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reil Héros n'eft plus digne de Troye & Troye méritoit un autre vainqueur. Que gagnera-t'il en facrifiant une mere ou fon fils? La haine du peuple & le courroux de Pyrrhus. Il eft même peu fûr pour lui d'ofer accomplir l'un ou T'autre attentat. Que deviendroit Hermione? Pyrrhus feroit-il affez lâche pour la reprendre après un tel forfait ? Enfin Andromaque s'offre à la mort, fi elle eft coupable des crimes que lui impute fa rivale: mais fi elle eft innocente, fied-il à un Roi d'entrer dans les paffions d'une femme & d'époufer farage?

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Le Chœur trouve cela trop fier dans la bouche d'une Princeffe indéfenduë. Ménélas outré, juftifie fa colere par des raifons politiques ; & il s'en tient à l'alternative qu'il a propofée, ou la mere ou le fils. Cruelle fituation, s'écrie celle-ci, je fuis perdue fi je balance ou fi je me détermine à un choix. » Barbare auteur de mes peines, pourquoi en voulez-vous à mes jours? Ai-je >> attenté fur ceux de vos enfans? Ai je "porté le fer & le feu dans vos Etats?

Aimée malgré moi de Pyrrhus faut-il » que je porte la peine de fon amour? » Que ne l'en puniffez-vous lui-même ? Eft-ce ma foibleffe qui arme votre

bras contre moi ? O Troye, ô chere Patrie, à quelle extrêmité me vois-je > réduite! Falloit-il devenir deux fois mere, pour devenir doublement mal>> heureufe! Mais pourquoi déplorer ces > maux ? N'ai-je pas vû les triftes reftes: » d'Hector indignement traînés, tout ,, Ilion en flamme & mon Aftyanax pré» cipité des murs de Pergame? N'ai-je » pas été traînée moi-même fur les vaif

*

feaux des Grecs? Et pour tout dire » enfin, ne fuis-je pas devenue l'épouse » du meurtrier d'Hector? Non, non, la vie n'a rien qui me foit précieux. Ma » fortune paffée & ma deftinée préfente: ›› me la rendent trop odieufe, Il me reftoit » un fils (unique & tendre efpoir) & », voilà qu'on me l'arrache, qu'on l'im

mole! C'est moins ma vie qu'ils veu" lent que la fienne. Ils craignent fa! » vengeance; s'il échape à leurs coups"... Elle dit le contraire dans Racine, & beaucoup mieux fans doute par rapport à Aftyanax.

** Hélas, on ne craint point qu'il venge un jour

fon pere ;

On craint qu'il n'effuyât les larmes d'une mere.

Vers que BARNE za 'crû devoir ajoûter

pour rendre le fens complet.

**Andromaq. Att. I. Sc. IV. ·

» Mais enfin, répond-elle, je rougirois » de ne pas le fauver aux dépens de » mes jours. C'en eft fait, j'abandonne » cet autel; voici votre victime. Frap», pez..... O mon fils, c'eft pour toi » que je me facrifie. Si la pitié te laiffe » vivre, fouviens-toi d'une mere; & fi » tu revois un pere, raconte-lui en ar»rofant fon vifage de pleurs, jufqu'où

j'ai porté la tendreffe pour toi. Chez Racine elle enchérit noblement fur cette pensée. Mais elle ne parle pas à fon fils. Ce difcours auroit été hors de fa place. Il eût fallu plus de tendreffe & moins de leçons. C'eft à fa Confidente qu'elle parle ainfi :

Fais connoître à mon fils les Héros de fa

race:

Autant que tu pourras conduis - le für leur

trace.

Dis- lui par quels exploits leurs noms ont éclaté.

Plutôt ce qu'ils ont fait que ce qu'ils ont été,
Parle - lui tous les jours des vertus de fon
pere,

Et quelquefois auffi parle-lui de fa mere.
Mais qu'il ne fonge plus, Cephize, à nous

venger:

J

Nous lui laiffons un maître: il doit le mé

nager.

*Andromaq. A. IV. Sc. I.

Qu'il ait de fes ayeux un fouvenir modefte
I eft du fang d'Hector; mais il en eft le refte,
Er pour ce refte enfin, j'ai moi-mênie en un
jour

Sacrifié mon fang, ma haine, & mon amour.

.

Si elle eût parlé à fon fils, elle fe feroit contentée de dire en le baignant de fes larmes :

O Cendres d'un époux! O Troyens, mon
Pere!

mon Fils, que tes jours coûtent cher à ta

mere.

Vainement le Choeur tâche d'excite la compaffion de Ménélas & d'Hermione en faveur de la mere & du fils. Ménélas non moins lâchement artificieux que barbare ne rougit pas de confeffer fon artifice & de manquer à fa parole. Maître de la vie d'Andromaque qui eft fortie de fon afyle, il ne promet rien à Moloffus, & il l'abandonne au caprice d'Hermione. Andromaque abusée a beau attefter l'Equité, la Bonne-foi, les Dieux; on ne l'écoute plus. Réduite au défespoir elle accable d'invectives & d'imprécations les Lacédémoniens; & le titre le plus doux qu'elle

*La même, Act, III. Sc. VIII.

leur donne eft celui de perfides. Etoientils du tems du Poëte ceux de la Grece qui méritoient le plus ce titre commun à tous les Grecs? Ou plûtôt n'étoientils point alors brouillés avec les Athéniens? Sans cela. Euripide les auroit-il attaqués avec des traits fi piquans, lui qui les louë ailleurs? L'on peut voir ce que nous avons dit à ce fujet, premiere Partie, Vol. I. Difcours troifiéme, Articles VI, VII. & VIII.

Ménélas fait conduire la mere & le fils dans le Palais pour le conduire enfuite à la mort; & cet intervalle est rempli par le Chœur, qui après avoir imputé les malheurs domeftiques à la pluralité des femmes & détefté la barbarie de Ménélas & d'Hermione, plaint le fort d'Andromaque & de Moloffus.

L'une & l'autre reparoiffent fur la Scène, apparemment en habits funebres, comme Mégare & fes enfans dans l' Hercule furieux. Andromaque du moins a les mains liées. Leurs plaintes entrent dans le corps de l'Interméde; & ce font de ces exclamations naturelles qu'une mort prochaine mettoit dans la bouche des Anciens. Celles de la mere font:

* Derniere Piéce de cette feconde Partie, Vol. V.

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