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vos alliés. Vous les appellez à votre » fecours. Ils y volent. En voilà le prix. » Pâris, oui le raviffeur Pâris fut moins coupable que vous. Du moins il ne viola pas l'hofpitalité par le fang répandu. Ne me dites point qu'un » Grec s'eft coulé dans le camp, & >> que nous en fommes les victimes. Comment auroit-il pû forcer tant d'impénétrables barrieres, ou les franchir à votre infçu? Vos tentes font » devant les nôtres, & qui de vous eft »bleffé? Qui des autres alliés? C'eft » nous malheureux, nous feuls qui périffons, nous feuls qu'on a trahis. Non, je n'accufe aucun des Grecs. » Il faudroit qu'une Divinité leur eût indiqué le quartier des Thraces! Er ceux qui y font entrez ne le connoiffoient que trop. En un mot vous êtes le coupable".

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Hector fans être émû de ces injurieux reproches qu'il pardonne à une vive douleur, fe contente de répoudre fimplement. Depuis le commencement de la guerre nos alliés font parmi nous, & jamais ils ne m'ont reproché de leur avoir donné le moindre fujer de plainte. Aurois-je commencé par vous? Me préferve le Ciel de rougir

mes mains dans le fang d'un ami par » le vain défir d'un char. Croyez-moi » c'eft Ulyffe qui a conduit & commis » cet attentat. Je le reconnois à cette » rufe. Hé qui des Grecs l'auroit imaginée? Quel autre eût pû l'exécuter? Dolon ne revient point. Ah que je >> crains qu'Ulyffe n'ait furpris ce malheu reux guerrier !

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L'Ecuyer perfifte dans fa penfée & dans fes reproches. Mais Hector plus généreux encore à pardonner que l'autre n'eft hardi à l'offenfer dévore cet affront, & fait emporter ce bleffé dans le Palais avec ordre d'en avoir tout le foin poffible, & avec promeffe de le garder à Troye, & de lui tenir lieu de Rhéfus. Durant que le Chœur réfléchit fur ce malheur, il paroît une Déeffe dans les airs qui tient un cadavre fanglant entre fes bras. C'eft la Mufe Terpfichore mere de Rhéfus. Elle l'emporte dans fon char volant, & le pleure en préfence du camp, C'eft Ulyffe, dit-elle, qui l'a immolé. Mais il en portera la jufte punition. Elle lance auffi des imprécations contre Dioméde & contre Achille dont elle prédir la mort. Enfin elle entre dans l'hiftoire de fes propres amours & de la naiffance de Rhéfus. Thamyris en fut la caufe, Il

ofa défier les Mufes en fait de chant. II fut vaincu. Terpfichore vit le fleuve Strymon au Promontoire de Pengée dans la Thrace. Elle en fut aimée, & mit au monde Rhéfus. Mais pour le cacher à Les fœurs, chez qui la virginité étoit en recommandation, elle le laiffa à son pere qui le fit élever fecrettement par fes Nymphes. Terpsichore l'a vú devenir un grand Roi. Elle ne craignoit rien pour lui, tant qu'il refteroit dans fa patrie, Mais elle lui défendoit fur-tout d'aller à Troye, où elle fçavoit qu'il finiroit Les jours. Ce malheureux fils a couru audevant de fa destinée. Il n'a pû résister aux empreffemens d'Hector. Mais hélas, ajoute-t'elle, ce n'eft ni Hector, ni Ulyffe, ou Dioméde que je dois accufer. C'eft Minerve. Elle parle enfuite de la Thrace comme d'un païs cher aux Mufes, témoins Orphée, Mufée, & Thamyris même, tout ingrat qu'il ofa être envers les Mufes. Il en porta la peine: il perdit la vûe & la raifon. Thamyris eft, comme on voit, le premier des Poëtes qui foit devenu fou.

Hector après s'être juftifié auprès de la Déeffe du malheur arrivé à Rhéfus, veut fe charger de la pompe funébre. Mais Terpsichore l'en difpenfe. Elle eft

réfolue

réfoluë de faire de Rhéfus un demi-Dieu, un Prêtre de Bacchus, dont la demeure foit une grotte de la Thrace. Proferpine daignera bien lui faire cette grace en faveur d'Orphée fils de Calliope, autre Poëte qu'une Mufe a donné à la Grèce. Il eft bon de remarquer que Rhéfus fils de Mufe n'étoit pas Poëte, mais qu'en récompenfe il étoit fanfaron. Terpsichore finit par des foupirs fur le malheur des meres qui ont à pleurer fur leurs fils, & elle s'envole dans les airs avec le corps de Rhéfus. Le jour paroît. Hector s'anime de plus en plus, & donne ordre qu'on range l'armée en bataille dans l'efpérance de fondre fur les Grecs, de venger Rhéfus, & de brûler leur flotte. Vain projet, qui ne s'éxécute au plus que derriere le Théâtre. La piéce étoit faite pour flatter les Grecs, & Euripide avoit atteint fon but par l'heureuse iffue du ftratagême d'Ulyffe & de Dioméde.

Tome IV.

Y

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LES

TROYENNES,

TRAGEDIE

D'EURIPIDE

Cdes principaux rôles, ainfi que ETTE piéce où Hécube joue un

dans la premiere Tragédie du même Auteur, en eft pourtant fi différente qu'elle devroit la précéder dans l'ordre de la lecture. En effet l'Hécube n'eft à proprement parler qu'une fuite des Troyennes, Dans la premiere, l'Héroïne est une Princeffe la plus malheureufe qui fut jamais, comme Reine & comme mere; puifque privée de la couronne, & réduite à l'esclavage elle a encore la douleur de voir égorger fon fils Polydore par un perfide allié, & fa fille Polyxène par le fils d'Achille dans un païs étranger, Ici ce n'eft pas feulement la Reine des

*Voyez l'Hécube d'Euripide, dans ce Volume,

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