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rendoit à fa patrie, que jamais il ne » put fe réfoudre à recevoir rien de fes » amis même, dans la crainte de cor» rompre tant foit peu fon intégre équi

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té, & de fe voir lié par les préfens. » I haïffoit les méchans, non l'Etat ; »& il diftinguoit la République de ceux qui la rendoient odieufe en la gouver"nant mal. Ce troifréme eft Hippomé» don qui dès l'enfance eut le courage » de fouler aux pieds la molleffe & la » volupté, jusqu'à s'adonner aux foins » de la vie champêtre, vivant durement, " & formant fon corps aux exercices » pénibles du manége, de la chaffe, & » de l'arc, en vûë de fe rendre un guerrier » utile à fa patrie. Parthénopée fils d'A» talante eft le quatrième. Elevé dans » l'Argolide quoiqu'Arcadien, il fçut "plaire aux Citoyens & à l'Etat par »fes graces, fa douceur, & fa réserve » dans les paroles; éloigné de tout efprit » de difpute & de hauteur, chofe ft » peu fupportable dans un Citoyen,

& fur tout dans un étranger, les » armes à la main il défendoit nos in» térêts moins en étranger qu'en Argien. "Adoré du fexe; on ne lui vit jamais » oublier la pudeur de fon âge, ni flé» trir fa vertu. A l'égard de Tydée, je

" vais en faire un grand éloge en deux » mots. Il fçavoit moins manier la parole » que les armes. Habile dans les rufes » de guerre, il étoit inférieur à fon frere » Méléagre dans les autres connoiffances. » Mais il l'égaloit dans l'art militaire ; ,, & fa fcience confiftoit dans fes armes. » Avide de gloire, plein d'ardeur & de » courage, riche d'ailleurs, fes exploits » faifoient fon éloquence. Sur ces traits » ceffez d'être furpris, Seigneur, que » de pareils Héros ayent tous combattu jufqu'à la mort devant Thébes ». Adrafte ajoute, que c'eft-là le fruit de leur éducation; fur quoi il prononce une sentence, & veut qu'on mette l'éducation à la tête de tout. Je ne dis rien des caractéres qu'on vient de lire. Le Lecteur en fent toute le délicateffe. Ils nous donnent au moins une idée de la vertu des Anciens Grecs, & de leur façon de la concevoir.

Adrafte interrompu un moment par le Chœur qui pleure des fils fi braves & fi malheureux reprend la parole pour dire un mot des deux autres Chefs dont il n'a point parlé, & dont les corps n'ont pû être rapportés dans l'Attique. En effet l'un, c'eft Amphiaraiis, fut englouti tout vivant avec fon char dans le fein

de la terre. Adrafte en fait un fujet d'éloge comme fi les Dieux l'euffent enlevé *. C'est ainfi en effet que SophoTom. cle nous peint dipe à Colonne. A III. pag. l'égard de Polynice, le Roi d'Argos pour

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en relever le mérite fe contente de dire

que ce Prince étoit fon allié & fon ami longtems avant qu'une ceffion volontaire du Trône de Thébes, & la fituation de fes affaires l'engageaffent à paffer dans l'Argolide. On ne parle point de fon corps, fans doute parce que le Poëte fuppofe qu'Antigone ** lui avoit rendu les devoirs funebres au prix de fa vie. Du refte, Adrafte prie Théfée d'ordonner la pompe des funérailles, de manière que Capanée foit mis à part comme ayant été frappé d'un feu facré, & que les quatre autres foient placés fur un même bucher.

* AMYOT (dans fon PLUTARQUE, Traité de la maniere de lire les Poëtes,) fait ainf parler ES CHYLE au fujet d'Amphiaraus,

"

Il ne veut point fembler jufte mais l'être •
Aimant vertu en pensée profonde

Dont nous voyons ordinairement naître

., Sages confeils où tout honneur abonde.

** Voyez l'Antigone de Sophocle, Tom. III. Acte II.

Théfée ne veut point fouffrir que les Dames approchent de ces cadavres, fuivant l'ufage; ni qu'on ouvre les cercueils. de peur de les effrayer par la pâleur & la difformité des morts qu'un long intervalle de tems avoit dû rendre affreux. Adrafte finit par un retour de pitié fur ces morts. Miférables mortels, s'écrie» til, quelle fureur vous précipite dans » les combats, & vous force à vous » entr'égorger? Joüiffez d'un doux re»pos. Hélas! La vie eft fi courte; faut-il » qu'on fe faffe encore un cruel plaifir de » l'abréger,,!

que

"

Cette réfléxion améne l'Interméde qui eft un renouvellement de larmes & de cris de la part du Chœur. Les meres expriment leur douleur en chant, tandis que l'on conftruit le bucher de Capanée, Ön en voit le fommet auprès d'un rocher. Sur la cime de ce rocher paroît un nouveau perfonnage, c'eft Evadné femme de Capanée, qui va jetter un nouvel intérêt dans le cinquiéme A&te.

ACTE V.

Evadné déclare publiquement que fon deffein eft de fuivre fon époux & de fe jetter au milieu du bucher allumé; que

fon patti eft pris; que nul obftacle ne peut l'en détourner; que rien n'eft plus doux que de mourir avec ceux qu'on aime; & que c'eft pour exécuter ce projet qu'elle vient de s'enfuir de la maison paternelle. Tout cela eft exprimé d'une ma nière fort tendre.

On voit auffi-tôt paroître le vieux Iphis fon pere, qui étoit auffi celui d'Etéoclus. Il vient d'Argos tout effrayé pour chercher fa fille Evadné qui s'eft échapée fecrettement, dit-il, dans le deffein de mourir fur le corps de fon époux, deffein fi vif & fi opiniâtre qu'il a fallu long-tems la garder à vûë: mais fe voyant moins obfervée, elle a mis les momens à profit pour s'évader, fans qu'il fçache autrement que par conjecture que c'est à Eleufine qu'elle s'eft retirée. Il en demande des nouvelles au Chœur. Mais Evadné prévient la réponse, & fe décele elle-même fans quitter fon rocher.

Son pere furpris de la voir dans cette fituation, & parée comme fi elle alloit célébrer un nouvel hymenée au milieu d'une pompe funebre, lui en demande la raifon. Elle répond d'une maniere énigmatique. A l'entendre, elle s'eft difgofée à un grand triomphe, à une victoire

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