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Jafon replique en Orateur embarraffé, & qui cherche de vains détours pour éluder de bonnes raifons. Il attribuë, non à Médée, mais à Vénus fon heureufe entreprise de la Toifon d'Or. C'eft l'amour aveugle qui engagea Médée malgré elle à le fervir. Mauvaife excufe: auffi gliffe-t-il légerement fur ce point; & il fe croit affez juftifié sur l'article de la reconnoiffance, d'autant plus qu'il a tiré cette Princeffe d'un climat barbare pour la tranfporter en Grece, région polie, fenfible au mérite, & qui a fçû connoître tout l'efprit de Médée. C'est une flaterie pour la Gréce. On ne fait pas comment la nommer, tant elle est hors de place, & peu affortie à une pareille Scéne. A l'égard de fon nouvel hyménée, Jafon, s'excufe d'une manière qui ne pouvoit être tolérable que pour les Anciens. C'eft une alliance Royale & un appui néceffaire qu'il a cherché: pour Médée même & pour fes enfans. Il étoit exilé comme elle & fans reffour-ce: trifte héritage pour une illuftre postérité. Ce nouvel hymen lui donne du luftre, & procure de puiffans amis à fes enfans. Jafon femble prefque vouloir que Médée lui fache gré d'une perfidie qu'il croit, dit-il, avantageufe pour elle.

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Voilà où mene la néceffité d'entrer dans ces fortes de fituations, fi intéreffantes d'ailleurs fur le Théâtre.

Les ufages mis à part, comme chofes très différentes dans les divers tems, on conviendra que dans l'Andromaque Pyrrhus apporte de plus méchantes raifons à Hermione quand il lui dit fans dé

tour,,

Je voulus m'obftiner à vous être fidelle:

Je vous reçus en Reine, & jufques à ce jour
J'ai crû que mes fermens mé tiendroient lieu d'a-

mour.

Mais cet Amour l'emporte, & par un coup fi

nefte

Andromaque m'arrache un coeur qu'elle dé

tefter

L'un par l'autre entrainés nous courons à l'au

tel

Nous jurer malgré nous un amour éternel.

Jafon nie du moins que l'amour ait produit fon infidélité. Il veut que ce foit L'intérêt de fon épouse, de fes enfans, & le fien. Le. Choeur lui dit nettement que fon difcours eft captieux, mais que fa conduite eft inexcufable. Il falloit en effet que les raifons de ce Prince paruffent au moins fpécieufes aux fpectateurs, puifque Médée elle-même daigne y répli

quer. Je te confondrai, dit-elle, d'une »feule parole. Puifque cet hymen t'a » paru fi innocent, falloit-il le faire fans > mon aveu? Non, non, ajoute-t'elle ; ce " ne fut pas là ton motif, Fu dédaignois ›› une femme étrangere, & fur le retour » de l'âge ». Jafon perfifte à foutenir fes raifons, & pour dernier adieu il offre à Médée de l'argent & des gages d'hofpitalité pour fixer le lieu de fon exil où elle voudra. Ceci donnera beau jeu aux ennemis outrés de l'antiquité Théâtrale. Mais c'eft une affaire de coutume antique qu'il faut paffer au fiecle d'Euripide. J'en fais mention pour avertir feulement que je ne prétends point déguifer ni embellir ce Poëte, quoique l'équité demandât que dans une traduction fuivie on mît un équivalent moins choquant pour nos

mœurs.

Médée toujours fiere & noble dans fa colere refuse tout d'un parjure. Jafon prend les Dieux à témoin qu'il n'omet rien en faveur de Médée & de fes enfans. Elle le renvoye à fa nouvelle épouse, à peu près comme Hermione renvoye Pyrrhus à Andromaque,

Perfide, je le voi,

Tu comptes les momens que tu perds avec

mois;

Ton cœur impatient de revoir ta Troyenne
Ne fouffre qu'à regret qu'une autre t'entretien

ne.

Tu lui parles du cœur, tu lui parles des yeux.
Je ne te retiens plus; fauve toi de ces lieux
Va lui jurer la foi que tu m'avois jurée ;
Va profaner des Dieux la majesté facrée.
Ces Dieux, ces juftes Dieux, n'auront pas ou-

blié

Que les mêmes fermens avec moi t'ont lié.
Porte au pied des Autels ce cœur qui m'aban-``

donne,

Va, cours, mais crains encor d'y wouver
Mermione.

L'adieu de Médée eft pourtant plus court & moins tendre, comme il devoit l'être.» Va retrouver ta nouvelle épou »fe. Je le voi, tu languis en fon abfen"ce, & je t'arrête trop. Va, cours à » l'autel, & hâte un hymen, qui grace » aux Dieux te coutera plus d'un repen» tir,,.

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Les Dames Corinthiennes remontent à la fource des malheurs de Médée. C'est l'amour. Elles prient Vénus, Déeffe sage au gré des Chœurs Grecs, d'écarter de leur union conjugale les dépits, les jaloufies, les transports caufés par un amour aveugle. Elles font enfuite unautre retour fur elles-mêmes au fujet

de l'exil de Médée; & elles relevent le bonheur qu'on a de vivre dans fa patrie comparé avec toutes les fuites affreufes de l'exil. Médée cependant livrée à fa rêverie n'eft point fortie du Théâtre.

Egée Roi d'Athènes arrive fubitement & fans être annoncé, comme s'il tomboit des nuës. C'eft un perfonnage amené pour tirer Médée d'intrigue. Après les premieres civilités, & un récit mutuel des avantures de cette Princeffe & d'Egée, on voit aifément où tend cette Scéne. Egée vient de Delphes où il étoit allé demander à Appollon un héritier de fon Trône. Il revient avec un Oracle fort obfcur, dont il s'attend de troùver l'interpretation dans les lumieres de Pithée Roi de Trezene, Médée faifit cette occafion d'expofer fes maux à Egée. Elle implore fon fecours, & un afyle dans les Etats, avec toute la vivacité & toute la tendreffe poffible, promettant qu'en revanche elle trouvera dans fon art un fecret infaillible de le mettre au comble de ses veux en lui procurant des fucceffeurs. Egée entre dans fesintérêts; mais il exige de Médée qu'elle aille à Athènes fans qu'il paroiffe entr'eux aucun concert: fi Créon & Jafon dé

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