fon fils de lui

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EURIPIDE, Hippolyte, premiere Partie,

Tom. II. pag. 224.

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