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qui la fignalera parmi toutes les épouses; en un mot, dit-elle nettement, je ne puis furvivre à Capanée, & je vais mêler mes Cendres aux fiennes dans ce bucher. Iphis a beau la diffuader. Il n'eft plus tems de la fauver. Au moment que le corps de Capanée eft confumé par le feu, elle s'y précipite ellemême.

Le Chaur & fon pere pouffent de grands cris. Vaines plaintes. Evadné est dévorée tout-à-coup par les flammes, Le furprenant, c'eft que tout cela se paffe, ou peu s'en faut, fous les yeux du Spectateur. Car il faut, au moins, qu'on voye la chûte d'Evadné, & qu'on n'ait pas lieu de douter qu'elle ne foit tombée dans les flammes derriere la décoration. Ce qui fait voir que les Anciens, qui donnoient beaucoup au fpectacle, étoient fort curieux de machines dans leurs Tragédies. Il eft évident par toute la fuite du texte que Pline contredit Euripide. Car Pline dit*, qu'il n'étoit pas permis de brûler le corps d'un komme frappé du fondre; qu'il falloit fimplement l'inhumer, & que c'étoit une tra

*PIIN. nat. hift. l. 2. c. 54. Hominem ita exanimatum (fulmine) cremari fas non eft. Candi terra Religio tradidit.

dition religieufe. Il eft vrai qu'Euripide paroît entrer dans ce fentiment fur la fin du quatrieme Acte, où il fait dire à Théfée & à Adrafte que Capanée étant frappé du feu de Jupiter doit être inhumé à part comme un cadavre facré; qu'on lui fera un monument proche le bucher des quatre autres Chefs; & que ce sera l'affaire des domeftiques, tandis qu'eux-mêmes vont s'occuper aux funerailles des autres. Cela paroît net & précis, d'autant plus que le Chœur, (vers 980.) dit qu'il voit déja s'élever le lit de parade & le tombeau facré de Capanér. Cependant dès le commencement du cinquiéme A&te, Evadné est perfuadée qu'on va brûler le corps de fon mari. Elle vient (vers 1002.) pour Je jetter dans le bucher enflammé, & pour être enfermée dans le même tombeau que fon époux. Et ce qui détruit, ce femble, les paroles du quatriéme Acte, le Chœur dit à Evadné (vers 1009.) Voyez-vous ce bucher, vrai trésor de Jupiter, à l'entrée duquel vous vous êtes placée? Ceft-là qu'eft votre mari qui a été frappé du tonnerre. De plus Evadné elle-même eft fi convaincue que Capanée eft fur le bucher en queftion, qu'elle répete plufieurs fois; (vers 1015.) que pour fe couvrir d'une gloire immortelle elle va du haut de fon recher s'élancer dans le feu ; qu'elle confon

dra fes Cendres avec celles de fon époux 5 &qu'enfin fon corps étant placé près de celui de Capanée, elle defcendra fatisfaite dans le Royaume de Proferpine. ( Vers 1065.) Je m'élancerai dans ce bucher de Capanée. Et un moment avant que de fe précipiter, (vers 1070.) Me voici prête. C'en eft fait. Cette audace coûte au cœur d'un pere; mais qu'elle est précieuse à une tendre épouse & à ce cher époux que les flammes vont confumer avec moi! Enfin un enfant que le Poëte ne nomme point, mais que la fuite fait connoître pour Sthénélus fils de Capanée porte & donne à Iphis & à fon ayeule les Cendres de ce Guerrier, ou comme il le dit, les reftes de fon pere tirés du bucher. Ces preuves réunies font trop claires & trop fortes, pour ne pas convenir que ce qui a été dit au quatriéme Acte n'exclut point les honneurs du bucher pour Capanée, & ne fignifie autre chofe, finon qu'il devoit avoir un bucher particulier, vis-à-vis de celui des quatre autres guerriers.

C'est vouloir éluder la force de ces preuves, & fe contredire que de penfer avec Barnez, qu'Euripide fuppofe à l'a verité un bucher pour Capanée, mais un fimple bucher d'honneur où fon corps

ne foit pas brûlé ; & cela afin de donner lieu au généreux dévouement d'Evadné. Evadné auroit-elle été dupe, auffi-bien que le Chœur, d'une fimple repréfentation, elle à qui le Chœur affure que Capanée eft fur ce bucher, & qui parle en effet, comme fi elle l'y voyoit? De plus fi c'eût été un point de religion pour les Grecs, de ne pas brûler ceux qui étoient morts par la foudre, Evadné l'auroit connu. Or, bien loin d'en être perfuadée, elle croit tout le contraire, Il eft donc vifible que ce point de religion qui en étoit un du tems de Pline, ne l'étoit pas du tems d'Euripide: ou qu'il étoit alors plus mitigé, en ordonnant feulement qu'on brûleroit à part de pareils morts. Revenons à Iphis.

Cet Argien défefperé voudroit n'avoir jamais été pere. Il a perdu un fils devant Thébes, & il voit périr fa fille. Il ne veut plus déformais retourner dans des fieux où il ne trouvera qu'une affreife folitude, & l'image toujours préfente d'une fille victime de fa tendreffe pour un mari. Iln'a plus & ne veut plus de reffource que la mort. Ici le Choeur fe partage en deux. On fuppofe que le feu a déja confumé les chairs des cadavres ; & l'on apporte les offemens des fils à leurs meres.

Un enfant (on verra que c'eft Sthénélus, & il y en a plufieurs dont il est un,) porte les reftes de Capanée. Les deux Chœurs éclatent en foupirs & en regrets de deuil. Mais toute l'attention fe réunit fur Capanée. L'enfant parle de venger sa mort fur les Thébains. » Ils » ne font plus, dit-il, ô ma mere, ces » fils qui vous furent fi chers ». Il parle ici de tous, & à la Dame qui méne un demi-Chœur, foit que ce foit la femme d'Iphis ou non. Ils ne font plus, con»tinuë-t'il. Réduits en cendres, ils font » difperfés dans les airs, & ils ont volé » au rivage des morts. O mon pere, » vous entendez vos enfans, ne pourrai» je un jour les armes à la main aller » venger votre trépas,,? Iphis feconde ce fouhait par les fiens en faveur de Capanée. L'efpoir de le venger adoucit la douleur de Sthénélus; & Iphis en approchant l'urne de fa poitrine, exhale les derniers regrets fur le fort de fon fils, & de fa fille.

"

Théfée vient interrompre ce deuil : » Adrafte, & vous Argiennes, dit-il, » vous voyez ces enfans qui portent dans leurs mains ces braves guerriers que j'ai rachetés. L'Etat & moi nous vous » en gratifions, Souvenez-vous de ce que

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