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pour elle, mais affez conforme à la vé rité. Tous les maux qu'elle à caufés aux Troyens & aux Grecs, la perte de tant de héros, les larmes de tant de meres,. la mort même d'Achille, & tant d'au tres calamités, il les impute au feul Ménélas, à un époux affez lâche pour racheter à fi haut prix une Furie * qu'il auroit dû laiffer à Troye avec exécration, en donnant même une récompenfe à fes raviffeurs, pour n'être pas forcé de: la reprendre de leurs mains. Ce font,. de chose. près, les propres ter

à

peu

mes de Pélée.

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Il ne ménage pas plus l'honneur de Ménélas en fait de bravoure. Il le repréfente comme un héros de montre, revenu feul fans bleffure, & qui bien loin d'enfanglanter fes armes, les a-te-nuës foigneulement cachées, & n'a rapporté de Troye que celles qu'il y avoit portées: bien différent, veut-il dire, des héros Grecs qui héritoient des armes. de leurs ennemis vaincus, ou qui les échangeoient mutuellement par eftime,, comme l'avoit fait. ** Ajax avec Hector.

2

* Voyez les mêmes expreffions dans Iphigénie en: Aulide, Ac.. II. Sc. II. vol. II.

** Voyez Ajax de SOPHOCLE, vol. III

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Il ajoute que c'eft contre fon inclination que Pyrrhus a recherché l'alliance de Ménélas. Il lui remet devant les yeux le facrifice d'Iphigénie, qu'il a extorqué d'Agamemnon fans rougir de contrain dre un frere à immoler fa propre fille,. tant vous appréhendiez, dit-il, de ne pas recouvrer une femme intraitable Il lui fait un crime de ne l'avoir pas tuée en la revoyant, & de s'être laiffé baffement regagner par d'artificieuses careffes. Enfin il le couvre de confufion au sujet de l'action indigne dans laquelle il vient de le furprendre. Il veut qu'il reprenne Hermione; qu'il en délivre la Theffalie; & il le menace d'un vengeur dans la perfonne de Moloflus fils d'Andro

maque.

Après la réfléxion du Chœur, qui trouve trop d'emportement dans le courroux de Pélée, Ménélas prend la parole à fon tour, & rend invectives pour invectives. A l'entendre, Pélée eft bien peu fage de faire à fon allié unoquerelle ferieufe pour une étrangere qu'il auroit dû chaffer au-delà du Pha-fe, comme iffue des ennemis des Grecs,. & en partie caufe de la mort d'Achille. Quelle honte pour le pere de ce héros d'avoir reçû dans fes Etats la veuves

d'Hector; & fouffert qu'elle lui donnât des petits fils, opprobre que Ménélas en ami vouloit laver dans le fang d'Andromaque & de Moloffus, Quoi donc f Hermione demeure privée d'enfans Pélée mettra-t'il le Sceptre aux mains » de l'esclave Troyenne? Ne prendroitil pas lui-même les intérêts d'une fille auffi indignement traitée que l'eft Hermione, s'il étoit fon pere? I fe juftifie enfuite fort légerement fur l'article de la valeur. C'est le point qu'un François > auroit d'abord vuidé fans tant de rai-fonnement. Autre étoit la méthode des > Anciens. A l'égard d'Héléne, Ménélas » rejette tous fes malheurs fur les Dieux, & par-là il raye: d'un feul trait tout ce que peut dire la médifance à fon défa-vantage. Il prétend même que le fiége: de Troye a procuré un grand bien aux Grecs, en les rendant autant de Héros. Il fe fçait bon gré de n'avoir pas attenté fur les jours d'Héléne, & il voudroit que Pélée eût épargné de même ceux de ** Phocus fon frere, Ceft reproche pour reproche.

*PAUS AN. in Corinthi. Télamon & Pélée? ayant invité Phocus leur frere aux 5. jeux ordinaires des Grecs, Pélée frappa exprès Phocus d'une pierre qui lui tenoit lieu de difque,

Ces vérités piquantes de part & d'au-tre font adoucies par le Choeur qui fait fon office, comme dit Horace, pour concilier les efprits. Cela n'empêche pas Pélée de repliquer. Il infifte encore fur l'expédition de Troye, dont Ménélas tiroit vanité; » grande injuftice, dit » Pélée, d'attribuer au chef la gloire » que les foldats ont achetée au prix » de leur fang». Ce vers d'Euripide cité. par Clytus avec autant d'imprudence que de malignité pour rabaiffer Alexandre, couta: la vie à ce favori.

Au milieu de ce difcours Pélée s'avance vers Andromaquê, la releve, ordonne à fon petit: fils de la délier, & il la délie lui-même en lançant des traits d'indignation contre Ménélas pour avoir fi cruellement traité une Princeffe dont le crime unique eft d'être mere, tandis qu'Hermione ne l'eft pas. Il parle en maître il veut que le pere & la fille retournent à Sparte; il leur prépare un ennemi redoutable dans Moloffus, & il fe déclare lui-même plus leur ennemi ne fut Pâris.

que:

Ce que PAUSANIAS ajoute fait voir que ce crime étoit douteux, ou du moins qu'il paffa pour tel. Ainfi c'étoit malignité à Ménélas de le reprocher..

Ménélas prend le parti d'une modération affectée: une guerre le rappelle, dit-il, dans fes Etats, & ne lui laiffe pas le loifir de terminer un pareil démêlé. Mais il déclare qu'il reviendra furieux, fi l'on ne fait pas justice à Hermione. Quant aux paroles de Pélée, il dédaigne d'y répondre, & il fe retire. Andromaque rend graces à fon libéra teur. Mais femblable à une timide colombe à peine échapée des ferres du vautour, elle craint encore que Ménélas ne l'enleve à Sparte avec fon fils. Pélée la raffure par des paroles peu honorables à Ménélas; car il compte moins fur fes propres forces que fur le peu de valeur de fon ennemi; & pour remettre entierement Andromaque de fa frayeur, il la remene dans le Palais. Le Choeur dans l'Interméde envie le bonheur des Grands que leurs alliances mettent toujours en état de fe foutenir mutuellement dans les plus affreux dangers, & il loue la valeur & la fermeté de Pélée.

ACTE IV.

La Confidente d'Hermione toute effrayée vient avertir le Choeur, que fa maîtreffe déchirée par fes remords & lie

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