صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

kkkkkkk DDDDS

LES

SUPPLIANTES, TRAGEDIE

D'EURIPIDE.

Q

UOIQUE cette Tragédie paroiffe porter le même titre qu'une de celles d'Efchyle, le fujet en est toutefois très-différent. Les Suppliantes d'Efchyle ne font autre chofe que l'hiftoire des Danaïdes, ainfi qu'on l'a vû *. Mais les Suppliantes d'Euripide nous rappellent l'hiftoire des fept Chefs devant Thebes du moins en font-elles une fuite toute naturelle. Du refte la Piéce d'Euripide a beaucoup de rapport à celle d'Efchyle.

Les Argiens que Polynice avoit amenés au païs Thébain avoient été battus & contraints de lever le fiége après un *Voyez Tom. III.

grand échec. Créon devenu Roi de Thebes par la rage des deux freres qui s'entrégorgerent. fit jetter les cadavres des Argiens avec défense de leur rendre les derniers devoirs, chofe plus précieuse aux Payens que la vie même. Adrafte Roi d'Argos outré de cet affront, mais trop foible pour le venger, prend le parti d'aller à Eleufine ville de l'Attique, fuivi des meres & des époufes qui avoient perdu leurs maris ou leurs fils au fiége de Thébes, pour fupplier Théfée Roi d'Athènes de prendre les armes en leur faveur contre Créom, & de faire inhumer tant d'illuftres morts dans fes Etats, puifqu'on leur refufoit la fépulture au païs Thébain. Voilà ce qu'Euripide nomme les Suppliantes. Cette troupe de femmes qui accompagnent Adrafte fait le perfonnage du Chœur. Les Acteurs font Adrafte, Théfée, Æthra mere de Théfée, Evadné femme de Capanée, l'un des fept Capitaines morts au fiége, Iphis fon pere, deux Héraults, un Officier, un jeune Enfant, enfin la Déeffe Minerve, La Scène eft dans le Temple dédié à Cérès à Eleufine païs de la Grece, où fuivant la Fable, l'on vit pour la premiere fois l'ufage de femer le bled, par les bienfaits de cette Divi

nité. Cette Piéce fut jouée fous l'Archonte Antiphon l'an troifiéme de la 90°. Olympiade, dans le tems que les Argiens & les Lacédémoniens faifoient une ligue après une victoire remportée par les feconds fur les premiers.

ACTE PREMIER.

[ocr errors]

Le fpectacle de l'ouverture devoit être frappant. Car on y repréfente Æthra au pied d'un autel, fon offrande à la main, & environnée de Prêtres, le Temple rempli de femmes qui portent des branches d'olivier avec des bandelettes de laine, & dans le veftibule le Roi Adrafte qui a la tête voilée, & qu'entoure une troupe de petits enfans de ces Dames Argiennes, tous en pofture de Supplians. Ethra adreffe la parole à Cerès & aux Miniftres de fes autels. Elle fait des vœux pour elle, pour Théfée, pour Athènes & pour Trézéne fa patrie, & prie les Dieux d'en écarter les malheurs, Elle avoue que fes vœux naiffent d'un retour fur elle-même à la vûe des illuftres affligées qui viennent de tomber à fes pieds, & d'implorer fon fecours. Voilà l'effet ordinaire de la compaffion; & ce font-là de ces traits

de la nature qui n'échapent gueres aux Poëtes Grecs. Dans le cours de fa priere elle fait connoître les Supplians, la caufe de leur affliction & le motif de leur voyage. Elle peint en un mot tout ce que je viens de dire; & c'eft de cette belle Scène que Stace a pris la matière du douziéme Livre de fa Thébaïde. L'artifice d'Euripide en cette ouverture la rend plus intéreffante que la plupart des autres Prologues du même Auteur.

Æthra revient au but principal de fon facrifice. C'eft pour les biens de la terre qu'elle invoque Cerès en lui préfentant des épics. Dans cette cérémonie elle fe croit obligée par humanité envers des étrangeres d'attendre Théfée, qu'elle a (dit-elle) envoyé chercher pour l'engager à prendre en main leurs intérêts.

Le Chœur de femmes s'avance, & redouble fes prieres avec beaucoup de marques de douleur. Ce font des époux, ce font des fils qu'elles pleurent, & dont on leur refufe impitoyablement les Cendres. » O Reine, vous fçavez par » vous-même, difent-elles, ce que c'est qu'être mere. Prenez part à notre » deuil, rendez-nous par le fecours de » Théfée ce que nous eûmes de plus

cher. Ce n'eft point la Déeffe que nous » venons fupplier. C'est vous feule; & » vous êtes en état de foulager nos dou» leurs. Mere d'un Roi fortuné, vous ❞ pouvez adoucir notre mifere ; & nous ,, ne demandons pour toute grace que ,, les tristes reftes de nos fils pour » les embraffer & les arrofer de nos » pleurs ».

Elles font enfuite un de ces petits Chœurs, qui font fouvent mêlés dans le cours des Scènes Grecques, fous le nom de Strophes & d'Antiftrophes ; & cela en fe frappant la poitrine, & en renouvellant à la maniere des Grecs un deuil, qu'elles difent être fi naturel aux meres, que la mort feule eft capable de le terminer.

Théfée arrive fur ces entrefaites, & fans rien voir encore, il entend des cris. Il tremble pour fa mere. Puis en tournant fes regards vers l'autel, il la voit au milieu de cette troupe de perfonnes éplorées, qui lui paroiffent étrangeres, & dont les cheveux coupés & les habits peu conformes à la pompe d'un facrifice, piquent de plus en plus fon inquiete curiofité. Ethra lui déclare en deux mots quels font tous ces Supplians Cela eft interrompu par des gémissemens

« السابقةمتابعة »