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donc autre chofe que le ftratagême nocturne d'Ulyffe & de Diomede qui tuent Rhéfus dans fa tente.

Je dois encore avertir d'une chofe; que le Lecteur n'auroit pas laiffé de fentir même dans cet extrait; c'eft que le tour & le style du Rhéfus paroît fi différent du génie d'Euripide, qu'on a douté depuis fort long-tems fi cette Tragédie étoit de lui, & fi elle n'appartenoit pas plutôt à Sophocle. On n'y reconnoît en effet, ni les Prologues du premier, ni ses mouvemens de tendreffe; & l'on y voit au contraire, la jufteffe & l'art du Dialogue fi bien employé par le fecond. Cependant malgré le jeu qui y regne, ce n'est pas la plus belle Piéce de ce Recueil. D'ailleurs le Rhéfus ayant toujours été fur la liste des Tragédies d'Euripide, l'on ne fçauroit fur de fimples conjectures entreprendre de la lui enlever ; & il est assez indifférent pour notre but qu'elle foit de l'un ou de l'autre Auteur, ou même d'un plus ancien, comme le veut Scaliger fans aucune lueur de vrai-femblance, ou enfin, si l'on veut, de quelque contemporain, ce qu'il me feroit plus aifé de prouver par conjecture. Car Jophon fuccéda au génie de fon pere

Sophocle, & compofa dans fon goût,

ACTE PREMIER.

On voit le camp des Troyens fous les murs de leur ville, apparemment à l'un des côtés du Théâtre; & du côté oppofé dans le lointain, une mer, des vaiffeaux, & le camp des Grecs affiégeans. Le Chœur, c'eft-à-dire, un des Guerriers qui le forment, dit à un autre. Allez éveiller Hector: ce qui marque le tems où commence l'action. C'eft fans doute, fur le minuit. On l'appelle; il répond; il paroît incontinent en Général, toujours actif, toujours alerte, & incapable de prendre du repos. Il s'informe avec impatience du fujet pour lequel on le réveille. Le Sentinelle, fans lui dire encore de quoi il eft question, le preffe de s'armer & de mettre tout le camp fous les armes, comme s'il s'agiffoit d'une furprise. Hector qui voit tout paisible, le croit frappé d'une terreur panique. Enfin, le Soldat dit la raifon de fes frayeurs. C'est que le camp des Grecs, auffi-bien que leurs vaiffeaux, paroiffent éclairés d'une lumiere extraordinaire. Il ajoûte, qu'il croir les ennemis affemblés dans le quar

tier d'Agamemnon; qu'en un mot, toute l'armée Grecque femble être en

mouvement.

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Hector loin d'être effrayé de cette nouvelle, juge qu'après l'avantage qu'il a remporté ce-jour là même fur les Grecs, ils veulent dérober leur fuite aux Troyens à la faveur de la nuit. Il adreffe en foupirant la parole à Jupiter. » O Dieu, s'écrie-t'il, vous m'enlevez la victoire & ma proye«. Il voudroit poursuivre les Grecs & brûler les vaiffeaux. Mais il dit, que les Prêtres lui ont défendu de hazarder des combats nocturnes; que cependant, pour ne pas donner lieu aux ennemis de profiter de ces timides confeils, il eft réfolu de paffer outre, & d'enfanglanter la fuite de l'armée Grecque.

Le Choeur lui représente que rien n'eft moins affuré que cette prétenduë fuite, & que fans doute ces feux trop justement fufpects couvrent quelqu'autre deffein. Cela ne fe trouve que trop vrai dans la fuite. Mais Hector qui ignore ce que c'eft que la crainte ne fe peut perfuader, que des ennemis qu'il a battus le jour même puiffent penfer à autre chofe qu'à fuir. Rien ne dévelope mieux le caractere d'Hector que cette ouver

ture, qui eft d'ailleurs naturelle, intéreffante, & vive. Le Prince Troyen conclut à mettre tous fes Soldats tous les armes, lorfqu'Enée furvient à pas précipités.

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Enée s'informe de la caufe du bruit qu'on commence à entendre dans le camp. » Armez-vous, répond fim»plement Hector. Pourquoi, reprend » le premier? Quelle embuscade nous » ont préparé les Grecs, ils fuyent dit » le Général ". L'autre en demande des preuves; & on ne lui en apporte point d'autres que les feux qui brillent dans leur camp. Sur cela Enée blame la penfée & le deffein d'Hector. « Il n'y ,, a nulle apparence de fuite, & l'on

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rifque tout fi l'on attaque les Grecs. » Si les Troyens ont le deffous, com»ment fe réfugier fous les murs? Com»ment paffer de nuit avec la cavalerie fur les paliffades, & traverser des » ponts? Si l'on a quelque avantage, » Achille quoiqu'irrité fouffrira-t'il qu'on » mette impunément le feu aux vaif,,feaux «? Enée avance donc, que le deffein d'Hector eft dangereux, & qu'il part beaucoup plus de la fougue martiale qui fait fon caractere, que de la de la prudence d'un Général. Ainfi parloit-on bonnement

bonnement au bon vieux tems, dont la fincerité ne fubfifte plus. Enée eft d'avis qu'on envoye reconnoître le camp ennemi, pour fçavoir la caufe de ce mouvement, & ce qu'il y a à craindre ou à efperer, fi c'eft une fuite ou une embûche, afin de prendre enfuite un parti fenfé. Le Choeur fe range au sentiment d'Enée; & comme c'est-là un confeil de guerre fait à la hâte, Hector fe voit contraint d'y acquiefcer. Il ordonne qu'on tranquillife l'efprit des Soldats; & il prend fur lui le foin d'envoyer un Efpion en campagne, réfolu du refte de pourfuivre les Grecs, fi leur fuite eft verifiée. Il demande enfuite à haute voix qui des Officiers veut fervir la patrie, & fe charger de la dangereuse, mais honorable commiffion, de découvrir par fes yeux les def

feins des ennemis.

Dolon s'offre fans délai. C'eft un des principaux Officiers. Il faifit avec joye cette occafion de fe fignaler. Mais il met une condition. » Quelle fera, » dit-il, la récompenfe de mon heureuse audace? Demandez tout, dit » Hector, excepté mon rang». DOLON. Je ne vous envie point cet honneur fuprême.

Tome IV.

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