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vrée au défefpoir dans la crainte de Pyrrhus offenfé veut fe donner la mort, & qu'on a de la peine à la défendre contre elle-même. En effet on entend dans le Pa lais le bruit des domeftiques qui lui arrachent le poignard dont elle veut fe frapper. A l'inftant elle paroît fur le Théâtre. Elle arrache fa coëffure; elle déchire fes vêtemens; elle jette des cris qui marquent toute la violence de fon repentir & de fes allarmes..

Le Chœur & la Confidente font de vains efforts pour calmer fon efprit, & pour diffiper fes inquiétudes. Elle ne cherche que le poignard qu'on lui a ravi. Elle ne fonge qu'à fe précipiter dans les flammes, ou du haut d'un rocher. Quelquefois elle fe repréfente fa triste fituation; elle eft abandonnée d'un pere qui vient de partir, livrée à ce qu'elle croit, à la vengeance d'Andromaque, & contrainte de ramper aux pieds de l'étrangere. C'est ce qu'a heureufement imité Racine *.

Eft-ce-là, dira ** t'il, cette fiere Hermione ?
Elle me dédaignoit: une autre l'abandonne.
L'ingrate qui mettoit fon cœur à fi haut prix-
Apprend donc à fon tour à fouffrir des méprisi
Ah, Dieux!

* Andromaque Act. II. Sc. I.
**Orefte.

Toutefois, il le faut avouer, quoique Racine fe dife redevable à Euripide du caractère d'Hermione, il l'a beaucoup ennobli par l'heureux tour qu'il a fçût

donner à fon Poëme. Encore une fois on ne peut faire aucune comparaifon entre deux Andromaques d'un caractère fi différent..

» Princeffe, reprend la Confidente, je n'approuve pas plus vos craintes » que votre attentat fur la rivale Troyen>> ne. Pensez-vous en effet que Pyrrhus, » ( dût-il être gagné par les larmes de >> l'Etrangere,) voulût porter fon reffen

timent au point que vous l'imaginez? » Non, non', vous n'êtes: pas à fes yeux " une captive tirée des cendres de Troye. » Fille d'un grand Roi, née dans un »Etat opulent, fuivie d'une riche dot;

votre alliance lui eft trop précieuse. »Ne croyez pas non-plus qu'un pere » vous ait abandonnée, ni qu'il fouffre que Pyrrhus vous outrage. Remettez» vous, Madame; & rentrez dans votre » appartement. Evitez la honte de paroî-» tre. en l'état oû vous êtes ››.

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Sur cela le Choeur: voit arriver un Etranger qui demande où eft le Palais de Pyrrhus, & qui fe donne pour Orefte fils d'Agamemnon, Ce Prince en effet

aimoit Hermionne, & fon amour lui faifoit prétexter un voyage vers l'Oracle de Delphes, tandis qu'il venoit à deffein d'enlever fon amante dans l'abfence de Pyrrhus. Hermione avertie eft charmée de retrouver Orefte, & de profiter de fa tendreffe pour fe mettre à couvert de la vengeance de fon époux. Elle fe jette aux pieds du fils d'Agamemnon, & lui raconte avec beaucoup d'artifice fon attentat & les craintes. Car fans entreprendre de juftifier fon crime, elle en rejette tout l'odieux fur les horribles confeils de quelques femmes, qu'elle peint très naïvement comme des Syrènes cruelles; qui par leurs paroles envenimées ont fait gliffer dans fon fein le poifon de la plus amére vengeance*.

Que voulez-vous, ajoute-t'elle: La douceur de fe venger, l'absence de » Pyrrhus, la préfence de Ménélas, mes grandes richeffes, & la qualité de Reine & de rivale d'une étrangere, tout m'applaniffoit le chemin du crime». Sur

•*» Il femble qu'Hermione dit vrai en une >> Tragédie d' EURIPIDE, quand elle parle ɔɔainfi,

Entrant chez moi femmes de mauvais nom
Ont ruiné mon los & bon renom.

PLUT. tr. du Mar, tranh đỉ AMY Q T

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quoi elle fait une réflexion peu honorable au fexe. A l'en croire," tout époux »fenfé doit interdire à fon époufe les "vifites même des femmes. Ce font au»tant de voix qui donnent de funeftes » leçons, les unes par intérêt, les autres par paffion, d'autres pour avoir »des compagnes de leurs déreglemens ». Hermione veut même qu'on employe les verroux & les grilles pour fe garantir de ces Syrènes. Que diroit Moliere de ces grilles & de ces verroux ? Le Chœur tout compofé de femmes en eft véritablement piqué, & il ne pardonne. tet emportement qu'à un excès de douleur.

Orefte ravi de trouver les chofes au point où il les vouloit, confeffe qu'Hermione eft l'unique objet de fon voyage, & il met à profit les conjonctures pour faire fa déclaration. En un mot il met à prix fon fecours. Si Hermione veut être libre & fortir des Etats de Pyrrhus, il faut qu'elle épouse Orefte: auffi» bien lui fut-elle promise par Pélée. » Mais elle devint la récompenfe d'un guerrier qui avoit combattu à Troye; », & le fils d'Agamemnon eut beau prier le fils d'Achille de ne pas troubler cet amour: le Prince Théffalien ne répon

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dit que par des outrages. Il reprocha à Orefte d'être la proye des Furies, » après avoir été le bourreau de fa mere: » affront que cet amant n'a pû dévorer » & que l'amour d'Hermione a gravé » plus profondément dans fon cœur», Tel eft le fonds du difcours d'Orefte beaucoup moins rempli d'art que le rôle que lui donne Racine.

Hermione renvoye fon amant à Pélée fur ce qui concerne l'hymen. C'est fe rendre quant aux autres conditions elle le prend au mot, prête à le fuivre dans la crainte du fort qu'elle prévoit »Ne craignez déformais, répond Orefte, », ni Pélée, ni Pyrrhus «. Pour celuici, le fils d'Agamemnon déclare qu'il va le chercher à Delphes, & laver fon affront dans le fang de cet orgueilleux rival: projet barbare, auquel Hermione confent par fon filence. On voit affez combien l'Hermione Françoise conduit différemment fon intrigue. C'eft elle plus qu'Orefte qui tue Pyrrhus, & qui le tue malgré elle par les mains d'un amant détesté, à qui elle redémande fes jours après l'avoir contraint à cet attentat. Chez Euripide Orefte & Hermione partent fur le champ pour Delphes, ou Pyrrhus étoit allé demander

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