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MEDE' E,

TRAGEDIE

D'EURIPIDE.

ASON oubliant qu'il devoit tout à

J Médée, qui l'avoit délivré d'un péril

certain dans la conquête de la Toifon d'or, & qui avoit tout facrifié pour le fuivre à travers tant de périls, & de mers, réfolut de l'éxiler avec les enfans qu'il avoit eus d'elle, après avoir époufé à fes yeux Glauca fille du Roi de Corinthe. La vengeance qu'en tire Médée eft le fujet de cette Tragédie. L'action eft fi frappante qu'elle a fait la matiére de plufieurs Tragédies imitées de celles d'Euripide. Oyide en a compofé une qui n'eft pas venue jufqu'à nous, & dont Quintilien nous a confervé ce vers fi connu :

Servare potui, perdere an poffim rogas?
Si jai pû le fauver, ne puis-je le détruire ?

Ennius avoit traduit en vers Latins la Médée d'Euripide, & l'on en trouve des fragmens dans Cicéron. On dit que Mécénas même avoit traité ce fujet à sa maniére. Mais ce qui nous refte de meilleur en ce genre fe réduit à la Médée de Sénéque, à celle de Louis Dolcé, à la traduction de Buchanan, à une Tragédie de P. Corneille, fous le nom dẹ Médée, fans compter celle * de la Toifon d'Or, & l'Opéra de Théfée. Nous en parlerons au fujet de la Tragédie d'Euripide qui leur a donné

lieu.

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Il y a neuf perfonnages, à fçavoir, Médée, Jafon, Créon Roi de Corinthe, Egée Roi d'Athènes les deux fils de Médée encore enfans, leur Gouverneur, la Confidente de Médée, & un Officier, outre le Choeur compofé des femmes Corinthiennes attachées aux intérêts de Médée. La Scéne eft dans le veftibule du Palais de Créon. **Corneille dit que c'eft une place publique, & il trouve bien peu de vraisemblance à y faire parler des Rois. Il a raifon quant

*Elle n'a point de rapport au fujet préfent, quoique Médée y joue le principal rôle.

**PIERRE CORNEILLE, Examen de Médée.

au dernier article. Mais rien n'oblige à croire que ces fortes de veftibules, où Euripide place fi fouvent fes Scénes, fuffent toujours publics. Il eft croyable que c'étoient des portiques féparés des appartemens intérieurs, mais élevés, & fort différens en toute maniére de ce qu'on nomme places publiques. Quelquefois ces portiques étoient en vûe des places & des rues, comme la Tragédie d'Orefte le fuppofes mais on n'a point de preuve que cela fût toujours ainfi.

Il eft bon de fe rappeller en peu de mots l'histoire de Médée fi élégamment écrite dans le feptiéme livre des Métamorphofes d'Ovide. Elle étoit fille d'Aëtas Roi de Colchos *, & très-verfée dans l'art magique, c'eft-à-dire très-fpirituelle. Masi elle ufa mal de fon art & de fes lumieres car elle fe rendit célébre par fes forfaits. L'amour qu'elle conçût pour Jafon fut la fource de tous fes crimes. Jafon fils d'Efon Roi d'Iolcos avoit été fupplanté par fon oncle Pélias ufurpateur des Etats d'Efon. Le jeune Prince qui avoit été dérobé à la fureur du Tyran revint & redemanda fes Etats.

*Colchos capitale de la Colchide à l'embou chure du Phafe.

Mais Pélias pour s'en défaire en Politique, l'engagea à tenter l'expédition de la Toifon d'Or à la tête des Argonautes. Il s'agiffoit d'aller à Colchos, & de ravir cette riche Toifon gardée par des Taureaux à gueule enflammée, & par un horrible Dragon. Ce fut là que Médée l'aima, & le rendit maître de ce thréfor fans danger, mais aux dépens de fa patrie & de fon pere Aëtas dont le fort dépendoit de la Toifon. L'amante & l'amant prirent la fuite. Aëtas les pourfuivit en vain. Jason revint à Iolcos avec fon époufe. Elle trouva moyen de le délivrer de l'ufurpateur Pélias, en feignant d'avoir un fecret pour le rajeunir; & fous ce frivole prétexte elle engagea fes filles même à l'égorger. Médée & Jafon contraints de fuir après cet attentat aborderent à Corinthe, où Jafon abandonna Médée pour fe livrer à de nouvelles amours. Ce dernier trait eft le fujet de la Tragédie d'Euripide. Il n'eft pas ici queftion de démêler l'hiftoire de la fable, puifque c'est la fable qui fait le fonds du Poëme. On peut feulement obferver en paffant que

* Ainfi en ufa Euryfthée à l'égard d'Her cule.

Médée, quoique coupable d'avoir trahi fon pere, & tué fon frère Abfyrte, dont elle jetta, dit-on, les membres en chemin pour arrêter la pourfuite d'Aëtas, est pourtant justifiée du meurtre de fes fils par quelques auteurs qui veulent rendre au moins la chofe douteufe. Elien dit par exemple qu'une autre tradition veut que les fils de Jafon ayent été tués, non par Médée, mais par les Corinthiens; & il ajoûte,que ce fut à la priere des Corinthiens qu'Euripide tourna autrement son fujet, & rejetta fur Médée un forfait fi odieux. Il y a eu même des critiques qui ont voulu fur quelqu'autre autorité incertaine qu'Euripide ait reçû des Corinthiens cinq talens pour en ufer ainfi. Que cela foit ou non, Euripide dans ce sujet, comme dans les autres, avoit différentes traditions qu'il pouvoit fuivre, & celle qu'il a fuivie étoit beaucoup plus propre au Théâtre qu'aucun autre

ACTE PREMIER.

*

La Scéne s'ouvre par la Confidente de Médée. **, Plût aux Dieux, dit-elle,

*Grec. Nourrice. Comme dans la Tragédie d'Euripide..

**PHEDRE Nous apprend dans une de ses

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