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vage, à fçavoir, à remplir les plus bas offices des domeftiques. Cette peinture que fait Hécube renouvelle la douleur Troyennes, qui toutes font un Interméde en chant fugubre, & tout rempli des mêmes idées fous des tours différens.

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ACTE III.

Un char paffe. C'eft Andromaque qu'on enléve avec fon fils Aftyanax, & que l'on conduit aux vaiffeaux. Cette rencontre réveille la tendreffe d'Hécube: & d'Andromaque. L'une & l'autre ver fent des pleurs comme une mere & une fille que l'on conduïroit à la mort. Après quelques plaintes entrecoupées, & des. larmes où le Chœur prend part en y mêlant les fiennes, Hécube apprend à Andromaque le fort de Caffandre, & Andromaque apprend à Hécube la mort de Polyxène que les Grecs ont égorgée fur le tombeau d'Achille. Pour confoler une mere frapée coup fur coup de tant: d'affreufes nouvelles, la veuve d'Hector lui fait entendre que la condition des morts eft plus heureuse que leur propre fituation. Elle fe donne pour exemple & fe regarde comme plus infortunée que

Polyxène, puifqu'on la contraint d'époufer le meurtrier de tout ce qu'elle eut de plus cher. Elle fe peint avec des traits qui font véritablement reconnoitre la veuve d'Hector. Appliquée uniquement à plaire à cet illuftre époux, elle fçut faire fon bonheur; & cette vertu même l'a perduë. Pyrrhus en eft épris, l'aime, & l'époufe. » Cher Hector, s'é» crie t'elle, vous mourez, & je me vois » condamnée à devenir l'époufe de votre » ennemi. Que le deftin de Polyxène

eft heureux»! Andromaque ignoroit encore qu'un plus grand malheur la menaçoit.

Hécube inconfolable, mais un peu affermie par la vue d'Aftyanax fon petitfils, entreprend à fon tour de confoler Andromaque. Elle l'exhorte à fouffrir la vie, du moins pour fon fils, refte unique de tant de grands Rois. » Oubliez Hec»tor, dit-elle; votre défespoir ne lui » rendra pas le jour. Cultivez Pyrrhus, » & fongez que c'eft le feul moyen de » fauver un fils qui peut rétablir Troye, » & nous venger ».

Talthybius arrive à l'inftant pour annoncer de nouveaux malheurs. Il n'ofe parler, tant ce qu'il va dire eft effrayant. Il commence ; il s'interrompt lui-même.

Enfin il laiffe échaper le mot fatal. Les Grecs demandent la mort d'Aftyanax. Il faut qu'il foit précipité du haut des murs. C'étoit le dernier coup qu'on réfervoit à Troye? Rien n'eft mieux ménagé, , pour faire croître l'intérêt du Théâtre. Talthybius ajoute à Andromaque, qu'il eft inutile d'employer les prieres; que c'eft un parti pris; que les Grecs font inexorables; qu'il faut obéir fur le champ ; & que s'il lui échape un mot contre l'armée, fon fils demeurera fans fépulture.

Quoi, cher enfant, s'écrie-t'elle, » on t'arrache à une mere! tu meurs: », & le nom d'Hector devenu fi falutai» re pour tant d'autres, te devient fu"nefte! D'où vient es-tu fils d'Hector, " & pourquoi fuis-je fon' époufe? Je » t'ai mis au monde pour régner fur » l'Afie, non pour être la victime des » Grecs. Tu pleures, cher enfant : ah, » tu fembles preffentir tes maux. Que » te fert d'embraffer une foible mere, » & de te réfugier dans mon fein *? » Ce n'eft plus un afyle pour toi. Il » n'eft plus d'Hector. Non, il ne for» tira point du tombeau pour te dé

* Le grec ajoute, comme un oiseau fous les ailes de fa mere.

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rober au trépas. Privé de parens; » d'amis & d'apui, tu vas périr. Les » cruels, ils vent te précipiter impi» toïablement. Doux objet de tant d'in» quiétudes maternelles, c'étoit donc »pour ce trifte fort que mon fein t'a» voit allaité. Embraffe une mere pour » la derniere fois: que je recoive ici »tes derniers foupirs. Inhumains, que » vous a fait cet enfant? Son innocence ,, n'adoucit-elle point votre rage? O » Hélène, Furie de la Grèce & de Troye, ce n'eft point Jupiter qui » fut l'auteur de ton origine: ce font -" les Démons, l'Envie, le Carnage, la » Mort, & tout ce qu'il y a d'horreurs » dans l'univers. Puiffes-tu païer les » maux que tu nous as faits! Hé bien, barbares, prenez cet enfant: le voilà. » Précipitez-le, dévorez-le, raffafiez» vous de fon fang. Vainement tente» rois-je de le fauver. Adieu: cachez » dans le vaiffeau la plus infortunée » des meres. Quel gage de l'hymen qu'on me prépare, que le trépas de mon fils! Elle fe voile le vifage : puis par un retour fur Aftyanax, qu'on lui arrache: Allez, dit elle, Aftyanax,

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allez mourir fur le lieu même où vous » deviez régner ». On l'enleve: Hécube

le pourfuit encore par d'inutiles cris; & le Chœur termine cette Scène en continuant fes premiers chants de deuil fur le renversement de Troye que l'Amour a perdue, & que la protection des Dieux favorables aux Troyens n'a pû fauver.

ACTE IV.

Ménélas fort à fon tour de la tente; & déclare qu'il eft au comble de fes vœux, puifqu'il s'eft vengé de Pâris, & qu'il peut fe venger de l'infidelle Hélène, dont les Grecs lui ont remis la destinée entre les mains. Il eft dé terminé, dit-il, à la conduire dans la Grèce, pour l'immoler à fon reffentiment, & aux mânes de ceux qui ont péri dans la guerre de Troye. Hécube éleve les mains aux Ciel, & bénit Jupiter de fon équité à punir les forfaits, Sa priere eft remarquable, en ce qu'elle invoque ce Dieu en ces termes : » Puif » fant moteur de l'univers, vous, dont » la terre même eft le trône: Etre impénétrable à nos lumieres: qui que » vous foyez, foit une nature néceffaire, foit l'efprit des mortels, je vous adore. » C'est vous dont l'équité, par des

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