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& Vénus la Beauté, fans porter néan moins le rafinement de l'allégorie auffi loin que le Taffe & d'autres modernes l'ont voulu * Second inconvénient de ce trait fabuleux, c'eft que Minerve trompe Pâris de deffein prémédité fous l'apparence de Vénus, Déeffe favorite de ce Prince mou & efféminé. Cela eft plus difficile à fauver malgré l'allégorie. Auffi n'entreprend's-je point icr de juftifier la fable ancienne. Il me fuffit de l'expofer & de tâcher par une forte d'enchantement de rappeller les efprits François aux idées Athéniennes en les fubftituant pour un moment aux nôtres, fans trop examiner fi ces idées étoient bonnes ou mauvaises, abfurdes ou raisonnables, convaincus feulement qu'elles étoient reçûes comme une monoye qui avoit cours alors.

RLUTARQUE admet des inftructions ca→ chées dans les fictions d'HOMERE: mais il blâme les allégories recherchées qu'on veut quelquefois y voir. » Qui voudra "confidérer » de près les fables & fictions qui font les plus » blâmées en lui, il y trouvera dedans une très» utile inftruction & fpéculation couverte, come » bien que quelques-uns les tordent à force, les » tirant, comme l'on dit, par les cheveux en » expofitions allégoriques ». PLUT. d'Am voso man. de lire les Poëtes.

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Pâris inquiet d'un bruit qui s'eft répandu dans le camp, qu'on a vû roder des efpions, venoit réveiller Hector & l'avertir d'être fur fes gardes. C'estlà que la fauffe Venus l'amufe, & diffipe fes foupçons par un menfonge formel, tandis qu'Ulyffe & Dioméde à qui elle parle enfuite, quoique de fort foin, s'en retournent par fon confeil après avoir fait leur coup, c'eft-à-dire maffacré Rhéfus, & amené les courfiers, fans leur avoir donné le tems de gouter les pâturages de Troye, & les eaux de Xanthe, comme s'exprime Virgile:

Ardentefque avertit equos in caftra priufquam
Pabula guftassent Troja, Xanthumque bibissent.

ANFID. 1. 1. V. 472.

Le bruit de ce maffacre & de cette furprise nocturne a réveillé une partie du camp. On voit donc des foldats fortir en confufion à droite & à gauche en eriant: Tue, tue. Cette Scène eft la même que celle de ce beau Chœur qui ouvre, ropera de Thésée.

Avançons, avançons, que rien ne nous étonne Frappons, perçons, frappons: qu'on n'épargne perfonne ;

Il faut périr; il faut périr;

Il faut. vaincre ou mourir,

Un demi-Choeur rencontre Ulyffe & lui portant l'épée fur la gorge il lui demande avec de grands cris, qui il eft, d'où il vient, & ce qu'il fait. Ulyffe fe préfente d'affez bonne grace, ( à ce qu'il paroît) pour un guerrier accufé chez les Poëtes d'être plus rufé que brave. L'autre demi Chœur furvient qui prend fon parti. On fe contente de demander à Ulyffe le mot du guet; il le dit, & on le laiffe échaper. Ce danger fi preffant affoiblit un peu l'objection dont nous avons parlé ci-deffus, puifque Mi nerve n'a pas garanti Ulyffe; ou plutôt ce trait juftifie l'allégorie, puifque c'eft en effet la présence d'efprit & le fang froid qui fauvent Ulyffe d'un pas fi dé

licat.

Cependant les fentinelles qui ne fçavent pas encore le malheur qui vient d'arriver dans le quartier de Rhéfus raifonnent entr'eux fur l'audace de ceux des ennemis qui fe font gliffés dans le camp. Ils foupçonnent Ulyffe, mais trop tard. Tandis qu'ils raifonnent fur cela, forts inquiets de ce que dira Hector, fi l'ennemi s'eft fauvé au milieu d'eux par leur négligence, on voit paroître un homme bleffé qui déplore fon fort & celui de Rhéfus.

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C'eft l'Ecuyer de ce Prince. I cher che Hector pour l'accabler de reproches fur le meurtre de Rhéfus qu'il lui impute. Il déplore la mort de fon maître, & la honte qui la fuit. Un trépas glorieux confoleroit fa patrie. L'Ecuyer raconte enfuite ce qu'il a pû fçavoir de ce carnage dont il ignore l'auteur. Perfonne n'étoit fur fes gardes dans le quartier des Thraces. La fatigue du voyage & la fécurité où l'on devoit être faifoient qu'on croyoit pouvoir goûter quelques heures de fommeil en attendant le jour. Cependant l'Ecuyer fe réveille par je ne fçai quelle inquiétude fur fes cour fiers. Il voit errer deux hommes autour des tentes durant la nuit. Il les prend pour des maraudeurs Froyens ou alliés. Il crie, il menace; & ceux-ci s'échapent. Il revient à fa tente & s'endort, Mais un fonge horrible l'effraye. I s'imagine voir deux loups affamés qui fe jettent fur fes courfiers, & qui frappent leurs flancs de la queue. Il fe réveille derechef, & il entend des gémiffemens de mourans; il est même teint du fang de fon maître. Il fe leve

& cherche fes armes. A l'inftant il recoit un coup d'épée & tombe par terre. Il entend alors le bruit de fon char qu'emmenoient les affaffins. Mais il n'a pû fçavoir qui ils étoient, & il impute cette noirceur aux Troyens. Le Chœur tâche en vain de le détromper; & fur Je champ arrive Hector le feu & la colere dans les yeux.

Ce Prince s'emporte contre les Sen tinelles. C'est par leur négligence, ditil, que des Grecs font entrés & fortis. impunément après cet horrible carnage. Sans doute Ulyffe fe rit des Troyens & d'Hector, mais les gardes feront punis; & le Général les menace du fupplice & de la mort. Le Chœur fe juftifie, & tâche de l'appaifer. Mais l'E cuyer prend la parole, & accufe Hector lui-même de ce forfait. » Pourquoi les » punir, s'écrie-t'il? Pourquoi par ce vain artifice vouloir abufer un allié ? "' Vous êtés l'affaffin. C'eft votre main qui a porté de fi funeftes coups. Nos »tentes font remplies de morts & de » mourans: c'est votre ouvrage; tous »vos difcours ne me féduiront point, "Un vil intérêt qui vous a fait envier

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le chan de Rhéfus, vous a porté à » plonger le poignard dans le fein de

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