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percer le fein. C'est le feul bien qu'il puiffe attendre de lui. Il implore, il mandie la mort; mais inutilement. Enfin, il dit ce beau morceau rapporté dans les Tufculanes & traduit de la main de Ciceron, ou felon d'autres, de celle du Poëte Attilius. » O entreprife inouie » d'une femme! ô Déjanire, faut-il que je fois ta victime! non, jamais l'im» placable Junon, ni le barbare Euryf», thée ne m'ont été fi funeftes que la fille » d'Eneus. C'eft elle qui m'a envelopé » de cette fatale robe: comme d'un » filet tiflu par les mains des Furies; », voile affreux, prison horrible! il s'attache à mon Corps, il me dévore les », entrailles, il pénétre jufques dans mes » veines: mon noir fang bouillonne & » fe confume: mon corps brûlé par un feu invisible n'eft plus qu'un fantôme. Quoi ce que n'ont pû ni les armes, » ni les Geans, ni le Centaure, ni la » Grece, ni le refte de l'Univers que » j'ai délivré de cent monftres, une ,, femme feule, l'a tenté, l'a exécuté, ,, & c'est par ses mains que j'expire! »ô mon fils rempliffez toute l'étendue », de ce tendre nom. Qu'une vaine pitié

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* CICER. 1. 2. des Tufculanes.

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» pour une mère parricide ne l'emporte "pas. Allez trainez cette Furie, livrez» la moi, & foyez le spectateur de fon fupplice. Je veux éprouver en ce mo»ment qui vous preferez d'elle ou de » moi. Allez, dis-je, ofez m'obéïr, ayez » pitié d'un pere digne d'être pleuré. » Miserable, je verfe des larmes; moi, » que perfonne n'entendit jamais pouffer » un gémiffement dans l'horreur des plus » affreux revers! ah, je rougis de ma » foibleffe. Approche mon fils, fois té» moin de l'excès de mes maux. Voici » mes entrailles, Peuple, regardez ce » corps fi cruellement déchiré. Ah, quelles convulfions! quelles flammes! quel renouvellement de fupplices! Jupiter, précipite-moi aux enfers: »lance tes foudres pour m'écrafer. Mes » playes fe rouvrent: je fuis dévoré;

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quel tourment! ô Forces de mon bras » jadis fi vantées qu'êtes-vous devenues? »ô Mains, eft-ce vous qui avez étouffé »le Lion de Nemée *? Oui, voici ce >>bras qui a coupé les têtes renaiffantes » de l'Hydre, ce bras qui a dompté les » Centaures, ce bras dont les coups.

* Némée, forêt de l'Argolide

BY

» ont abbatu le Sanglier d'Erimanthe*, », ce bras dont les efforts ont tiré Cer

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bere des enfers, ce bras qui a mis » en piéces le Dragon dépofitaire des fruits d'or, ce bras enfin, qui s'eft fignalé par des exploits innombrables, » & que nul mortel n'a pû défarmer. » Le reconnoissez-vous? en quel triste » état le voyez-vous réduit! brifé, dé» chiré, attenué par un poifon fecret,

il languit, il n'eft plus reconnoiffable. » Fils de Jupiter & d'Alcmene, (quels

noms!) je deviens la victime d'une » perfide époufe. Mais quand je ferois ,, anéanti, je fçaurai en tirer vengeance. >>Qu'elle vienne donc & qu'elle apprenne › à l'Univers, qu'Hercule tout mort qu'il paroît eft encore le fleau des im» pies".

Il faut que ce morceau ait bien été du goût de l'Antiquité, puifqu'Ovide **a crû ne pouvoir faire mieux que de l'imiter dans fes Metamorphofes. Il le rehauffe en y ajoûtant cette belle penfée.

Defeffa jubendo eft: Sava Jovis, conjux ; ego fum indefessus agendos

* Erimanthe, montagne & forêt d'arçadie, ** Ovid. Metam. 1. 2, v, 176,

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La cruelle Junon eft plus laffe de » commander & d'exiger des exploits, » que moi d'obéir & d'en faire,,. Il feroit bien à fouhaiter qu'Ovide plutôt que Seneque nous eût laiffé les Tragédies Grecques remaniées à fa façon comme il l'avoit fait à l'égard de quelques-unes, qui n'ont pû paffer jufqu'à nous & qui nous font regretter les chefsd'œuvres du génie Tragique, dont on voit des veftiges dans fes Metamorphofes.

Hyllus détrompé fur l'article de fa mere, cherche à défabuser Hercule, ce qui fait un grand jeu de Théâtre. Car Hercule croit fon fils touché d'une indigne pitié pour Déjanire, & il refuse long-tems de l'entendre. Enfin l'on vient à bout de lui apprendre l'innocence & la jaloufie de Déjanire, fa mort, & l'aventure du Centaure. A ce nom, il ouvre les yeux. Il fe reffouvient d'un Oracle, & le déclare à fon fils: c'eft que Jupiter lui avoit prédit qu'un mort lui ôteroit la vie. Ce mort eft le Centaure. Il rapproche de cet Oracle antique un Oracle plus récent dont on a parlé, à fçavoir qu'Hercule jouiroit déformais d'un long repos. Toutes ces circonftances ne lui laiffent plus lieu de douter

que fa fin ne foit prochaine. Ainfi il prie fon fils de lui obé r en un point qu'il ne lui déclarera qu'après qu'il sera affuré de fon obéiffance.

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Le refte de cette Scêne eft toujours dans le goût du Théâtre. Car il fe fait une fufpenfion merveilleufe. Le pere tire le ferment de fon fils, & lui dit fon fecret & fa derniere volonté. Il s'agit de le porter fur le mont Eta, de le placer fur un bucher, & d'y mettre le feu de fes mains, & cela fous peine d'imprécations éternelles. Ce dernier article fait fremir Hyllus. ,, Ah, que » m'ordonnez-vous? que je devienne le bourreau de mon pere,,! Hercule exige au moins qu'il faffe tout le refte; & Hyllus s'accorde à tout hormis à ce dernier office. Mais le pere non content de ce trait d'obéiffance en demande encore un autre de lui. C'eft d'époufer Iole: autre fujet de répugnance de la part du fils. » Quoi? époufer celle qui » m'a ravi un pere & une mere! non, » il faudroit être agité des Furies pour » commettre un pareil forfait. Je pré,, fére la mort à cet hymen. Je le veux, dit Hercule; & il le ménace de tout fon courroux s'il n'obéit. Hyllus réfifte autant que le peut fouffrir la foumiffion

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