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camp avec elle pour féparer les deux freres. C'est encore Rotrou. Etéocle furvient comme chez ce Poëte: & Jocafte tombe prefque évanouië à la vuë du fang dont elle voit des traces fur les vêtemens d'Etéocle.

Eft-ce le fang d'un frere, ou n'est - ce point le vôtre?

Le Roi après l'avoir raffurée par le récit qu'il lui fait d'un fimple combat de quelques Soldats tant ennemis que Thébains qu'il vient de terminer, veut juftifier fa conduite & les raifons d'Etat qui l'engagent à livrer la bataille. Thébes le veut pour Roi & refufe Polynice. Jocafte obtient du moins une tréve & une entrevue entr'elle & Polynice. Créon en paroiffant, dévoile malgré lui fon ambition qui le porte à aigrir Etéoclę & à preffer le combat. Jocafte & Antigone lui font fentir nettement qu'elles s'en apperçoivent. Mais Créon rejette habilement les craintes d'Antigone fur l'amour qu'elle a pour Hémon. C'est le fils & le rival de Créon. Tous ces intérêts fecrets qui fe dévelopent font ici plus étendus que dans Rotrou, ou Créon n'effuye de reproche sur sa foif

de regner qu'un feul mot d'Etéocle. Mais chez Racine, Etéocle feul eft la duppe de l'ambitieux Créon, dont tous les autres Acteurs pénétrent les deffeins intéreffés. Pourquoi donc dans l'ardeur où ils font de détourner le combat n'en donnent - ils aucun ombrage Etéocle?

A CTE II.

Hémon s'entretient de fon amour avec Antigone, tandis que Jocafte est allée au Temple pour confulter l'Oracle. Cette Scéne eft plus galante que celle du vieux Poëte, & par cela même elle plaît moins. Etoit-il queftion d'amour dans une crife auffi vive que celle de la révolution d'un Etat? Racine l'a bien fenti lui-même; & il avoue dans fa préface que l'amour jetté fur des per- Préface fonnages fubalternes devient une paffion étrangere au fujet, & que d'ailleurs mis. » les tendreffes où les jaloufies des » amans ne fçauroient trouver que fort » peu de place parmi les inceftes, les parricides, & toutes les horreurs qui » compofent l'hiftoire d'Edipe & de fa » malheureuse famille. «<

Olympe Confidente de Jocafte ap

des Fre

res enne

porte la nouvelle de l'Oracle, qui demande en facrifice le dernier du fang Royal. Hémon & Antigone doutent fi cet Oracle ne les regarde pas. Sur quel fondement? Ignoroient-ifs qu'ils n'étoient ni l'un, ni l'autre les derniers du fang Royal? L'Oracle indiquoit affez clairement Ménécée dernier fils de Créon. C'eft une faute inexcufable.

Polynice dans fon entrevue avec Jocafte & Antigone, montre la même fierté que chez Rotrou. Ce caractere en eft pris tout entier, & il eft inconcevable que Racine fi grand amateur d'Euripide n'ait pas plutôt peint Polynice avec les véritables couleurs. Il auroit plû davantage que lorfqu'il dit, même en fi beaux vers,

Eft-ce au peuple, Madame, à fe donner un
Maître ?

Si-tôt qu'il haït un Roi doit-on ceffer de l'ê

tre?

Sa haine ou fon amour font - ce les premiers

droits,

Qui font monter au Trône ou descendre les

Rois ?

Que le peuple à fon gré nous craigne ou nouschériffe,

Le fang nous met au Trône, & non pas fon

caprice.

Ce que le fang lui donne il le doit accepter,
Et s'il n'aime fon Prince, il le doit refpecter.

Et ceux-ci fur Etéocle,

C'est un Tyran qu'on aime,

Qui par cent lâchetés tâche à fe maintenir
Au rang où par la force il a fçu parvenir,
Et fon orgueil le rend par un effet contraire
Efclave de fon peuple & Tyran de fon frere
Pour commander tout feul il veut bien obéir,
Et le fait méprifer pour me faire haïr, &c.

Antigone dit à fon tour tout ce que la nature & Rotrou ont dicté au Poëte de plus tendre. Mais Polynice eft fourd & infléxible. Pour le tirer d'embarras un Soldat accourt & l'avertit que la tréve vient d'être rompuë. Il part & se délivre par là des importunes prieres d'une mere & d'une fœur. Racine a ménagé avec beaucoup d'adreffe cette rupture. C'est une émeute excitée par Créon qui craignoit la réconciliation des deux freres.

A CTE. III.

Jocafte envoye fa Confidente pour voir ce qui fe paffe, & fait un affez beau monologue, après avoir préparé l'Epifo

de de Ménécée qu'on fuppofe être allé voir où en font les affaires.

Etéocle revenu avec Créon s'excuse fur la rupture de la tréve. Ce n'étoit, dit-il, à la Reine, qu'un fimple démêlé qui infenfiblement s'eft tourné en bataille. Créon feint de fouhaiter la paix. Mais le Roi qui eft fa duppe l'anime au contraire à venger fon fils fur les ennemis. Incontinent on vient annoncer que Polynice demande une entrevuë avec fon frere. Cela n'étoit point préparé; le Roi se rend, quoiqu'avec beaucoup de peine, aux prieres de Jocafte, d'Antigone, & même de Créon, qui l'exhortent à voir Polynice. Mais Créon demeuré feul avec fon Confident met bas le mafque & développe l'horrible myftere qui lui fait préferer l'entrevuë des deux freres à une guerre ouverte. Il veut regner; mais fans qu'il lui en coûte du fang. La guerre pourroit être funefte à fon fils Hémon, dont il vient de perdre le frere. Il connoît les haines enracinées d'Etéocle & de Polynice. Sondeffein eft que les deux freres s'étouffent dans leurs embraffemens; c'est-à-dire, qu'il n'a ménagé l'entrevuë que pour le combat fingulier, Ce trait eft bien noir. Mais fa politique eft-elle bien juste ?

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